Un Grand Bravo pour... le Port du Havre

Le transport maritime s'est transformé en quelques décennies pour se convertir au transport de conteneurs qui en constitue désormais une spécialité très importante sur laquelle se battent les grands armateurs mondiaux, les Maersk, MSC et CMA-CGM, à grands coups de nouveaux records de capacité d'emport de containers, le dernier en date étant le Marco Polo de la CMA CGM.

Les conteneurs, il faut ensuite les débarquer à terre dans les grands ports de la planète, dont les ports français qui, malheureusement, se retrouvent à la traine des ports européens.L'émergence de ce type de transport et son évolution vers le gigantisme a transformé les activités portuaires de réception et de chargement de ces conteneurs et a fait éclaté en quelque sorte leur modèle traditionnel. Il a fallu en effet, avec de tels bateaux, minimiser autant que faire se peut le temps passé au port et pouvoir donc disposer de matériel de levage gigantesques, performants, et ...extrèmement couteux à monter.

Certains ports ont su saisir cette opportunité de se distinguer de leurs concurrents et s'y sont adaptés, d'autres ont trainé la patte et perdu des parts de marché. Il n'est malheureusement pas difficile de situer dans quelle catégorie se sont retrouvés les ports français, musélés par leur appartenance à des structures étatiques traditionnellement inefficaces et par la toute puissance syndicale, celle de la CGT, sur les quais et les activités de transbordement. C'est ce qui a amené, du fait de l'incapacité financière de l'Etat et des régions à faire de tels investissements, à la privatisation partielle de nos ports avec l'entrée des grands armateurs, souvent à leur corps défendant, sur le marché du transbordement.

Les deux grand ports de France, Le Havre et Marseille, et leurs autorités de tutelles se sont attaqués à ce que l'on a nommé la réforme portuaire. Simplement, étant donné la complexité économico-sociétale des organisations portuaires existantes,elle s'est produite avec beaucoup de retard par rapport à la concurrence qui, entre temps nous a taillé des croupières et nous a pris des parts de marché qu'il sera difficile de reprendre.La différence entre le nom initial du projet havrais, Port 2000, et sa date de mise en oeuvre, onze ans plus tard en est symptomatique D'autant plus que nous n'étions pas très brillant non plus, merci à la SNCF, sur les moyens d'évacuation de ces conteneurs de la zone portuaire vers l'hinterland géographique et économique qui leur fait suite!

J'en suis d'autant plus satisfait de pouvoir accorder aujourd'hui  au Port du Havre un de mes Grand Bravos à l'occasion de l'annonce de l'arrivée du second armateur mondial italo-suisse MSC, Mediterranean Shipping Company sur les quais du Havre. Ce sont en effet trois lignes de cet armateur qui viendront désormais y faire escale hebdomadairement et dont les conteneurs seront ensuite redistribués vers la Grande Bretagne, l'Irlande, l'hinterland franco-européen et les autres ports français de la facade atlantique.

Il a fallu pour cela un accord entre l'arlateur MSC et le groupe de manutention havrais Perrigaux/Terminaux de Normandie pour investir les 160 millions d'euros d'un nouveau terminal à conteneur commun et un investissement de 360 millions d'euros du Port du Havre lui même pour construire les 1400 m de quais et faire les dragages necessaires pour accueillir des porte conteneurs de 14 000 "boîtes" de capacité.

L'apport de MSC se traduira par l'arrivée de 350 000 conteneurs supplémentaires à transborder ce qui devrait permettre au Havre de franchir la barre des 2,5 millions de conteneurs par an en transit.

Une industrie qui semble donc repartir dans le bons sens, celui du progrès et de la compétitivité, grace à la réunion, après de très/trop longues concertations, des grutiers et dockers dans la même convention collective et à une approche plus collective entre les différents ports du même bassin comme en fait foi la réunion sous le même chapeau d'Haropa des forces commerciales et administratives des ports du Havre de Rouen et de Paris.

Un modèle à imiter pour le Port français à l'autre bout de la France qui reste toujours à la traine malgré quelques progrès significatifs, celui de Marseille...