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CaDerange
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14 décembre 2013

Délocaliser ou suivre les marchés?

Quand a commencé la migration de certaines usines et fabrications vers l'Asie du Sud est et la Chine en particulier, la classe politico-médiatique s'etait enflammée contre ces "salauds de patrons", -le positionnement des chefs d'entreprises dans l'opinion publique-,qui allaient fabriquer ou acheter des produits à pas cher dans les pays à bas coût de main d'oeuvre. Et de critiquer ce que l'on qualifiait de délocalisations d'emplois dont le but était purement, selon les critiques, de dégager davantage de "profit" aux bénéfices des actionnaires.

Bien sur les chefs d'entreprises s'en défendaient, tentant d'expliquer qu'un industriel se devait de suivre les marchés mais sans convaincre une seconde dans un monde médiatique politiquement orienté et ignorant de la gestion des société industrielles.Une chasse au capitalisme initiée par une classe de journalistes dont les convictions sont majoritairement  anticapitalistes, alors que leur comportement journalier est tout aussi mercantile. Eh oui, la presse et les médias sont des "organismes" capitalistes également pour lesquels il est essentiel de "faire du tirage  ou de l'audience" pour survivre, ce qui induit des comportements "suivistes" d'une opinion publique que l'on manipule pourtant largement. Et puis voila une profession dont les membres ne sont pas différents des cadres supérieurs et dirigeants du monde, tout aussi ambitieux, assoiffés de réussite et prêts à piétiner le concurrent.

Alors on peut se poser la question, avec une vingtaine d'année de recul sur le phénomène, si la motivation première de cette mutation vers l'Asie était bien celle de la soif du profit ou celle du suivi des marchés.

Un exemple intéressant est celui de l'industrie automobile, des constructeurs eux mêmes ou des équipementiers.La France offre à ce sujet des industriels dont les comportements ont été tout à fait différents les uns des autres. Un constructeur Renault qui s'est lancé très tot dans la mondialisation avec la prise de controle de Nissan et dans la chasse au bas coût avec le rachat de Dacia et le lancement d'une gamme low cost fabriquée en Roumanie. Le résultat est que cela va très bien pour lui sur le plan de la production automobile et des profits, avec une forte présence industrielle en Chine via Nissan, dans des pays low cost de la zone européenne, Roumanie mais aussi Russie et Maroc, dans des pays européens développés avec l'usine Nissan de Sunderland en Angleterre, une des plus productives au monde, et aux Etats Unis via Nissan. Par contre, ça marche plus mollement pour la production dans les usines et les ventes dans son pays d'origine.

Coté Peugeot, société familiale et sans doute plus attachée à son terroir français, on est resté essentiellement sur le territoire national et sur son continent d'origine et on s'est peu déployé ou mal dans les pays émergents. On a mal utilisée l'implantation chinoise ( 3pct de part de marché après des décennies de présence), on s'est même retiré industriellement de pays émergents dans lesquels ont était implanté de très longtemps ( Nigéria, Inde) on a mal su offrir les bons produits, sur le plan marketing,aux clientèles locales ( la ZX sans coffre en Chine, l'abandon du marché africain aux japonais par manque de Pick Up, l'absence de boite auto et de moteur à essence pour une présence sur un marché US éventuel).On a loupé l'émergence du 4X4, on a, à mon sens, loupé une opération similaire à la reprise de Nissan chez Renault avec celle, manquée, de Mitsubishi.On est présent en Russie et en Tchéquie (grace à Toyota?).On a sans doute, sur le plan social, voulu préserver longtemps sa présence sur la sol national avec pour conséquence d'en rendre plus difficile un certain repli. On en est quand même à essayer de sauver les meubles et la société en investissant lourdement et tardivement en Chine pour y grapiller quelques points de part de marché.

Le marché lui a considérablement évolué avec l'émergence du marché Chinois comme le plus important au monde, ceux en devenir à court terme en Russie, en Inde et dans le reste de l'Asie du Sud Est et le redressement du marché US.On a vu des attitudes très variables des constructeurs face à cette mondialisation avec une grande réactivité de la Genéral Motors placée tôt et lourdement en Chine et en Russie, du groupe Volkswagen en Chine, des japonais aux Etats Unis et en Asie du Sud Est et une émergence des coréens en Europe, Russie et Etats Unis.

Autre secteur d'activité différent mais très lié à l'automobile celui des équipementiers. Traditionnellement à la botte des contructeurs, voire exploités par eux, ils se sont "libérés" de leur tutelle grace à la mondialisation. On les trouve désormais partout dans le monde, Chine, Europe, Russie y compris dans des pays où nos constructeurs n'avaient pas réussi à s'implanter comme Plastic Omnium aux Etats Unis et plus généralement partout où il y a des constructeurs et à la suite de leurs usines. Un bon exemple de ces évolutions  est donné par Faurécia, autrefois filiale de PSA et très dépendant de lui par l'énorme pourcentage de sa production qui lui était dédiée. Après avoir frolé la faillite, le voiçi devenu sixième équipementier mondial, fortement présent en Asie du Sud est et aux Etats Unis, dont le chiffre d'affaire a doublé en quatre ans,qui a su béneficier des transferts de taches qui se sont produit dans l'industrie automobile vers des sous traitant de premier rang fort et fournisseurs de produits à fort contenu technologique. Bref tout baigne pour Faurécia et pour les équipementiers en général qui sont devenus carrément globaux.

Alors pour revenir à notre question du début de cet article, ont ils,- et fallait il-, délocaliser ou suivre les marchés? La réponse est claire, ils ont suivi les marchés partout où ceux ci ont émergés et leur motivation a rarement été de rechercher une fourniture moins chère.Les industriels qui vivent bien aujourd'hui sont ceux qui y sont allés et ceux qui sont en danger sont ceux qui se sont laissés influencés par le contexte local justement et qui n'y sont pas allés ou mollement.Par contre, le marché français, pour eux, n'est plus qu'accessoire...

Exactement le contraire de ce que notre monde politico médiatique critiquait à l'époque par idéologie, court termisme, suivisme, ignorance des évolutions industrielles et manque de vision ! Ca fait beaucoup me direz vous.Je crois malheureusement que ce petit monde en est toujours, de nos jours, au même point d'absence de compréhension de l'évolution du monde et que c'est cette attitude nombriliste qui plombe des espoirs de redressement de notre pays dont nous avons pourtant désespérément besoin 

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CaDerange
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