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CaDerange
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26 avril 2012

Soudan: guerre de religion ou du pétrole?

Vous n'avez que rarement l'occasion d"entendre parler du Soudan dans nos médias sauf quand malheureusement des évènements dramatiques s'y passent comme le génocide du Darfour, un épisode particulièrement cruel d'une guerre civile qui a endeuillé le pays pendant trente ans.Sachez que le Président du Soudan, Omar El Béchir a été considéré par la communauté internationale comme responsable du génocide qui s'est déroulé dans le pays et est persona non grata dans la plupart des pays du monde.

Le Soudan est situé au sud de l'Egypte dans ce qui fut à l'époque des Pharaons, la Nubie.Il y a d'ailleurs eu des Pharaons nubiens. Le Nil le traverse du Sud au Nord et Khartoum, la capitale, y est situé sur ses rives. Il a accès à la Mer Rouge où se trouve le port de Port Soudan par lequel le pétrole du pays est évacué. Car le Soudan, un des pays les plus pauvres du monde, est néanmoins riche de gisements de pétroles importants.001

Les chinois et les malaisiens de Pétronas y sont particulièrement présents et la production "normale" y est de 350 000 barils/jours.

Le souhait des différents intervenants dans la pays de pouvoir exploiter ce pétrole, l'horreur devenue largement publique du génocide et la pression de l'Union Africaine,d'un ONU dans lequel pour une fois Chine et Etats Unis étaient d'accord, ont permis, divine surprise, la signature en Juillet 2011 un "accord" de partition du Soudan avec la création d'un Soudan du sud dont la capitale s'appelle Djouba ou Juba. Comment Omar el Bechir a t il signer un tel accord de partition qui le dépossède de 70 pct des gisements et des réserves de brut reste pour moi un mystère.

Car les gisements pétroliers se trouvent au centre du pays quasiment sur la frontière qui est elle même pas très bien défini. L'histoire montre, hélas, que dans tout accord de paix ou plutôt, à mon sens, de fin de guerre, les négociateurs s'arrangent toujours pour laisser une "occasion" de guerre ultérieure. Peut être pensait-il "tenir le sud" en tenant la logistique, le pipe line qui amène le pétrole à Port Soudan sur la mer rouge? Peut être pensait il que le fait que le Soudan du Sud soit un pays totalement enclavé le plaçait automatiquement en position de subordination vis à vis du Soudan du Nord?

L'accord de partage de la production totale entre le Nord pour 70 000 barils/jours et le Sud pour les 220 000 barils/jours restant et pour fixer un tarif de passage dans les pipelines sans aucun base technique à 36 dollars le baril rendait dès le départ cet accord quasi inapplicable.La perte de revenus pour Khartoum prévisageait une sevère crise économique au Nord. C'est exactement ce qui s'est passé.  

Khartoum a accusé Juba de ne pas payer ses frais de transit et a saisi 2,2 millions de barils.Juba a carrément fermé les puits et a demandé à ce que les points jamais résolus des discussions initiales de 2005 et de l'Accord de Paix Global(CPA,) dont le tracé précis de la frontière, soient résolu avant de reprendre les livraisons. Et surtout Juba a signé un accord avec le Kénya pour la construction d'un oléoduc direct jusqu'à l'Océan Indien! Dans ces conditions les choses ne sont pas prêtes de s'arranger...

Les deux gouvernements financent des milices sur la frontière et les conflits locaux ont repris dans cette zone.C'est dire que les centaines de morts et les déplacements de population sont loin d'être finis...

A suivre. 

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Commentaires
S
La guerre du Nord contre le Sud a été religieuse (musulmans contre chrétiens et animistes), avant que soient connues les ressources pétrolières. L'intérêt (des deux parties, et des sociétés pétrolières) s'est ajouté secondairement. L'Afrique n'en a pas fini avec les séquelles du dépeçage du continent par les puissances coloniales au 19ème siècle et début du 20ème. On le voit encore aujourd'hui au Mali.
CaDerange
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