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CaDerange
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4 décembre 2012

Marges brutes, nettes et business model de la Grande Distribution.

Les médias ont donné une assez large publicité au rapport de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires de l'économiste Philippe Chalmin ( 411 pages !) qui avait pour but d'essayer de trouver la "vérité vrai" entre la Grande Distribution qui prétend vendre avec des marges minimales les produits alimentaires, les producteurs qui prétendent que cette même Grande Distribution "s'en met plein les poches" à leur détriment et les médias, incompétents comme d'habitude dans l'économique, qui jouent le jeu du "petit", producteur en l'occurence, contre le "gros", la Grande Distribution.

ScanMargesDistri

 Le résultat des courses, le voila ci contre. La marge nette des produits alimentaires vendus en Grande Surface est très faible(!!), elle varie de 6pct maximum pour la viande de poulet, 5pct en charcuterie jusqu'à 2pct pour les produits laitiers, à 0,6pct pour les fruits et légumes et même jusqu'à des marges nettes négatives de l'ordre de 2pct pour la boucherie.

Vous avez noté que je parle systématiquement de marge nette, une notion dont les français en général ne connaissent pas la définition et que les journalistes ignorent alors que c'est leur métier de savoir en principe de quoi il parle.

D'où vient le problème? De ce que les producteurs et les journalistes, tout à leur démonstration de leur thèse pour les uns, et sans le moindre effort de compréhension du problème pour les autres, vous parlent de la différence entre prix d'achat au producteur et prix de vente affiché au client en grande surface. Entre les deux il y a des frais, de transport par exemple, que l'on oublie, de manutention, de mise en rayon, de personnel, de fonctionnement des locaux, de marketing, de comptabilité voire de direction générale sans compter de la TVA et des taxes diverses.

Il est impossible dans nos systèmes comptables de répartir tous ces frais multiples jusqu'à l'article unitaire vendu en fin de compte pour calculer la marge, article par article, en répartissant tous les frais individuels jusqu'à la plus petite unité vendue, sauf à faire une grande étude en comptabilité analytique comme l'a faite Philippe Chalmin dans ce rapport. Encore s'est il borné à ne le faire que par grande classe de produit.

Ok, les grandes surfaces ne gagnent presque rien, me direz vous. Expliquez nous alors comment elles peuvent s'être développées comme elles ont réussies à le faire partout dans le monde en faisant disparaitre la distribution traditionnelle et en étranglant tout de même les producteurs. Je ne vous répondrais pas la plaisanterie bien connue: "Elles perdent sur chaque article mais se rattrapent sur la quantité". Non.

Mais là où elle gagnent leur argent, et c'est bien connu dans toutes les écoles de management, c'est dans la différence entre le paiement des marchandises qui passent tous les jours dans leurs magasins qu'elle payent à leurs fournisseurs à 90 jours fin de mois et le paiement immédiat, en cash, par leur clients aux caisses des magasins.Ces masses d'argent considérables rapportent bien entendu et c'est dans le rapport financier de cette trésorerie considérable que se trouve le profit de la Grande Distribution.

Mais,de part les règles comptables, vous ne le trouverez pas dans le compte d'exploitation des magasins...Le Business model de la Grande distribution réside dans les profits résultant des placements financiers de leur trésorerie, pas dans les bénéfices faits sur les produits vendus qui sont minimes      

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Commentaires
S
n'y a-t-il pas dans le coût d'achat du produit le coût pour la grande surface à un grossiste qui lui même à ses marges, car on ne parle jamais de revenu pour le producteur...
T
Bonjour<br /> <br /> <br /> <br /> Combien d’intermédiaires ?<br /> <br /> Le producteur (agriculteur) gagne-t-il réellement 70 à 75% comme l'indique votre tableau ?
S
Très intéressant, mais pas drôle du tout pour les fournisseurs! C'est peut-être la raison de leur gémissement.
CaDerange
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