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CaDerange
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26 janvier 2016

Quand EDF va dans le mur...Suite

Suite des péripéties de notre électricien national EDF:

  • EDF va donc racheter la partie conception et production de réacteurs d'Areva que l'on a identifié sous le nom d'Areva NP. EDF et Areva se sont mis d'ores et dejà mis accord sur la valeur des actifs transférés qui seront inclus dans Areva NP pour une valeur de 2,5 milliards à payer par EDF à Areva SA avec un complement éventuel à payer sur les deux ans à venir en fonctionndes résultats d'Areva NP

  • Vous savez que l'un des problèmes non résolu à  ce jour du nucléaire est le stockage et la conservation des déchets nucléaires, en particulier lors du démantèlement des centrales nucléaires dont nous exploitons 58 réacteurs à ce jour. Ces déchets sont classifés en fonction de leur dangérosité et de leur durée de vie et gérés par différentes agences étatiques.Pour certains, les plus nombreux et les plus inoffensifs il n'y a pas de problèmes majeurs. Pour les plus actifs ou à durée de vie longue, la solution consiste à les stocker en grande profondeur dans des veines géologiques bien identifiées pour leur étanchéité et leur stabilité dans le temps pour une ou deux centaines d'années.
    C'est l'ANDRA , Agence Nationale pour la gestion des déchets radioactifs, qui a été chargé d'identifier le site à construire pour les stocker et qui gèrera, une fois le dit site approuvé par tous, le site lui même et les déchets qui y seront entreposés pour une durée minimale de 140 années.

    Le lieu a été identifié, il est dans les environs de Bures dans la Meuse et la Haute Marne, se compose d'une large veine argileuse située à 500 m sous terre et dans laquelle seront creusées des galeries pour stocker et entreposer les dit fûts de déchets.Il a même été baptisé Cigéo

    Reste à évaluer le coût de la construction de telles installations et ensuite le coût du stockage lui même c'est à dire les depenses de fonctionnement pour la durée de vie des dit déchets.Une estimation en avait été faite en 2005 pour un montant de 13,5 à 16,5 milliards d'euros de coût de construction du site.Une estimation nouvelle en a été faite plus récemment par l'Andra et présenté aux "clients", c'est à dire EDF pour 80 pct des volumes, le CEA et Areva. Les dits volumes sont estimés à 10 000 m3 dont 30 pct sont déjà stockés à la Hague.Mauvaise nouvelle, l'évaluation récente de Cigéo faite par l'Andra se monte à une trentaine de Milliards d'Euros soit le double de l'estimation de 2005. Les trois "clients" pensent que le projet pourra néanmoins être optimisé à la baisse autour de 20 milliards mais c'est Ségolène Royal en temps que Ministre de l'Energie et de l'Environnement qui en fixera la valeur pour prise en compte dans leurs comptes d'exploitation et bilans futurs.

    EDF a d'ores et déjà annoncé que cela se traduirait dans ses comptes par une provision de 500 millions et qu'on les retrouverait dans... le prix du kilowattheure bien sur.L'annonce de cette estimation a fait chuter le cours de l'action EDF à son plus bas historique de 11,96 euros.

  • EDF est également lourdement concernée par la fameuse transition énergétique lancée par le pouvoir politique sans savoir si ses opérateurs industriels avaient les reins assez solides pour la mettre en oeuvre. Si vous avez suivi de prêt le programme allemand de désengagement du nucléaire, vous savez qu'il s'est mal passé et que l'on a découvert à l'occasion de sa mise en place qu'il ne suffisait pas de fermer autoritairement des centrales nucléaires mais que l'on s'apercevait à cette occasion que les énergies alternatives avaient quelques défauts assez rédhibitoires, l'intermittence de leur production d'abord qui implique de disposer de capacités de production alternatives proches et d'utilisation coûteuses et la géographie de cette production qui n'est pas nécessairement proche des installations industrielles utilisatrices. C'est le cas, en Allemagne, de la production éolienne en Mer Baltique alors que l'utilisation majeure est situé dans le sud de l'Allemagne et que donc il va falloir doubler le réseau d'amené de cette électricité.

    En France la situation est bien plus favorable en ce sens que nous n'avons pas décidé d'arrêter nos centrales nucléaires et qu'il ne sera pas nécessaire de doubler le réseau électrique. Les fermes éoliennes par contre ne bénéficient pas d'emplacements de la qualité de celles de l'Allemagne en Mer Baltique du fait de la forte pente du plateau continental, de son caractère rocheux et du climat plus venteux qui va en rendre l'exploitation financièrement moins satisfaisantes. Nous n'en sommes par contre qu'au tout début de la construction de ces fermes qui devraient être mises en production vers 2018 pour un coût de 6 à 7 milliards d'euros pour EDF EN ( Energies Nouvelles) pour une puissance installée de 1500 MW.

    Nous en sommes très loin de pouvoir suppléer nos 58 centrales nucléaires pour lesquelles il faudrait construire à puissance égale 38 EPR. Même en supposant que l'on puisse diviser par deux le coût d'un réacteur EPR des 14/15 milliards de celui de Flamanville à 7 milliards l'unité, EDF sera confronté à un mur d'investissement de 38x7= 266 milliards d'euros !!!

    Bien sur on peut penser que nous arriverons, comme aux Etats Unis, à prolonger de 10 ans leur espérance de vie voire à passer à 80 années de durée de vie comme on commence à l'étudier la bas et que de toutes façons  cette reconstruction de notre parc s'étalera sur 20 ans. Il faudra néanmoins qu'EDF puisse fonctionner pendant 20 ans sur une base d'investissement dans le renouvellement de ses centrales de l'ordre de 15 milliards d'euros par an à partir de 2025/2030.

    A suivre   
  • EDF est donc en recherche d'économie diverses et de revente d'activités précédemment rachetées et considérées comme ne faisant plus partie de son core business dans les circonstances présentes.Rien d"anormal à ça c'est de la bonne gestion, sauf que les volumes de ventes d'activités n'ont plus rien à voir avec les 500 à 600 millions d'euros de cession de "respiration" des actifs habituels. On cherche de 5 à 6 milliards d'euros d'actifs, des volumes plus en logne avec l'endettement d'EDF ( 37,5 milliards) et les besoins à venir.

    EDF a déjà cédé fin 2015 sa participation dans l'autrichien Estag et sa filiale hongroise Bert ainsi que son siège de l'avenue de Wagram. Elle cherche désormais à se séparer de son implantation aux Etats Unis où elle est en coentreprise avec Exelon dans la CENG qui exploite 5 réacteurs nucléaires pour une valeur de l'ordre de 3 milliards de dollars.Comprenant peut être enfin quie le morceau de British Energy était un peu gros pour ses moyens, elle a bien essayé d'y faire entrer d'autres opérateurs comme les énergéticiens chinois ou le distributeur britannique Centrica qui est présent à hauteur de 20 pct du capital dans le capital de 8 centrales. Par exemple, céder les 29 pour cent restant de ce lot qui lui permettrait de rentrer du cash sans perdre le controle de son exploitation.

    Enfin elle reste propriétaire en France du réseau de distribution d'électricité RTE, un gros morceau dont elle pourrait bien décider de se séparer. Ironiquement, la séparation de la production et de la distribution était le modèle recommandé par l'Union Européenne pour accroitre la concurrence, une séparation qu'EDF soutenue par nos gouvernements successifs avaient toujours refusé de faire. Peut être même arrivera  t elle à accepter la remise en adjudication des barrages qu'elle avait toujours refusée. C'est dire l'ampleur des besoins et l'urgence à les trouver  
     

 

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