Le jeune loup et le vieux renard...suite

L'ennuyeux dans la bataille médiatique qui se déroule sous nos yeux entre Carlos Ghosn et Emmanuel Macron, c'est que la dite bataille occulte un sujet plus important à mon avis, qui est l'équilibre des pouvoirs entre la partie française, Renault, et la partie japonaise,Nissan, qui se déroule en coulisse et dont, obnubilés par le buzz médiatique qui en résulte, nos médias ne nous parlent pas et notre gouvernement et Emmanuel Macron préfèrent ne pas en parler.

Quand Renault  prit en effet, le controle de Nissan, la société était dans une situation très difficile et il fallut les capacités techniques, financières et humaines de Carlos Ghosn pour faire en sorte qu'il réussisse, face à une culture tout à fait différente de la nôtre, à obtenir l'adhésion du management et du personnel de la société pour pouvoir remonter la pente. Lui aurions nous envoyé un Macron ou un équivalent qu'elle aurait fait faillite et probablement Renult avec !

Depuis, si vous comparez la situation industrielle et financière actuelle des deux marques vous verrez tout de suite que le plus gros et celui qui est en meilleure santé est Nissan, que Renault reste dans une situation relativement critique (problême russe, absence de présence en Chine et aux Etats Unis, part de marché juste acceptable sur son marche européen, gamme qui commence seulement à redevenir attractive) et que celui qui devrait commander à l'autre devrait être Nissan à Renault et pas l'inverse !

Or du fait des participations croisées entre les deux sociétés, Nissan ne peut participer aux vôtes des résolutioins présentéees à l'Assemblée générale de Renault . Aurait il participé au Say on Pay concernant Carlos Ghosn que son package serait probablement passé sans problème, vu l'aura que ce dernier a au Japon pour avoir sauvé Nissan !

L'asymétrie entre les pouvoirs des deux sociétés pour définir l'avenir de ce que l'on appellle l'Alliance a donné lieu a discussions en fin d'année 2015 entre Renault-Nissan et l'Etat Français et s'est traduit par une "accord de stabilisation de l'Alliance" qui a été soumis au vote des actionnaires présents à l'Assemblée Générale et approuvé par 84,27 pct des actionnaires. Or cet accord limite l'impact des droits de votes doubles de l'Etat à certains sujets stratégiques seulement et le plafonne pour l'essentiel de sujets plus ordinaires. Par contre il comprend une contrepartie favorable à Nissan en ce sens que Renault s'engage à voter en faveur des résolutions proposéees par le Conseil d'administration de Nissan pour la nomination,révocation er rémunération des membres du conseil de Nissan. En d'autre termes Renault n'a rien à dire sur le maintien de Carlos Ghosn et sa rémunération à la tête de Nissan non plus que les résolutions qui n'auraient pas été approuvéees par le Conseil d'Administration de Nissan.

Je ne sais pas si Emmanuel Macron, trop pris par sa carrière politique, avait bien compris les subtilités de cet accord qui me semble conforter l'inamovabilité de Carlos Ghosn coté japonais et donc coté Renault également vu les forces et faiblesses respectives des deux partenaires, mais lui et les représentants de l'Etat à l'Assemblée Générale de Renault les ont acceptées !

J'avais intitulé ces deux articles "Le Jeune loup et le Vieux renard", vous comprenez maintenant ce que j'entendais par là. par cet accord, négocié dans l'ombre et sans doute sans la présence du Jeune Loup, le Vieux Renard me semble avoir magistralement rétabli sa position dominante rétabli. D'où peut être la fureur d'Emmanuel Macron et ses menaces de légiférer....

Quant à nos médias, ils ont préférés nous parler de l'anecdotique et pas de l'important.