Le patriotisme économique à l 'étranger...

Nous avons crée le patriotisme économique à l'occasion de l'affaire de la rumeur de reprise de Danone par Pepsi, puis poursuivi dans ce sens lors de l'OPA de Mittal sur Arcelor et encore en organisant avec beaucoup de difficultés la fusion Suez/GDF pour échapper à une prise de controle de Suez par Enel. Vous constaterez avec moi au fil des jours que les faits sont tétus et que quelles que soient les rodomontades de nos gouvernants, Mittal a fini par absorber Arcelor et qu'il n'est pas sur qu'Enel ne finisse par croquer Suez avec ou sans GDF! Quand on pense au temps perdu par les uns et les autres, ministres, parlementaires  sur des sujets perdus d'avance plutôt que de s'intéresser aux vrais problèmes de l'Etat on ne peut être que consternés.Passons...

Si je vous en reparle c'est parce que le concept n'est pas unique à la France mais est également répandu dans les autres pays européens, avec ou sans approbation de la constitution européenne d'ailleurs, et même au dela de l'Europe.En voiçi deux exemples récents.

En Espagne tout d'abord où la société allemande d'energie E.ON a lancé une OPA sur l'Espagnol Endesa que l'autre espagnol Gas Natural voulait d'ailleurs s'approprier également (mais avec l'accord du gouvernement dans ce cas !). La manière de faire du gouvernement espagnol est différente mais a les mêmes finalités, empécher autant que faire se peut la reprise d'Endesa par "l'étranger", E.ON. C'est la Commission Nationale de l'Energie espagnole qui a du étudier le dossier et donner sa position sur le projet de rachat, ce qui a évité au gouvernement de se mettre en première ligne pour l'instant.

Elle a fini par dire oui mais en mettant pas moins de 19 conditions à remplir par E.ON ! Du genre céder 7600MW de capacité de production sur les 23 500 d'Endesa,se retirer des 3 centrales nucléaires d'Endesa qui sont devenues stratégiques (en quoi le sont elles plus que des centrales classiques?),abandonner la distribution dans les iles qui est monopolistique, se retirer des centrales au charbon dont le combustible est subventionné, etc tout en passant sous les fourches caudines de la commisison qui se reserverait jusqu'en 2010 un droit de controle sur sa gestion ! E.ON pour l'instant étudie le lourd dossier de la commission mais a déjà exprimé son scepticisme sur la "justification aux conditions dont ils avaient eu connaissance" et a fait savoir qu'ils envisageraient toutes les options légales".

Il est donc vraisemblable que l'affaire se poursuivra en justice ou à Bruxelles qui a déjà demandé des explications. En attendant Zapatero a pu rester dans lombre, temporairement sans doute.A suivre;

Un autre exemple de patriotisme économique nous a été donné également par un pays d'un tout autre type puisqu'il s'agit de la Russie. Et de l'affaire Ioukos, cette société pétrolière privée russe issue de la vague de privatisation de l'ère Eltsine qui appartenait à Mikhaïl Khodorokovsky, aujourd'hui emprisonné en Sibérie et dépouillé de tous ses biens. La faute de Mikhaïl Khodorkovsky a été d'avoir eu des contacts avec l'américain ExxonMobil pour lui céder éventuellement 40pct de Ioukos. Le patriotisme économique russe s'est alors mis en branle avec des méthodes un peu plus brutale et régalienne que celles auxquelles nous sommes habitués: controle fiscal( incidemment la méthode utilisée aux Etats Unis pour faire tomber Al Capone !), redressement fiscaux considérables, emprisonnement de Khodorkovsky, passage sous controle judiciaire puis cette semaine liquidation judiciaire. Le tout au profit  de l'Etat Russe via ses sociétés pétrolières ou gazières, Gazprom ou Rossneft. Etonnez vous après cela que les Etats Unis, lors du sommet du G8 récent aient refusé à la Russie son admission au sein de l'OMC !

Partout dans le monde, le "patriotisme économique" a la vie dure et survivra sans doute longtemps sous une forme ou sous une autre. A suivre donc..