Médias pas brillants: RFF et les Echos

Autre exemple de journalistes qui ne font pas leur boulot correctement. Un interview sur une pleine page du PDG de RFF, la société qui possède le réseau ferré français, Monsieur Hubert Du Mesnil paru dans un journal économique réputé, Les Echos, dont on pourrait penser que les journalistes survolent leurs sujets et savent poser les bonnes questions.

Certes dans cette interview il y avait foule de renseignements intéressants sur la structure de ce réseau ferré et ses handicaps majeurs. Comme par exemple le fait que sur 30 000km de lignes(deuxième réseau d'Europe) dont 15 000 de réseau principal, il y en a 3000 sur lesquelles ne passent absolument aucun train  et 6000 sur lesquelles circulent moins de 10 trains par jour.Ou que l'Ile de France a un réseau mal dimensionné et sous équipé avec des lignes sensibles, comme le RER B qui dispose de 17 postes de commandes différents là où il en faudrait un seul.

Bref, Monsieur Du Mesnil connait très bien son réseau, ses forces et ses faiblesses, qui ont d'ailleurs été établis par un expert suisse il y a déjà quelques années à la demande d'une commission du Sénat. Il ne nous dit pas, par contre, comment on a pu en arriver là et qu'ont fait ses prédécesseurs aux commandes de RFF comme à celles de la SNCF auparavant pour qu'on en soit encore à ce stade de déliquescence aggravée.Sur les mesures à venir, on ne peut que se féliciter de voir RFF investir au titre de son contrat de plan avec les contribuables( eh oui l'Etat c'est nous!) 13 milliards en 7 ans pour l'améliorer. Mais on ne voit pas émerger une politique de renouvellement de ce réseau et de ses différentes composantes alors qu'il serait urgent d'en établir une. Comme si de PDG en PDG on attendait toujours que quelqu'un(?) décide un jour

Là où le bât blesse et où le journaliste a été à mon sens dramatiquement défaillant, c'est sur les ressources qui vont permettre de financer ces dépenses importantes. Pas un mot tout d'abord sur le plan du PDG pour résorber la dette de 28.2 milliards existantes que nous financons tous les ans à cout de subvention pour le renouvellement du réseau et pour équlilibrer recettes(faibles) et dépenses.Pas un mot sur le problème de l'interface entre RFF et SNCF d'où provient ce déséquilibre et donc de la légitimité du prix payé à la SNCF pour l'entretien courant et du prix payé par la SNCF pour la location de ce réseau qui, curieusement, ont des montants quasi identiques. Ce qui laisse RFF avec un important déficit chronique d'exploitation et la SNCF avec un bénéfice d'exploitation faible mais récurrent et des prix d'offre sur ses trains qui sont certainement en dessous des prix de revient.

Toujours, sur le tarif de location du réseau , la journaliste des Echos aurait pu demander comment il se comparait aux droits de passages sur les réseaux allemands, italiens ou britannique. Ou encore comment cela se faisait que la Commission de Bruxelles leur avait impérativement demandé de les augmenter?

Enfin il aurait pu demander aussi si RFF allait demander à reprendre la propriété des gares que dans le partage RFF/SNCF au moment de la création de ces deux entités, nos députés avaient généreusement "donné" à la SNCF alors qu'ils savaient que la libéralisation du trafic en Europe allait forcer à séparer les passeurs sur le réseau et les propriétaires des infrastructures.

Bref, Monsieur Du Mesnil est un Haut Fonctionnaire de qualité mais aux ordres de l'exécutif et pas vraiment des français qui le payent et les journalistes n'ont pas su poser les questions qu'au nom de ces français spectateurs impuissants d'un tel gachis, ils se devaient justement de lui poser.

Pas brillant les Echos !