Catastrophe du Rana Plaza: Les industrlels européens s'engagent!

La catastrophe de l'immeuble Rana Plaza de Dacca au Bangladesh avait fait prendre conscience aux européens des conditions déplorables dans lesquelles se fabriquaient, dans les milliers d'usines textiles de ce pays très pauvre (4500 usines,3,6 millions de salariés) les vêtements que leurs proposent toutes les marques emblématiques du monde de la distribution spécialisée et de la grande distribution.

Les médias avaient fustigés ce mode de consommation avec d'un coté un système de production dans des pays à bas coût de main d'oeuvre (30 euros/mois de salaire) et de l'autre un système de distribution dans les pays développés sous des noms de marques réputées dont nous, consommateurs, sommes les bénéficiaires.

Depuis, il ne semblait pas s'être passé grand chose dans le monde du vêtement, la consommation de vêtements ne semblait pas avoir été affectée outre mesure et était repartie, le Bangladesh était toujours le premier pays exportateur mondial de textile ( et, incidemment, heureusement pour ce peuple) et les médias étaient passés à autre chose, une fois lancé leur venin sur ces "distributeurs irresponsables".

Ces derniers, par contre, avaient apparemment compris la leçon et s'étaient sentis investis de la responsabilité nouvelle d'éviter que ne puisse se reproduire une telle catastrophe . Il en est résulté un accord entre 70 enseignes européennes, sous l'égide de leurs syndicats professionnaux, IndustriALL et UNI Global Union, pour mettre en place un programme d'inspection intensif des usines bangladi avec des inspecteurs indépendants. La tache est immense du fait du nombre considérable d'usines à inspecter et du système existant de sous traitance généralisé qui fait que le donneur d'ordre ne sait souvent pas dans quelles usines ont été effectivement produits les vêtements à leur marque.

Les dits distributeurs se sont engagés à fournir avant le 15 juillet la liste de leurs fournisseurs locaux. Et l'ensemble de la profession va financer un vaste programme d'inspection de ces sites à effectuer dans les 9 mois à venir. En cas de besoin un programme de rénovation et de réparation des sites sera mis en place à indiqué le Comité de Pilotage du programme. restera sans doute à trouver le financement de ce programme dont le coût a été estimé à 2,3 milliards d'euros.

L'industrie du prêt-à-porter américaine, qui n'a pas la même culture des rapports patronat-syndicats, a préféré monter son propre programme de son coté dont on devrait connaitre le contenu d'içi quelques semaines. Et tout ce beau monde in fine devrait se retrouver à Genève pour discuter avec les Bangladais de l'amélioration de la sécurité dans cette profession.

Ce n'est pas gagné, car des obstacles redoutables sont toujours là pour limiter l'ampleur des programmes d'inspection et de rénovation mais acceptons en tous cas l'augure que nous devrions atteindre un bien meilleur niveau sécuritaire dans cette industrie et dans ce pays, d'içi quelques années.

Cela se traduira sans doute par une augmentation modeste des prix des vêtements en Europe, que nous devrons, mesdames et messieurs, accepter en mémoire des 1129 morts qui ont laissé leurs vies à Rana Plaza.

Messieurs les médias, toujours si prompt à fustiger les "autres", signaleront, j'espère, avec le même niveau d'importance dans leurs choix éditoriaux cette nouvelle qui traduit une prise de conscience forte de la situation et un engagement sécuritaire significatif cette Industrie. Il restera à faire en sorte que leurs acheteurs, au moment des négociations de marchés veuillent bien prendre en compte le niveau de sécurité offert par tel ou tel fournisseur...