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CaDerange
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10 avril 2013

Le grand Swing des sources d'énergies primaires (suite de suite)

  • La production de gaz de schiste aux Etats Unis a considérablement augmenté en peu de temps, ce qui a fait dramatiquement plonger les prix de ce gaz, au point que les producteurs en sont devenus très proches de la faillite. Ils cherchent donc à en faire remonter le prix en essayant d'exporter ce gaz en dehors du territoire américain. Les choses ne sont pourtant pas aussi facile qu'il y paraitrait, car ils se heurtent dans cette régulation du marché à d'autres industriels, les grands de l'industrie chimique, qui souhaitent, eux, au contraire conserver le bénéfice de cette base pétrochimique précieuses pour eux, à ce prix là, pour développer leurs propres activités et productions.
    Le gaz, comme je vous en ai fait part, est un produit difficile à exporter qui nécessite des installations de liquéfaction et des ports spécialisés dans le pays exportateur pour pouvoir l'exporter et d'autres installations à l'arrivée dans les pays importateurs pour réintégrer le gaz dans le circuit de distribution au consomateur. Il est donc impossible d'exporter du gaz et il faut en passer par des investissements importants, qui demandent d'ailleurs des autorisations gouvernementales.
    L'état américain se trouve donc en situation de devoir choisir entre les intérêts des producteurs et des chimistes pour aider les uns à exporter leur gaz ou les autres à conserver leur matière première de base aux US. Par ailleurs c'est lui qui donne les autorisations de construire les installations de liquéfaction et d'expédition.
    A ce jour il y a seize projets d'usine de liquéfaction couplées à des terminaux d'exportation en cours d'homologation aux Etats Unis. Un seul celui de la société Chenière à Sabine Pass à la frontière Louisiane-Texas, près de Port Arthur a reçu son homologation à  ce jour
    .
  • L'électricien britannique Centrica est le premier fournisseur de gaz au Royaume Uni et une émanation de l'opérateur historique British Gas lors de sa privatisation en 1997.Elle est également producteur de gaz à hauteur de 29 pct des besoins britanniques et produit et distribue de l'électricité grace à ses 7 centrales électriques.Il est également partenaire d'EDF à hauteur de 20 pct de parts dans le capital de British Energy, l'opérateur unique des centrales nucléaires britanniques.
    Elle a très bien compris l'importance de s'approvisionner aux Etats Unis en gaz de schiste pour donner aux entreprises britanniques l'avantage de la compétitivité de ce gaz et vient de signer un accord avec Chenière Energy Partners pour lui fournir à partir de 2018, pour une durée de 20 ans,1,75 millions de M3 de GNL gaz naturel liquefié, en provenance des installations de Cheniere autorisées de Sabine Pass.
    Le prix du Millions de BTU (British Thermal Unit) aux Etats Unis est de l'ordre de 4 dollars alors que sur le marche européen il est de l'ordre de 10 dollars. Nul doute qu'entre les deux prix doivent pouvoir s'intégrer les coûts de liquéfaction, transport et regazéification...
    Le gaz de schiste américain sera donc bientot disponible dans l'Union Européenne.

  • L'exploitation des gaz de schiste aux Etats Unis s'accompagne de production de condensats et d'huiles legères en quantités non négligeables qui se sont traduit par une conséquence inattendue. Ils ont quasiment tué les sables bitumineux qui sont largement exploités au Canada ! C'est du moins la conclusion que l'on peut tirer de l'annonce par Total de son retrait du projet d'exploitation Voyageur de sables bitumineux dans l'Alberta auquel elle participait avec le canadien Suncor Energy.
    Les sables bitumineux vous connaissez? Ce sont des produits pétroliers très lourds, à consistance de bitume,que l'on a commencé à exploiter au Canada alors que l'on cherchait, un peu désespérement, des sources additionnelles d'hydrocarbures aux gisements connues et exploités partout dans le monde.C'était l'époque  du "Peak Oil" à partir duquel la production de pétrole devait décliner et qui nous était prédit à partir de 2025 à l'époque! Une époque révolue aujourd'hui alors que l'on a trouvé depuis de nombreux gisements pétroliers à exploiter un peu partout dans le monde  et surtout les fameux gaz de schistes.
    Ils s'exploitent au bulldozer, comme dans des mines traditionnelles, et nécessitent des appoints d'eau et de produits chimiques encore bien plus conséquents que ceux utilisés pour l'extraction des gaz de schistes. Une fois extrait comme petrole extra lourds, il faut les "alléger" pour pouvoir les raffiner dans les raffineries conventionnelles du monde entier, ce qui se fait dans des usines de traitement construites spécifiquement pour cet allègement et qui coutent les yeux de la tète. Le projet Voyageur dans lequel Total était engagé avec Suncor devait construire un telle usine à Surmont, dans le nord de l'Alberta.
    Les deux partenaires viennent de décider de surseoir au projet car, a dit Total, "il ne se justifiait plus du point de vue stratégique et économique".Il en coutera 2 milliards de dollars de perte sèche pour Total et autant pour Suncor Energy. C'est dire combien la concurrence des gaz de schistes et des pétroles de schistes est extraordinairement agressive pour les énergies existantes, même si la différence des coûts d'accès au produits pétroliers finaux n'est pas la seule raison de l'abandon de ce projet. Il manque en effet également d'oléoducs reliant l'Alberta aux zones de consommation de produits pétroliers aux Etats Unis au point que les pétroliers doivent avoir recours à des trains citernes qui leur coutent très chers. Personne, dans l'état actuel du marché pétrolier, ne serait prêt à investir dans des oléoducs nouveaux.       
     
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CaDerange
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