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CaDerange
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14 février 2012

Campus d'excellence: Pourquoi les financer par l'emprunt?

Vous avez sans doute lu dans la presse que, ça y était, nous avions décidé quelles universités françaises allaient être promues au rang de Campus d'Excellence.Il s'agit de campus de très haut niveau de recherche et de qualité d'enseignement capables de rivaliser avec ceux des grandes universités américaines, britannique voire chinoises. Les Harvards, Stanford ,MTI, Berkeley, Oxford, Cambridge  etc de France! Une décision qui entérine le fait que nos universités sont de qualité très moyenne comme l'a révélé le classement de Shangai.

Etonnant tout de même qu'il ait fallu attendre un avis extérieur au pays sur la qualité de notre enseignement supérieur universitaire, pour s'apercevoir de sa médiocre position en recherche et, au delà, en enseignement de haut niveau, non? Encore avons nous mis en doute et combattu aprement ce classement de Shangai qui, bien sur, ne savait pas reconnaitre à sa juste valeur la specificité française. La controverse est terminée néanmoins et le gouvernement a décidé que la France devait posséder des Universités de très haut niveau  et reconnue comme telles.

Il a fallu pour cela que nos universités existantes définissent des projets éducatifs et scientifiques de haut niveau et qu'elles les défendent devant un jury international parmi lequel siégéaient Philippe Aghion, professeur d'économie à Harvard, ou Jean Marc Rapp, Président de l'Européan University Association. Moyennant quoi, les Universités reconnues percevraient des dotations conséquentes pour réaliser leurs projets puisque de l'ordre de 700 à 800 millions d'euros.

Seul inconvénient à mon sens de cette Initiative d'excellence, Idex, comme elle a été appelée, elle sera financée...par l'emprunt. Alors que l'éducation fait partie des fonctions régaliennes de l'Etat et devrait donc être financée sur ses fonds propres. Car sinon, une fois consommé l'argent apporté par l'emprunt, comment pourrons nous poursuivre le fonctionnement normal et les développements ultérieurs de cet ambitieux système sur le budget normal que financent nos impots?

Espérons qu 'il s'agisse d'une remise à niveau spot de nos universités pour en amener certaines au niveau mondial et qu'ensuite tout cela pourra fonctionner sur la base des budgets classiques. A moins qu' on ne fasse payer des inscriptions annuelles conséquentes pour pouvoir suivre ces enseignements comme c'est le cas dans la plupart des pays étrangers ou dans nos écoles françaises de management. Car en France, curieusement les écoles d'ingenieurs sont quasi gratuites, celles de management payantes. Un pays d'ingénieurs on vous dit!

En deux passes, il a ainsi été désignées 8 Universités d'excellence, celles de Paris Sciences et Lettres, de Bordeaux, de Strasbourg,de Sorbonne-Universités, Sorbonne-Paris Cité,de Saclay,d'Aix-Marseille et de Toulouse.En clair la région parisienne bien servie, le sud est et ouest, et Strasbourg.Si vous habitez le Nord, la Bretagne, le Centre ou Rhône-Alpes, pas de chance vos enseignants chercheurs n'ont pas été capable de s'entendre pour batir un projet qui tienne la route et il vous faudra  envoyer vos enfants étudier ailleurs si vous voulez réellement qu'ils aient des professeurs d'excellence.

Reste à prouver maintenant que ces conglomérats un peu hétéroclites puissent fonctionner, en particulier dans la durée. Et pour cela un juge de paix,..le classement de Shangai bien sur.

A suivre...

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Commentaires
S
Un manque "cruel" d'ingénieurs était évoqué ces jours-ci. Il faut dire qu'avant la crise, nos diplômés des grandes écoles trouvaient des emplois juteux de traders dans les banques. "On" espère que la crise et les dispositifs de contrôle des banques vont en faire revenir vers l'industrie. Car, finalement, "sur le papier", nous n'en manquons pas. Mais, en difficulté, notre industrie n'a pas les moyens de les payer à leur juste valeur.
S
Le projet d'autonomie des université faisait partie du programme de Nicolas Sarkozy en 2007. Le temps qu'il mette son projet en place en passant outre aux résistances des intéressés, la crise est venue affaiblir les économies des pays occidentaux. Le grand emprunt faisait partie d'un plan de relance par l'investissement, et l'amélioration qualitative des universités en faisait partie. Pour remonter dans l'échelle de classement, il faudra montrer des progrès éclatants, ce qui n'est pas encore le cas, sans doute. Mais, même le "Monde", dans un article récent, reconnait un bilan prometteur de la réforme. L'autonomie des universités, c'est précisément leur faire quitter le champ des responsabilités "régaliennes".
CaDerange
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