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CaDerange
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28 mai 2009

Caterpillar Grenoble: les syndicats à Canossa?

Si vous ne connaissez pas cette expression, sachez qu'elle se réfère à un différent sévère entre le Pape Gregoire VII et l'Empereur d'Allemagne Henri IV en...1077 sur la nomination des évèques. L'Empereur qui souhaitait pouvoir les désigner lui même, une prérogative papale,  s'était permis de proclamer la déchéance du Pape qui avait riposté immédiatement en l'excommuniant. Or à l'époque l'excommunication avait une toute autre portée que de nos jours et les vassaux d'Henri IV , déliés ainsi de leur serment de vassalité, réfusèrent de le suivre.Il dut se résoudre à aller voir le Pape pour lui demander son pardon.

La rencontre se passa au Chateau de Canossa, en Emilie Romagne,appartenant à Mathilde de Romagne, et l'empereur dut se prosterner aux pieds du Pape et implorer son pardon ce qu'il ne fit qu'au bout de trois Jours, pendant lesquels l'Empereur dut rester pieds nus et en costume de pénitent en attendant la réponse du Pape.

L'épisode se perdit dans l'histoire jusqu'à ce que Bismarck le réhabilite en 1872 en prononçant un "Nous n'irons pas à Canossa" devant le Reichstag pour exprimer son refus de céder aux injonctions du Pape Pie IX qui venait de refuser la reconnaissance d'un ambassadeur allemand par le Vatican.

Si je vous en parle aujourd'hui c'est parce que l'expression me semble s'adapter parfaitement à la situation des syndicats face à la direction de Caterpillar Grenoble.Premier temps, Caterpillar filiale de la société américaine de matériel de Travaux Publics du même nom, souffre de la chute dramatique des ventes de ses matériels liée à la crise immobilière et financière. Elle décide de supprimer 733 emplois sur un total de 2551 employés. Désespoir de ces derniers et demarrage d'un bras de fer syndicats/ patronat avec intervention de l'Etat dans les négociations. Accord pour réduire de 733 à 600 le nombre de licenciements sous réserve de la signature d'un accord sur un nouvel aménagement du temps de travail. FO/CFDT/CFTC qui sont majoritaires sont pour, la CGT est contre et le lendemain l'Assemblée Générale est empéchée de se tenir par 2 à 300 contestataires de l'accord.

Retour de ce fait à la case départ. Le projet initial à 733 licenciements est réactivé. La conséquence du jusqu'auboutisme d'une partie du personnel et de l'incapacité des syndicats à expliquer et à convaincre qu'il fallait voter ce compromis final.

Comme en 1077, il faudra que les syndicats aillent à Canossa, c'est à dire demandent à la direction de reprendre la négociation mais sans la CGT, cette fois, pour qui il s'agit d'un "marché de dupes". Les personnnels dont les 133 postes ont été conservés apprécieront....

Quant à l'image de la France pour toute création nouvelle d'activité, elle sera durablement ternie...

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Commentaires
Z
Si ma mémoire est bonne, l'Empereur d'Allemagne a même monté les marches du palais à genoux dans la neige.
G
Belle leçon d'Histoire de notre "vieille" Europe ! Si les situations sont différentes, le processus, lui, n'a pas changé : qui s'est, par un entêtement de mauvais aloi, mis dans une situation intenable devra, pour sortir de ce mauvais pas, accepter l'humiliation de se renier ... C'est ce qui "pend au nez" des jusqu'auboutistes de Caterpillar ...<br /> L'expression "aller à Canossa" est une bien jolie formule pour exprimer une si pénible et désagréable situation ... Merci Monsieur Bismarck !
CaDerange
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