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CaDerange
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5 mars 2016

L'Arabie Saoudite en voie de gagner son combat énergétique

Je vous avais informé en temps utile que l'Arabie Saoudite n'entendait pas se laisser faire dans la bataille planétaire qui se dessinait entre les "gros" producteurs de pétrole, essentiellement regroupés dans l'OPEP, qui contrôlaient le marché mondial du pétrole et le prix du baril en en contrôlant les volumes produits, et les petits producteurs américains de pétrole de schiste, nouvellement arrivés sur ce marché et qui le cassaient en produisant à tout va . L'Arabie Saoudite elle même étant le pays producteur qui disposait des capacités en brut et des possibilités d'ajustement de la production à la hausse ou à la baisse pour maîtriser l'évolution du prix du baril à sa convenance. Une régulation bienvenue et appréciée par producteurs et consommateurs/acheteurs de la planète.

L'arrivée des pétroles de schiste américains avait perturbé cet équilibre au grand dam de Saoudiens qui considéraient que c'était maintenant aux Etats Unis de prendre à leur compte ce rôle de régulateur qu'ils assumaient précédemment.Hélas, il n'était pas possible, dans un pays démocratique avec des centaines de petits producteurs indépendants, de gérer et de réduire en particulier la production, pour maintenir les prix du baril.

L'Arabie Saoudite prit donc la position de ne rien changer à sa production ni à celle de l'Opep et de laisser un marché gorgé de pétrole arbitrer le débat. C'est ainsi que nous assistâmes ces derniers mois à la chute du prix du baril jusqu'au niveau catastrophique auquel il était arrivé, en dessous même des 30 dollars! Dans un premier temps les petits producteurs américains de pétrole de schiste continuèrent à produire à tout va, puis se rendant compte que ce n'était plus rentable, coupèrent dans leurs frais autant que faire se pouvait, avant de se trouver confronté au point faible de ce type de gisement et de mode d'extraction, à savoir que la production d'un puits s'épuise rapidement au bout de 3/4ans et qu'ensuite il faut faire un autre forage, mettre le nouveau puits en production et produire jusqu'à ce que, 3/4 ans plus tard quand le puits est épuisé, on recommence plus loin.

C'est exactement ce qu'attendaient les Saoudiens qui pensaient ainsi venir à bout des producteurs de pétrole de schiste américains.Ca s'est passé comme ils avaient prévus sauf que ça a été un peu plus lent que prévu. Mais maintenant nous y sommes, Il vaut mieux laisser le pétrole là où il est, que de l'en extraire pour le vendre à 30 dollars le baril! disait on à la IHS CERA Week de Houston fin février.Résultat, le nombre de foreuses en activité a diminué de 70 pct en 18 mois, le nombre de jobs supprimés est estimé à 72 000 pour le seul Texas et à 300 000 dans le monde, et 50 producteurs de pétrole de schiste ont déposé leur bilan depuis début 2015. Quant à ceux qui continuent à exploiter, on estime qu'entre le Canada et les Etats Unis, ils perdent globalement 350 millions de dollars par jour!

Derrière les producteurs, il y a un second rideau qui est tout autant exposé au tsunami mais un peu plus tard seulement. Ce sont les banques car tout cela était financé par des prêts et crédits bancaires. Ce qui s'était produit il y a trente ans quand le baril était tombé à 10 dollars à l'époque, va se produire  à nouveau. Faillite de banques, en particulier des petites banques locales du Texas ou du Dakota, et lourdes provisions pour les grandes. La Wells Fargo vient de provisionner 1,2 Milliards de dollars et JP Morgan estime être exposée au secteur pétrolier pour un montant de 44 milliards de Dollars et a provisionné 1,3 miliards. Bien entendu plus question de prêter quelque argent que ce soit à des petits producteurs.

L'un des grand producteurs de gaz Cheaspeake est proche du dépot de bilan. Et en amont encore, tous les pétroliers sans exception, ont coupés largement dans leurs budgets d'exploration/production et tous leurs sous traitants, les Baker-Hughes, Halliburton ou Schlumberger en premier rang, les Technip, CGG, Saipem et autres en second rang ou encore Vallourec en troisième rang sont tous en grande difficulté et s'efforcent de survivre. Des villes mêmes, comme Aberdeen en Ecosse ont perdu brutalement une partie de leur population.

Enfin encore en amont ce sont des pays entiers qui sont touchés, les pays producteurs dont le budget était dépendant à 50 ou parfois 70 pct des revenus du pétrole. Le Nigéria par exemple, le Vénézuela, l'Algérie récemment, le Brésil et même la Russie.

Voila un tableau très noir de la situation de cette industrie, qui était prévisible pourtant et qui va se traduire par une restructuration majeure de l'industrie elle même et des troubles sociaux majeurs dans les pays producteurs.Les gagnants ce sont nous les pays industrialisés. A suivre en éspérant que la situation s'améliore.            

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Commentaires
C
"Gagnants" sauf a ce que la crise bancaire de ce secteur rebondisse sur la febrilite economique et les abus du secteur financier
CaDerange
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