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CaDerange
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28 novembre 2014

Quand l'IGF confond Chiffre d'affaire et Valeur ajoutée!

Dans le grand débat sur les professions règlementées, le débat actuel et les actions en cours des pouvoirs publics se basent sur un rapport de l'Inspection Générale des Finances, l'IGF qui doit, ou devrait être, le corps d'experts le plus élevés de notre République dans la finance.

Loin de moi de m'élever contre l'idée de revoir la situation de ces professions, voire peut être, içi ou là, de tel ou tel avantage que l'on peut considérer comme un privilège. Mais le faire en confondant des notions comptables de base aussi fondamentales que chiffre d'affaire et valeur ajoutée me parait quand même ahurissant. Par contre, il me semble que dans ces professions reglementées on a oublié, volontairement ou non, celles qui ont un pouvoir de nuisance fort, les taxis par exemple ou les controleurs aériens.

C'est ainsi que l'IGF reproche à ces professions d'avoir une rentabilité 2,4 fois plus élevée que celle du reste de l'économie, mais base ce jugement sur une rentabilité par rapport à un chiffre d'affaire et pas par rapport à la valeur ajoutée qui est la vrai donnée qui rend compte de la création de valeur au sein d'une entreprise et qui est totalement différente du chiffre d'affaire. Dans le cas des professions règlementées qui n'ont pas d'achat de matières prèmieres ou de services, le chiffre d'affaire est en effet très proche de la valeur ajoutée. Ce n'est pas du tout le cas de toute l'industrie, la distribution et le commerce dont les achats constituent une contribution très importante au chiffre d'affaire mais pas à la valeur ajoutée.

Elle reproche également à ces professions de gagner plus que la moyenne des salariés. Etonnant non que l'IGF puisse comparer aux revenus moyen des salariés, constitués d'employés, d'ouvriers,d'agent de maitrise et de cadres, ceux de profession constitués quasi exclusivement de cadres ou cadres supérieurs. Encore heureux que faire davantage d'études, prendre des risques financiers, avoir davantage de responsabilité et travailler de longues heures rapporte plus que de faire strictement ses 35hrs, d'effectuer un travail d'exécution et de ne pas prendre d'initiative. Ces messieurs dames de l'IGF en sont encore au communisme de 1917 dans lequel le balayeur et la patron d'usine étaient payés le même salaire! Ahurissant, non?  

Elle juge finalement que ces professions gagnent trop, mais sans expliciter d'où provient ce qui n'est qu'un jugement de valeur. C'est leur opinion, un point c'est tout.

Enfin elle trouve anormal que la valeur ajoutée de ces professions ait progressé plus vite sur les 10 dernières années, 54 pct, que celle de l'économie globale, 30pct. L'économie globale étant constituée de production et ventes de produits et services de tous niveaux de qualité, sophistication et technicité, il est normal que sa progression au fil du temps soit inférieure à celle des produits et services exclusivement de haut de gamme de ces professions. Heureusement, en important massivement nos produits utilitaires et bas de gamme de pays à bas coût de main d'oeuvre, nous ne faisons qu'augmenter la valeur ajoutée de l'économie générale qui ne va pas tarder à rattraper la croissance de celle de ces professions, au détriment du chomage hélas!

Bref tout ceci est un ramassis de lieux commun pour apporter un semblant de justification à des mesures punitives futures et alors que la situation comparativement favorable de ces professions par rapport à d'autres de même niveau de savoir et de technicité et de prise de risque relève surtout d'une autre politique générale de l'Etat, celle d'attribuer des "numérus closus" à certaines de ces professions. C'est à dire de la limitation en nombre des personnes ou cabinets les exerçant, ce qui fait qu'en l'absence de concurrence, évidemment, les dites personnes ou cabinets voient chiffre d'affaire et valeur du fond de commerce progresser sans nécessairement un lien avec la valeur ajoutée justement apportée au fonctionnement de la société ou de l'état.

Moralité: si l'Etat veut vraiment faire baisser les revenus de ces mal aimés, les professions libérales, il n'a qu'à supprimer, mais partout, les numerus closus. Ah bien sur, les taxis ou les controleurs aériens se mettront immédiatement en grève!  

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Commentaires
S
Qui veut noyer son chien, lui trouve....
CaDerange
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