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CaDerange
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5 janvier 2013

Pôles de compétitivité:Pas si compétitif que ça....

Les pôles de compétitivité sont une invention de Nicolas Sarkozy, du temps où il était Ministre de l'Economie en 2004, qui a connu un succès médiatique certain. J'avais trouvé à l'époque de leur création l'idée intéressante pour rapprocher deux mondes qui ne se parlaient quasiment pas, celui de la recherche académique et celui de la recherche dans l'industrie qui, lui, développe des produits. J'avais néanmoins exprimé deux critiques à l'époque, l'une sur le saupoudrage des dits pôles de compétitivité (71 au total!) sur tout le territoire national qui visait à satisfaire élus et populations dans un but électoraliste et pas ,à mon sens, à  donner à ce dispositif une maximum d'efficacité. La deuxième concernait l'optique très franco-françaisede cette approche alors qu'elle aurait pu,- voire même du-, se concevoir dès le premier jet sur une base européenne.

SPolesCompet

Passons. Le programme vient de fêter ses cinq ans d'existence et il était logique d'en faire le bilan. La tache fut confiée aux cabinets de conseil Erdyn, BearingPoint et Technopolis sous le contrôle de la DGCCIS Direction Générale de la Compétitivité,de l'Industrie et des Services  et de la Datar, Direction interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale,cette dernière étant le bras armé du saupoudrage en quelque sorte.Il se déroula durant le premier semestre 2012 et portait sur l'évaluation de la période 2008-2011.

Le processus utilisé par les différents pôles a été de mettre en contact les chercheurs de la recherche académique et de l'industrie, grandes sociétés comme PME/PMI, pour définir, sur un sujet donné, les axes de recherches dans lesquels industrie et organismes de recherches pensaient qu'il y avait un besoin identifié pour de nouveaux procédés, de nouvelles méthodes de production, de nouveaux composants ou de nouveaux produits. Moyennant quoi l'ensemble des intervenants en arrivait à définir précisement un projet de développement qui devait être labellisé par le pôle de compétitivité. Une équipe était constitué, un financement trouvé et une ou des innovations finalement identifiées pour être valorisées soit par des brevets, par des produits ou par des procédés à mettre en oeuvre par les industriels   

Les élements suivis par les dits cabinets de conseil ont porté d'un coté sur leurs dépenses qu'ils ont effectuées pour remplir leur mission de développement de produits,méthodes ou procédés et de l'autre coté par le nombre de projets entrepris, le nombre de brevets déposés, d'innovations idenrtifés ou de nouveau produits mis sur le marché.Les résultats sont visibles sur le graphique ci contre.A partir de 71 pôles de compétitivité, il a été crée 3748 projets de développement labellisés qui ont générés 2500 innovations dont 40pct de produits nouveaux, 30 pct de procédés innovants et 15 pct de services inédits. A partir de ces innovations ont eut lieu 977 demandes de brevets qui se sont traduits par la création de 93 start up. Le tout pour un coût de 5,7 milliards d'euros investis dont 2,7 milliards de fonds publics, fournis par Oséo, l'ANR, Agence Nationale de la Recherche et le FUI,Fonds Unique Interministériel et 3 milliards de fonds privés, sous la forme de l'autofinancement des entreprises.

Voila pour les chiffres brut. Les commentaires des Agences sont par contre moins élogieux. Elles constatent un écart significatif entre le projets, les innovations et les brevets pris ou les start up crées. Au fur et à mesure que l'on avance dans le processus, on constate de moins en moins de justifications documentées  de l'innovation, de preuves des innovations produites et de suivi des travaux de développement. Au point que les agences ont qualifié le processus des pôles de compétitivité "d'usine à projets qu'elles souhaiteraient voir transformer en usine à croissance".

J'ai participé personnellement à cette aventure en "facilitant" quelques uns de ses projets. A ce titre, j'ai assisté à la découverte réciproque et amusante des scientifiques et des industriels qui après des débuts plutôt difficiles a fini par créer une vrai confiance et coopération entre les deux secteurs.

J'ai assisté également à la découverte que les temps ne sont pas les même entre les chercheurs et les industriels.Un industriel veut voir son problème résolu dans les 6 mois à un an. Pour un chercheur, 6 mois à un an est le temps simplement nécessaire à instruire le processus de financement auprès de l'ANR ou des FUI. C'est dire que les choses ne vont pas avancer au ryrthme souhaité par l'industrie. Enfin les chercheurs n'ont aucune conscience des données financières ni de la rentabilité d'un investissement comme un programme de recherche.

Les décideurs, ceux qui décident de la fourniture des budgets de recherche, à l'ANR ou au FUI sont des scientifiques sans aucune connaissance des marchés, des contingences économiques, ni des problèmes d'emploi. Ils décideront préferentiellement d'accorder des crédits à des projets scientifiques, qu'à la création d'un "produit" industriel, fusse ce produit porteur d'emploi, de succès commercial ou de chiffres d'affaire importants.Enfin si le budget que vous avez demandé ne vous a pas été accordé, parfois pour des bisbilles entre professeurs, vous êtes priés de revenir en...deuxième année. Encore faut il disposer d'un expert féru dans les arcanes des présentations de dossiers aux ANR/FUI pour qu'il ait une chance de passer

A suivre...  

      

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