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CaDerange
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24 octobre 2012

Le déni permanent des réalités

Je vous avais alerté sur la manière surprenante dont le gouvernement avait abordé dans les médias le problème de la compétitivité des produits français qui est quand même, à la fin du compte et qu'on le veuille ou non, un problème de prix de revient des produits que l'industrie française vend, en mettant en avant dans son discours ce qu'il appelait la "compètitivité hors coût".

Car quand vous êtes industriel et que vous avez une proposition à faire pour vendre tel ou tel matériel à l'export, ou en France face à des produits en provenance de l'étranger proche,l'Union Européenne, ou lointain, l'Asie du Sud Est, tout se termine par une proposition de prix que vous faites pour vos produits face à ceux de la concurrence. Le hors coût dont on vous rebat les oreilles en ce moment, c'est d'abord la réputation de vos matériels par rapport à ceux de la concurrence sur le plan de leur qualité supposée,de leur avance technologique, de leur durabilité, de la qualité de l'après vente et du service à la clientèle. Sans vouloir être méchant c'est une notion qui me parait venir de la frustation de nos hommes et femmes politiques d'être obligés de se contenter d'une Renault, une Citroën ou une Peugeot comme voiture de fonction plutot qu'une berline allemande comme leurs collègues étrangers qui,elle, est gorgée de competitivité hors coût!

Je plaisante mais il y a de ça dans le fondement des reflexions de nos politiques qui est quand même apparue au moment même des difficultés de PSA. Bien sur, la réputation et surtout l'image d'une Peugeot ou d'une Citroên n'a rien à voir avec celle d'une Mercédes d'une BMW ou d'une Audi, ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il y ait une grande différence dans la technique elle même de ces différents modèles. Malheureusement, seuls les français les plus riches ou favorisés par leur position sociale, nos politiques par exemple, ont accès à ces modèles et il faut bien qu'il y ait des constructeurs qui fabriquent des modèles moins "compétitif hors coût" que les berlines allemandes. De bonnes Renault, Citroên,Peugeot ou chez les étrangers de bonnes Fiat,Ford ou Opel qui curieusement ont les mêmes difficultés que les marques françaises équivalentes. Peut être qu'au lieu de s'intéresser à la moindre image de nos berlines nationales par rapport aux allemandes, nos politiques devraient davantage s'intéresser aux moyens financiers et aux revenus des français qui achètent nos berlines nationales plus modestes et sans image. En plus ils sont infiniment plus nombreux que ceux qui se payent des grosses berlines.

Oublions un peu les bagnoles car notre industrie,n'en déplaisent à nos politiques, ce n'est pas que des voitures.C'est par exemple des produits de luxe pour lesquels et grace d'ailleurs à Monsieur Arnault, c'est nous français qui avons un avantage en "compétitivité hors coût" par rapport aux produits allemands.Nos femmes ministres n'ont d'ailleurs pas l'air de s'en plaindre. Ou encore dans les alcools, vins et spiritueux où nous dominons le monde. Voire dans l'énergie(Total, EGF,GDF Suez) ou la gestion des services aux collectivités( Véolia,Suez Environnement), ou l'aéronautique. Et puis il y a des tas de produits ou productions pour lesquels l'image ou la technicité est inutile. Les céréales par exemple (hors OGM bien sur) ou les produits agricoles, ou encore les minerais, les métaux en demi produits ou transformés. Et ceux pour lesquels suivant que vous parlez du haut de gamme ou du premier prix, comme les vêtements, vous vendez de l'image ou pas!

Quand bien même vous devriez, comme le disent nos conseilleurs publics, vendre de la technologie ou de l'image, ces caractéristiques ne se construisent pas en quelques années, le temps de résoudre tel ou tel problème social. Il a fallu cinquante ans aux BMW ou Audi pour batir cette image et cette réputation et il en faudrait autant à Peugeot ou Renault pour s'établir à parité d'image avec ces constructeurs;

Tout ceci pour dire que vouloir réduire les problèmes de l'industrie française à un problème de compétitivité hors coût est d'une ineptie rare, qui existe certes mais dans certains domaines seulement, et dont la résolution demandera du temps et dans certains cas une plus grande efficacité de l'Etat lui même. Signalons par exemple qui, si nous voulions accroitre notre part de marché dans le tourisme, un gros contributeur à l'équilibre de notre balance des paiements, il faudrait commencer à faire apprendre l'anglais aux petits français dès le primaire. Et si nous manquons de technologie à qui la faute alors que notre recherche fondamentale, qui dépend quasi exclusivement de l'Etat, n'est pas particulièremnt brillante sur le plan international et que notre Education Nationale "jette" tous les ans 250 000 français sans diplomes hors des cursus scolaires et universitaires 

Alors au lieu de vouloir cacher sous le tapis alors qu'elles n'ont même pas été rendues publiques, les conclusions du rapport Gallois au profit de recommendations plus ou moins fumeuses d'ignorants absolus en matière industrielle et commerciales, attaquons nous aux vrais problèmes qui sont malheureusement aussi des problèmes de coûts liés au coût exhorbitant de l'Etat et de ses services et au coût de notre protection sociale.

Incidemment, dans cette époque de quotas, peut être faudrait il créer un quotas maximum de professeur et au contraire un taux minimum de chefs d'entreprise pour notre assemblée nationale. On ne peut pas gérer un pays dans le contexte actuel avec des gens sans aucune expérience pratique de l'économie et du commercial.                 

NB Monsieur Ayrault qui faisait partie des personnes ayant déjà enterré le rapport Gallois, a retourné sa veste cet après midi à l'Assemblée Nationale et nous a assuré que ce rapport ne ferait pas parti des 60 rapports sur le sujet oubliés dans des tiroirs. Dont acte mais nous lui signalons que, ce faisant, il se met en porte à faux par rapport au Président

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CaDerange
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