Brèves de blog pétrolières: Le Brésil

Au Brésil c'est un désastre complet qui vient de se jouer dans le développement de la compagnie nationale Pétrobras avec la révélation de problèmes de corruption majeurs qui ont affecté la compagnie au profit d'un certain nombre de politiciens et via les compagnies de BTP. Oh, rien de bien extraordinaire, la méthode classique de travaux surfacturés à Pétrobras qui s'accompagnaient de pots de vins à diverses hautes personnalités de Pétrobras et ensuite des milieux politiques.

L'affaire avait commencé en mars 2014 avec le lancement par la justice d'une opération policière baptisée Lava Jato ou lavage auto qui s'étaient traduit par l'arrestation d'un ancien directeur de Pétrobras, Paulo Roberto Costa, et d'un de ses anciens gérants, Pedro Barusco. Elle avait permis d'identifier des commissions occultes de 1 à 3 pct de la valeur des contrats de travaux passé par Petrobras à diverses société de BTP comme Odebrecht, OAS ou Camargo Corréa ou encore à divers chantiers navals de Singapour, Keppel ou Sembcorp ou de Corée, Samsung Heavy Industries. Certaines sociétés étrangères auraient été également impliquées dans ces pots de vins, comme le danois Maersk ou le britannique Rolls Royce.

In fine les pots de vins allaient se déverser dans les poches des hauts responsables de sept partis politiques dont les présidents du Sénat et de la Chambre des Députés, un ancien Président de la République et plusieurs ministres. La liste de Janot (du nom du procureur général), qui a été rendu publique, fait désordre bien entendu.

Dans les signaux d'alerte, il faut noter le refus de Price Waterhouse Cooper de signer les comptes de Pétrobras.Au total il y aurait eu de cette manière 4 à 5 milliards de dollars ponctionné des comptes de Pétrobras au profit de la classe politique et des responsables des sociétés de BTP brésilienne.

Les conséquences pour Pétrobras,c'est qu'il va falloir rétablir les comptes tout d'abord pour rétablir la crédibilité de la société et sa capacité à emprunter. Car si Petrobras est une société déjà fortement endettée à hauteur de 135 milliards de dollars, il lui faut néanmoins emprunter des sommes considérables ( 150 milliards de dollars sur la période 2014/18)  pour mettre en oeuvre les plans de développement des gisements pré-salifères brésiliens qu'elle a découvert dans l'offshore au large de la côte brésilienne. Or, quand Standard & Poor's vous a placé sous surveillance négative et que Moody's vous a mis en catégorie spéculative, ca devient difficile de se faire prêter de l'argent!

Il va être également difficile de se faire livrer les plateformes pétrolières ou les navires de production par des chantiers navals ou des partenaires industriels soupçonnés d'avoir participé à des surfacturations.Pétrobras a déjà annoncé une reduction de son budget d'investissement de 37 à 31 milliards de dollars pour 2014 et annoncé un plan de cession d'actifs de 13,7 milliards de dollars.

Enfin les gisements pré-salifères, s'ils semblent être prolifiques à des débits journaliers de 40 000 barils /jours contre 9/10 000 pour un puit offshore classique coûtent quand même chers à exploiter, de l'ordre d'un prix de revient minimum de 50 dollars le baril. La production en provenance des "pré-sal" a néanmoins dejà atteint les 700 000 Barils/jours portant la production journalière du Brésil à 2,9 Mbr/j.

Reste qu'il faudrait quand même remettre en ligne la gestion de Pétrobras avec les pratiques admises pour des sociétés de ce type. On aurait attendu qu'après la démission de la Directrice générale et de ses cinq directeurs, la Présidente Dilma Roussef, elle même égratignée par le scandale, la remplacerait par un directeur à la réputation impeccable.Elle vient de nommer un apparatchik qui a beaucoup fréquenté les allées du pouvoir et avait déjà été nommé à ce poste par Lula, Aldemir Bendine. C'est dire que la confiance n'est pas prête de revenir.....