Euronext (suite)

J'avais eu l'occasion dans un message du 24 mai d'exprimer mon opinion que la création d'Euronext avait été une réussite tout à fait remarquable qui avait en quelque sorte sauvé la place financière de Paris de la disparition. Ce que j'estimais remarquable est le concept d'une structure ouverte à tous, fédérale,qui ne s'occupe que des transactions de marché et pas de la compensation bancaire après transactions comme le souhaitaient la majorité des clients, et les systèmes informatiques performant qui vont avec cette structure complexe.

C'est ces systèmes et cette structure fédérale qui avaient attirés dans un premier temps, les bourses d'Amsterdam, de Bruxelles et de Lisbonne qui faisaient face au même risque de disparition à terme que la bourse de Paris.C'est l'attractivité de ce concept et de ces systèmes que les transactions avec le New York Stock Exchange pour créer la première bourse transatlantique, avait révélé.

Cet article repris par Agoravox m'avait valu quelques commentaires négatifs sur le fait que c'était le NYSE qui rachetait Euronext et pas l'inverse plus quelques commentaires "traditionnels" pour vouer Euronext et les bourses en général aux gémonies comme des représentants du capitalisme.

Par la suite notre Président nous a fait part publiquement de sa préférence pour une grande bourse européenne, franco allemande en l'occurence, puisqu'il la voyait comme la prise de controle d'Euronext par la Deutsche Borse. Il oubliait sans doute que le vrai système européen est justement le système fédéral qu'incarne Euronext plutot que l'organisation "historique" et très nationale que représente la Deutsche Borse. Sans doute avait il aussi oublié de demander leur avis à ses collegues Belges, Hollandais et Portugais qui sont tout aussi partie prenante que la France dans Euronext.

L'affaire se poursuit et devrait, je pense, arriver bientot à sa conclusion dans une version finale qui, dans tous les cas, refletera la qualité du concept fédéral et informatique d'Euronext. Je reprend donc la plume pour rajouter quelques commentaires à mes commentaires initiaux comme suit:

aa/Il faut tout d'abord ramener le mariage d'Euronext à sa juste dimension. Car une bourse est  une petite entreprise qui fournit un endroit à une époque, la fameuse Corbeille, et un système informatique de nos jours, pour enregister les offres et les demandes, définir les prix d'équilibre de cette offre et cette demande et entériner les transactions.C'est plus compliqué que le marché de gros de Rungis  ou la criée du poisson mais le principe est le même. C'est donc un simple outil au service, c'est vrai, du système capitaliste mais ce n'est pas le capitalisme.

bb/Si le Nyse s'est interessé à  Euronext, c'est que le Nyse s'était justement endormi sur ses lauriers depuis quelques années, que son système était si obsolète qu'il avait acheté en urgence une plateforme d'échange, et qu'il avait laissé passer le secteur des produits dérivés. Le mariage des deux entités offrirait également à Euronext de grosses possibilités de développement en attirant les sociétés internationales soucieuses d'être cotées aux Etats Unis mais effrayées par les contraintes de la loi Sarbanes-Oxley à laquelle une localisation sur Euronext permettrait d'échapper.

cc/Depuis les annonces préliminaires, le concept fédéral et la supériorité technique des systemes Euronext ont été demontré par le fait que la Bourse de Bilan et le régulateur italien se sont prononcés en faveur de son modèle fédéral et par le fait que la Deutsche Borse dans sa dernière offre modifiée à prévu d'adopter les systèmes Euronext.

dd/ Il est facile de souhaiter un système européen, mais s'il devait y avoir une consolidation européenne, ce serait vraisemblablement la Bourse de Londres, la plus importante, qui en serait l'heureuse élue, d'autant plus qu'elle a dorénavant des liens avec les Etats Unis via son nouvel actionnaire le Nasdaq, grand concurrent du Nyse. Par ailleurs qu'on fait nos Présidents depuis 20 ans pour que cela se produise?

ee/Bien sur qu'il faut délimiter dans de tels mariages complexes à cheval sur plusieurs pays et législations, les limites des prérogatives des uns et des autres et les lois et règlementations qui s'appliquent aux différents participants du système consolidé.Monsieur Breton y travaille et est là dans son role normal de ministre de tutelle. Il reconnait d'ailleurs lui même qu'en fin de compte, ce sont les actionnaires qui seront les décideurs.Si les pouvoirs publics avaient jugés important que la Bourse de Paris reste sous controle de l'Etat, il avait quand même les moyens d'en rester l'actionnaire majoritaire plutôt que de placer ses sous à la Caisse d'Epargne!.

En conclusion , quelque soit le résultat final des courses, le concept et les systèmes informatique de gestion qui servent ce concept, sont pour moi une réalisation exceptionnelle à mettre au crédit du management et des techniciens d'Euronext.