EDF: et maintenant la note !
J'avais eu l'occasion dans ce blog de vous alerter sur l'absence apparente de directivité de l'actionnaire principal d'EDF, l'Etat c'est à dire vous mêmes,dans l'expansion internationale de notre électricien national
Je comprends qu'une société privée commerciale, dans quelque domaine que ce soit, ait pour but et ambition d'étendre ses activités le plus possible et en particulier dans le vaste monde.Je trouve logique qu'à l'heure de l'ouverture du marché européen, EDF se positionne pour se développer dans les autres pays européens face à ses concurrents. Pour autant, cette transformation complète de l'objet de la société doit elle se faire à l'initiative de son PDG et sans controle et ne serait ce pas plutôt à l'actionnaire de définir très précisement ce qu'il attend de ce président et les objectifs et limites qu'il donne à son action?
EDF s'était déjà, il y a quelques années, engagé dans une couteuse expansion en Amérique latine qui s'était terminé par une déconfiture totale et l'obligation pour EDF de se séparer des filiales constituées là bas dans de mauvaises conditions. Par la suite c'est son aventure italienne qui s'est révélée catastrophique, même si, à grand frais et grace aux interventions politiques, EDF a réussi à maintenir sa présence et sa participation aux décisions de sa filiale italienne.
Depuis ,ça a continué dans la même veine sans que jamais l'Etat ne semble vouloir préciser le rôle exact et les limites à l'action qu'il souhaitait donner à sa société. C'est ainsi que EDF a pris des participations couteuses aux Etats Unis avec le rachat des centrales nucléaires de l'américain Constellation puis en Grande Bretagne avec la prise de controle(couteuse) de British Energy qui implique des investissements également très couteux pour remplacer ou fermer les vieilles centrales nucléaires de British Energy et en batir de nouvelles.
Et maintenant, Monsieur Gadonneix entend présenter la note aux français qui dans ce schéma, semblent devoir être les bailleurs de fonds, via le prix du kilowatt heure, de la reconstruction du dispositif, totalement obsolète, de production d'électricité britannique ou de l'expansion des facilités de production d'un producteur américain privé !!!
Nos amis britanniques doivent rirent de nous de voir les ménages français devoir financer ainsi le démantèlement des centrales nucléaires britanniques et la construction de nouvelles centrales pour alimenter les foyers britanniques.
Bien sur on touche dans cette affaire à l'absurdité du système de prix administrés "à la française" qui n'est pas vraiment compatible avec la concurrence et l'absence de la détermination du vrai prix des produits, en l'occurence l'électricité, par le marché.¨Pour Monsieur Gadonneix, les choses sont simples, les prix, puisqu'ils sont fixés par l'Etat, doivent suivre automatiquement l'inflation, plus en l'occurence les investissements maintenant, pour alimenter les foyers italiens, américains ou britanniques.Comme si la notion d'amélioration de la productivité, de compétitivité des installations de production et de maitrise des dépenses n'étaient pas au coeur de la gestion d'une société.Nous voiçi revenu à l'époque de "l'echelle mobile" , à l'époque des salaires, mais appliqué cette fois au prix de services et produits fournis par l'Etat!
EDF ne pouvait ignorer que son propre parc de centrales nucléaires était vieillissant ni que l'excédent de ses propres capacités de production sur la demande s'érodait régulièrement. Pensait elle pouvoir "se refaire une santé" sur le marché britannique dans quinze ou vingt ans en y vendant à des prix plus elevés qu'en France son électricité? Et ses investissements en Grande Bretagne, Italie, Allemagne ou Etats Unis n'ont ils pas leur rentabilité propre qu'il faille que ce soit le consommateur français qui les financent?
Et où est passé la fameuse rente nucléaire qui est censée avoir mis EDF dans une position compétitive très favorable par rapport à ses concurrents européens moins présent dans le nucléaire? Quid également du cadeau qui vient de lui être fait d'accepter de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires existantes de 10 ans de plus en passant de Trente à Quarante ans. Est ce que cette modification considérable du modèle économique de l'exploitation des centrales nucléaires d'EDF ne correspond pas justement déjà au montant des investissements d'EDF en Grande Bretagne et aux Etats Unis et faut il encore en ajouter une couche en tendant la sébille, avec contribution obligatoire, aux français?
Tout ceci parait indécent et traduit l'absence de définition par l'Etat Actionnaire du rôle exact qu'il entendait faire jouer à EDF et des limites de ce rôle. A moins que ce ne soit du copinage interénarques ou entre polytechniciens au coeur du pouvoir et de notre haute administration.
Le résultat qui se profile à l'horizon après ce ballon d'essai de Monsieur Gadonneix est une augmentation, allez, parions, 9pct?, du prix du kilowattheure en France. Monsieur Gadonneix pourra ainsi partir en retraite avec les honneurs...
NB Un détail additionnel l'augmentation du chiffre d'affaire d'EDF lié à cette augmentation du prix du Kilowattheure se traduira aussi par une augmentation correspondante du budget du Comité d'Entreprise qui statutairement lui est lié. Nul doute que les syndicats et le personnel d'EDF soutiendront cette initiative!
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