Stockage de l'électricité: Et en passant par l'hydrogène?

Vous savez si vous suivez régulièrement ce blog que l’équilibre entre la demande  d’électricité et sa production doit être assuré à tout instant. Le processus traditionnel de distribution de l’électricité la distribue dans un seul sens des centrales de production vers les millions de foyers, bureaux et usines consommatrices. Or l’arrivée des énergies renouvelables, mais intermittentes, va bouleverser ce bel équilibre d’une part en multipliant sur le réseau les sources de production nouvelles et d’autre part en introduisant le facteur « intermittence » dans l’arrivée sur le réseau de ces nouvelles sources de production.

Il va donc falloir introduire dans les réseaux des capacités de stockage de l’électricité. C’est déjà le cas avec la pratique de remonter de nuit lorsque les centrales nucléaires ont de l’excédent de production disponible, de remonter de l’eau dans les barrages qui sera « turbinée » à nouveau quand le besoin s’en fera sentir. 

Avec l’éolien et le solaire qui vont arriver en masse à moyen terme, il va falloir renforcer considérablement les possibilités d’équilibrage demande/production. D’où les travaux entrepris un peu partout en Europe pour interconnecter les réseaux, qui l’étaient assez peu jusqu’à présent et la réflexion entreprise pour renforcer les moyens de stockage par différentes techniques. Ce seront des investissements lourds auxquels nous seront confrontés et qui se retrouveront dans votre facture d’électricité. 

Cas particulier néanmoins, le cas des îles, comme la Corse, qui du fait de la petitesse de leurs réseaux peuvent difficilement accepter la multiplication de sources intermittentes de production. C’est pourquoi on vient d’y inaugurer surplombant le golfe d’Ajaccio une centrale photovoltaïque de faible puissance, 560 Kwatt à partir de 3700m2 de panneaux solaires, couplée à une installation de stockage originale,Non pas des batteries classiques électrochimiques mais une plateforme baptisée Myrte qui produit de l’hydrogène en électrolysant de l’eau avec l’électricité produite en période de forte production et faible demande, l’après midi essentiellement, et la restitue en alimentant en hydrogène 4 piles à combustible d’une puissance de 100Kwatt. 

C’est le CEA et une filiale d’Areva spécialisée dans la technologie de l’Hydrogène, Helion, qui ont monté cette plateforme prototype de production et stockage d’hydrogène et de mise en oeuvre de piles à combustible pour refabriquer de l’électricité à nouveau. Il leur en a couté, et à nous tous, 21 millions d’euros. 

Avantage du procédé il est totalement propre. Désavantages, on autoconsomme une partie de l’électricité photovoltaïque, à hauteur d’une puissance de 100KWatts, soit un cinquième de la production maximale,  pour casser la molécule d’eau et son rendement est inférieur à celui d’accumulateurs classiques, 35pct au lieu de 45. Enfin stocker de l’hydrogène reste une activité qui présente quelques risques.

Il faudra sans doute quelques années pour faire le bilan économique d’une telle installation. On constate néanmoins qu’il s’agit d’une unité complexe et coûteuse (même si son efficacité est amenée à s’améliorer dans le temps) et que derrière la notion d’énergies renouvelables se cachent de redoutables contraintes d’exploitation et de surcoûts.

Comments

[Sceptique]

Cette installation est sans doute plus nécessaire en Corse qu'ailleurs. Mais sur la question du coût, on ne refuse rien au plus beau mais au plus infidèle de nos départements. Quant au risque d'explosions, justement, il aime ça!