Gazprom Gaspille le Gaz ...en Russie

C'est l'Agence Internationale de l'Energie, AIE, qui vient de révéler les gaspillages massifs de gaz qui se produisent en Russie. Elle les estime à 30 milliards de M3 tous les ans ce qui correspond à 20pct des exportations totales de Gazprom vers l'Europe. Impressionnant alors qu'on sait que Gazprom a eu beaucoup de difficulté à remplir ses engagements commerciaux l'hiver dernier et que l'Europe toute entière est inquiète de son approvisionnement énergétique. Au moment même où Gazprom  veut être reconnu pour ce qu'il est, le premier producteur mondial de gaz, et s'ouvrir les portes de la distribution du gaz en Europe en particulier, avouez que ça fait désordre.

L'essentiel de ces gaspillages, d'après l'AIE, seraient faciles à maitriser. Ce sont tout d'abord les réseaux de gazoducs qui sont d'une vétusté et d'une inefficacité abyssale pour cause de manque d'investissement et de modernisation depuis des annéees. Des fuites de gaz à tous les niveaux du reseau de distribution existent et ne sont pas colmatées. 3 milliards de M3, d'après l'AIE, s'envolent ainsi tous les ans dans l'atmosphère. Par ailleurs le gaz est comprimé et poussé dans le tuyau à intervalle régulier tout au long des gazoducs par des compresseurs qui s'autoalimentent en gaz.Or ces compresseurs sont vétustes et inefficaces au point que leur consommation est estimée par l'AIE être supérieure de 5 à 10 milliards de M3 de gaz qu'il ne serait nécessaire avec des installations modernes.

Tout se passe comme si Gazprom, tout à ses objectifs de développement accéléré dans la distribution en Europe, en oubliait les fondamentaux de son metier. C'est d'ailleurs une critique que Claude Mandil, Directeur exécuitf de l'AIE, avait deja fait à Gazprom de négliger l'investissement dans la production et dans son reseau. Il est vrai que quand les résultats financiers, catapultés à des plus hauts historiques par l'augmentation des prix de l'énergie, sont là,les dirigeants ont plutôt tendance à favoriser l'expansion mégalomaniaque tous azimuths que l'investissement dans les activités fondamentales.  C'est peut être aussi le peu d'intérêt pour l'écologie combiné à une certaine culture de la "Non Qualité" et de la "Non Sécurité" qui perdure dans toute l'ex Union Soviétique qui génère ce type de comportement(cf la catastrophe de Tchernobyl).

L'autre cause de gaspillage, dans laquelle Gazprom n'a qu'une responsabilité partagée, est la pratique du Gas Flaring, c'est à dire l'envoie à la torche du gaz que l'on ne peut pas utiliser sur place.Tout ceux qui se sont un jour approchés d'une raffinerie se sont étonnés de l'existence de ces torches qui brulent en permanence. Il faut savoir que la torche est un élément de sécurité incontournable dans une raffinerie où il faut pouvoir évacuer et bruler les gaz en provenance d'un d'incident dans les unités de raffinage. Par contre la direction de la raffinerie porte une attention particulier à minimiser ces envoies à la torche qui coutent cher. La pratique du gas Flaring  est plus particulièrement présente dans les gisements sibériens du fait de l'absence d'accès des compagnies pétrolières productrices aux infrastructures de transport de gaz de Gazprom. Elle est également largement répandue dans tous les pays producteurs et explique au delà du seul Gazprom,le montants fabuleux des gaspllages de gaz à l'échelle du monde avec 80 milliards de M3 qui partent en fumée tous les ans.

Enfin le faible prix du gaz en Russie, 40 dollars les 1000M3  sur le marché domestique contre 260 à la vente aux pays européens, n'incite pas aux économies.

Un élément positif néanmoins. Lors du G8 recent dont un des sujets prioritaires devait être l'énergie mais dont l'agenda a été très perturbé par la situation au Liban, le sujet a néanmoins été abordé. On peut donc espérer que la Russie et son bras armé gazier, Gazprom, s'y intéresse très bientot. Le rapport de l'AIE ne peut rester sans suite dans cette période de pénurie rampante d'énergie...

NB. Puisque nous en sommes à parler de Gazprom, sachez qu'après avoir traité avec l'Allemand BASF pour 35pct pour la mise en valeur du champ gazier sibérien de Ioujno-Rousskoie, elle vient d'échanger 25pct de ce champ avec l'autre allemnad E.ON contre une partie des intérêts d'E.ON dans la distribution de gaz en Hongrie.