Saupoudrage et Recherche Fondamentale.

Je vous ai fait part dans un message récent de mon soucis que le saupoudrage ne nuise à l'éfficacité des fameux pôles de compétitivité mis en place par l'Etat dans le cadre ce son effort de développement de la Recherche appliquée. Je n'étais d'ailleurs pas le seul à exprimer cette inquiétude tant il est vrai que la Recherche de nos jours suppose des moyens matériels et des équipements lourds que l'on ne peut justifier que dans des équipes pluridisciplinaires de grande taille.

La Cour des Comptes, dans un rapport rendu récent,a exprimé, dans une foule de critiques très préoccupantes,le même  soucis sur la dispersion des efforts de Recherches Fondamentale cette fois et le manque de taille critique de nos laboratoires par rapport à ceux des pays etrangers.Elle a même suggéré de réduire à 8 pôles qui recevraient l'essentiel des crédits de recherches la multitude des laboratoires impliqués dans cette Recherche Fondamentale.

Pour avoir fait un peu de recherche dans le public, c'est vrai que les laboratoires étaient souvent de taille moyenne à petite, surpeuplés d'étudiants chercheurs avec peu de moyens materiels -un appareil auquel d'une certaine manière on adaptait son sujet de recherche- et peu d'echanges avec d'autres chercheurs sur d'autres techniques et d'autres matières.Le rapport de la Cour des Comptes semble dire que ce temps n'est pas révolu alors que l'évolution dans les autres pays est allé vers des centres beaucoup plus importants et pluridisciplinaires.

Il est vrai que le modele du Professeur de Faculté, spécialisé dans son petit domaine, avec son laboratoire de recherche autour de lui, est une image forte de la Recherche Française. C'est celui du "Mandarin" dont je rappelle qu'il a été à l'origne des évènements de mai 68. C'est celui de la multitude de Roitelets que je pensais que 1968 avait réussi a éradiqué. Apparemment, si on en croit le rapport de la Cour des Comptes, ils sont encore là dans une version un peu modifée, je l'espère, quand même. 

Que faire donc? Suivre les recommendations de la Cour des Comptes( dont je ne pense pas, incidemment, que ce soit  vraiment le rôle, Qu'ont donc fait les Ministres de la Recherche depuis 20 ans?), ou poursuivre sur la politique traditionnelle du saupoudrage qui , bien entendu, satisfait les élus et les régions fiers d'avoir leur Université et leurs laboratoires de Recherche? L'efficacité de notre effort de recherche plaiderait ,sans nul doute pour la concentration, les contraintes de la démocratie et la démagogie plaident pour le saupoudrage.C'est à nos homme politiques de choisir. Si j'en juge par le choix des pôles de compétitivité dans la Recherche Appliquée, les contraintes electoralistes risquent de passer avant l'efficacité technique et économique...

Incidemment, il y a une approche différente que la Cour des Comptes n'a même pas envisagée, qui pourrait être adoptée et qui, à mon avis, aurait du sens dans une Europe qui se cherche toujours. C'est celle de pôles internationaux qui rapprochent les chercheurs de differents pays et systèmes. Pourquoi vouloir créer un pôle franco-français entre l'Ile de France et la Région Alpes et pas plutôt une pôle italo-franco-allemand entre les laboratoires de la region Lyon/Grenoble et ceux des régions de Turin/Milan et de Francfort/Stuttgart, ou encore un pôle franco-espagnol entre Toulouse et Barcelone ou d'autres bien entendu? C'est curieux comme cet esprit européen est absolument absent des réflexions des responsables de nos institutions. Révélateur n'est ce pas?