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CaDerange
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10 juillet 2006

Des programmes ou des personalités politiques?

Une émission récente de télévision faisait le point sur l'évolution des campagnes présidentielles au cours des decennies depuis les débuts de la 5eme république. Elle montrait  que l'on était passé de "petites campagnes" sur la base d'un programme politique d'ordre général comportant surtout une grande idée à des campagnes de plus en plus sophistiquées- et couteuses- faisant appel à des spécialistes en communication et basées sur des programmes politiques de plus en plus detaillées(cf les 101 propositions du candidat Mitterrand).

Une étude récente d'un institut spécialisé dans l'étude d'impact des marques a essayé de savoir si, de nos jours,on nous vendait, et nous achetions, toujours des programmes politiques et des idées ou bien plutôt des hommes politiques comme on nous vend une lessive. Il s'agit de l'institut américain Millward Brown qui a interrogé dans le courant du mois de mai 779 personnes représentatives de la société française pour essayer de définir la "perception que les français se faisaient" de 23 personalités politiques. Les questions posées étaient du type de celle utilisées habituellement pour identifier les raisons achat de tel ou tel produit commercial qui sont considérés fiable à 90pct pour expliquer cet achat. Il ne s'agit donc pas d'un sondage classique mais d'une analyse approfondie des raisons psycho-sociologiques de nos choix.

Il en ressort que nous "achetons" beaucoup plus, de nos jours, lors d'une élection présidentielle une personalité politique que son programme! Et que donc la communication qui s'adresse à nous tous est de plus en plus de type commercial avec ses règles et sa technique. Mr Seguela et son industrie a donc gagné!

Quelques leçons qui en découlent:

aa/ Inutile de se casser la tête sur un programme détaillé, personne parmi les electeurs n'aura jamais l'occasion de l'analyser en profondeur pour prendre sa décision de vote.Le vote sur la constitution européenne est un exemple parfait de l'inutilité (pour une vote s'entend) de programmes compliqués. Par contre il faut trouver le mot d'ordre, le slogan, l'idée phare qui puisse frapper l'électeur potentiel et caractériser un quelque mot le candidat et son programme supposé.

bb/Ce qui compte c'est une certaine image du candidat, un archétype qui puisse plaire à une majorité de personnes, une certaine présence physique  un certain don de la communication et une manière de s'exprimer qui puisse plaire à la majorité.La compétence n'a plus sa place dans ce système, tout au moins si elle n'est pas acompagnée de la personalité qui plaise. C'est pour cela , je suppose, qu'Edouard Balladur n'a pas réussi ou que Laurent Fabius ,à mon sens, n'a que peu de chance en 2007.

Il apparait d'ailleurs nettement tout au long d'une campagne que les candidats travaillent cette image et la font évoluer s'ils constatent que certains aspects en sont mal perçus. Il faut devenir que votre image devienne de plus en plus consensuelle au fur et à mesure que l'on se rapproche de la date de l'élection.

Dans cette étude, les personalités qui ressortaient en tête étaient Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et Jean Marie Le Pen, peut être justement parce qu'ils ont trouvé la manière de condenser leur programme et leur image en un message simple et clair. Ceux comme Lionel Jospin ou François Bayrou au contraire semblent avoir du mal à afficher la spécificité de leur programmes et de leur offre.

Rassurons néanmoins ceux que ce constat que nous avons de plus en plus tendance à choisir un homme et non pas des idées pourraient chagriner. Contrairement au produits commerciaux pour lequel ce genre d'analyse permet d'identifier les raisons d'achat avec une fiabilité de 90pct, dans le cas des hommes politiques, elle n'est estimé fiable qu'à 60pct.Ah Bon !Par ailleurs l'achat d'un produit commercial est très différent de celui du processus electoral. Il ressemble plus à une élection à un seul tour qu'à notre processus complexe à deux tours. Enfin, un produit sur un rayon de supermarché n'a rien à dire (autre que son emballage) pour defendre ses qualités alors que dans le processus électoral, le temps, les explications lors des nombreux meetings et les débats télévisés font évoluer les intentions de votes et permettent de remettre au centre des raisons de choix de l'électeur, le programme du candidat.

Il ya donc encore place pour les idées dans nos choix politiques, même si la technique commerciale de promotion du candidat a tendance à prendre de plus en plus d'importance... 

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CaDerange
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