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CaDerange
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21 mai 2012

Déforestation au Paraguay et... promotion du bois en Europe?

Le Paraguay est un pays d'Amérique du sud assez peu connu, enclavé et situé aux confins du Brésil, de l'Argentine,et de la Bolivie et dont son curieux gardien de but de l'équipe nationale de football, qui jouait autant avec les pieds qu'avec les mains, a constitué, un temps, le principal titre de gloire.Ses ressources sont essentiellement forestières et agricoles et ses exportations les plus importantes sont le soja, le bois et de plus en plus la viande de boeuf. Les indiens guaranis en étaient les habitants originels avant que le pays ne passe sous domination espagnole.001

Le Paraguay est malheureusement en train de perdre sa forêt primaire au profit de la culture du soja à l'est du pays d'abord puis de l'élevage à l'ouest. C'est la  partie du Gran Chaco dont la forêt d'épineux, des siècles durant, avait résisté à toute incursion humaine qui est, petit à petit, en train de perdre une bonne partie de sa surface. En deux ans ce sont 500 000 hectares de forêt qui sont passées à la trappe sous les assauts des éleveurs d'origine brésilienne pour faire de la place pour leurs énormes troupeaux. Des hectares qui viennent s'ajouter à ceux disparus à l'est pour la culture du soja.

A ce rythme ce sont 90 pct  de la zone du Gran Chaco, -de la taille de la Pologne- qui auront disparu avant 30ans.Or comme chacun sait déforestation veut dire suppression des puits de carbones, ou pompes à CO2, que constituent les forêts du monde 

Curieusement, alors que certains pays comme le Paraguay ci dessus ou la Malaisie sont sujets à une déforestation galopante, nous sommes, nous, soumis à un certain matraquage publicitaire sur l'utilisation du bois pour construire nos maisons et nous chauffer sous le pretexte que le bois est un excellent isolant et à la fois un produit écologique ou perçu comme tel. Or, à mon sens, il est surtout écologique sur pied, position dans laquelle il absorbe du CO2, car à la combustion il émet aussi du CO2.

Nous sommes également en train de promouvoir les "pellets" de bois pour alimenter les systèmes de chauffages des immeubles dits BBC. Il est désormais coté à terme sur le marché de Rotterdam côte à côte avec...les produits pétroliers.La demande est prévue atteindre les  200 milions de tonnes/an en Europe. En France la production devrait en atteindre les 500 000 tonnes en 2012. Ces granulés sont fabriqués à partir de sciure qui est utilisé normalement pour fabriquer les panneaux de particules ou de bois forestiers de seconde catégorie mais le jour où la demande explosera...? En attendant, les prix des dit granulés ont déjà progressés de 13pct en un an et demi.  

Nous sommes même en train de convertir une partie de la centrale de Gardanne,près d'Aix En Provence, propriété de l'allemand E.ON, qui fonctionnait au charbon, en une centrale fonctionnant pour partie au charbon et pour partie au bois sous la forme des dits pellets. Celà économisera 500 000 tonnes de CO2 par an sur les 3 millions émis globalement par an. Mais cela consommera de 750 000 à 900 000 tonnes de bois pour tourner 7500 heures.Sans compter que le pouvoir calorifique des pellets étant inférieur à celui du charbon, elle perdra 150MW de puissance, de l'ordre de 30pct qu'il faudra compenser grace...au gaz?  

Mais combien de tonnes en CO2 non absorbées par les forêts provoquera cette promotion du bois ? Je suppose qu'il y a quelque part un organisme (Ademe?) qui a fait le bilan global des émissions mais dans une époque où les chiffres sont biaisés en fonction du message à faire passer - Cf le fameux calcul du puit à la roue pour promouvoir les biocarburants ou encore les économies d'émissions des voyages par train pourtant exclusivement dus au nucléaire-, j'aimerai bien les connaître car le silence est en général synonyme de dissimulation.....

Reste aussi à savoir quel programme de reforestation est couplé à cette montée en charge de l'utilisation du bois? Messieurs les écologistes, on vous écoute.   

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Commentaires
S
J'ai apprécié votre traitement du sujet, car il m'intéresse également beaucoup. Il me semble que les problèmes des forêts de zones tempérées, et ceux des forêts tropicales et équatoriales, sont très différents.<br /> <br /> Notre couverture forestière est d'environ 30% du territoire. Elle a été plus faible, et menacée, au grand siècle, par la pénurie de chênes, consommés par la construction navale. D'où la création d'une administration des eaux et forêts pour le domaine royal. La réduction de l'agriculture et de l'élevage dans les territoires les plus pauvres a permis la reconquête par les arbres de ces zones. Cette reconstitution serait depuis peu ralentie. L'encadrement administratif de l'activité du bois nous met à l'abri d'une mauvaise gestion de nos ressources. L'industrie du bois produisant beaucoup de déchets, ils sont utilisés comme énergie renouvelable sous cette forme de pellets ou de granulés. La récupération et la transformation sont en progrès.<br /> <br /> Je ne crois pas que la forêt amazonienne soit en danger. Ceux qui l'affirment ne publient jamais de photo aérienne à l'appui de leurs dires. Les images qu'on peut voir de temps en temps montrent le tapis serré des arbres. <br /> <br /> les forêts tropicales affectées par une saison sèche sont plus fragiles, mais en même temps leurs arbres n'ont pas le développement des arbres équatoriaux. Leur rôle de "puits de carbone" doit être faible. Leur défrichement pour y planter du soja leur donne une valeur ajoutée nécessaire aux hommes qui pullulent encore dans ces régions émergentes.<br /> <br /> Sauf sur les massifs décapés par l'érosion et à jamais stériles (sans travaux de reboisement méthodique), en cas de recul des activités humaines, les arbres reprennent peu à peu l'espace abandonné. Mais, bien sûr, l'homme peut aider le mouvement. Il est à la mode de ne le voir que nuisible.
CaDerange
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