Interview du Président: attitude des médias
Je viens comme beaucoup de français, d'écouter l'interview de notre Président sur TFI qui nous reportait le détail des négociations sans fin qui viennent de se dérouler depuis Juillet(!!) pour "sauver l'Euro".Je suis plutôt bon public et pars du principe que celui qui s'exprime est honnête et fait l'effort de nous informer de ce qui se passe en direct parce que ça a une importance pour nous dans notre vie quotidienne. Quand j'écoute les commentaires d'après intervention, j'ai l'impression plutôt qu'il s'agit d'un match à mort à qui tuera l'autre, particulièrement en cette période prélectorale. Si c'est ça l'avantage de la démocratie, je ne pense pas que c'est ce qu'elle a inventé de mieux.
Mais si je peux comprendre ce jeu entre hommes politiques qui gigne la place de l'autre, je ne vois pas bien pourquoi nos journalistes se prêtent à ce jeu gratuit de vouloir mettre sans cesse l'interviewé en difficulté. Nous sommes, particulièrement en ce moment sur des sujets sérieux, l'avenir de l'Union Européenne et de la zone euro tout de même, pour qu'il ne soit pas utile de transformer un interview relativement grave en jeu télévisé!
Or c'est l'impression que l'on retire de la manière dont il fut mis en scène. Les interviewers? Des duétistes qui ressemblaient au couple de gendarmes qui vous arrètent pour une infraction au code de la route. Le sympathique, d'habitude bien en chair, qui aimerait bien vous éviter l'amende mais qui ne peut pas parce que son compère est le méchant, souvent à moustache et l'air sévère, qui est là pour appliquer la loi sans faiblir ni compréhension. En l'occurrence JP Pernaud pour le bon aux yeux qui se mouillent d'avance en vous regardant vous enferrer dans vos explications vaseuses, et Y Calvi pour le méchant qui veut vous faire avouer votre faute ignoble.
On peut aimer ou ne pas aimer. En ce qui me concerne j'avais l'impression que la situation économique dont il allait être question était suffisamment sérieuse pour se passer d'une telle mise en scène. Après tout "on "ne cherchait pas à faire de l'audience, j'espère. Imaginez Churchill en quarante promettre du sang et des larmes aux anglais avec deux interviewers du même tonneau. Ca ferait un peu déplacé non? Bien sur nous ne sommes pas, et heureusement, dans la même situation mais demandez au grecs si, pour eux, il ne s'agit pas de larmes et n'oublions pas que nous sommes les suivants sur la liste des pays en situation difficile.
JP Pernaud a bien joué son rôle de bon "passeur de plats" égal à lui même. Y Calvi a joué les méchants mais à mon sens en surjouant le rôle et en insistant lourdement sur des sujets sans intérêt dans les circonstances. Fallait il vraiment poser 5 fois la même question sous des formes différentes sur la candidature du Président aux prochaines élections presidentielles alors que de toute évidence il lui était impossible de répondre sans affecter les négociations toujours en cours et le sort de la Zone euro? Imaginez qu'il dise ne pas se présenter et Hu Jintao ne le prend même plus au téléphone dès demain ou au contraire je me presente et demain il est en campagne. Comme il l'a dit il a un vrai travail à faire et, à mon sens, ce n'était pas le moment de mettre en scène l'interview comme un vaudeville. J'aurais mal vu d'ailleurs, François Mitterrand, que vous avez sans doute vu rembarrer vertement un journaliste,se prêter à un tel jeu de la chance.
J'aime bien Yves Calvi qui sait montrer ses compétences économiques dans son émission "C'est dans l'air". Pourquoi faut il qu'il se sente obligé de jouer les pères fouettard à cette occasion parce qu'il interviewe le Président, je ne sais?En tous cas il ne brille pas dans le rôle.
Maintenant peut être suis je naif et l'ensemble du show était organisé d'accord parties sur ce style là pour...dédramatiser.Sait on jamais dans ce mode de manipulation médiatique permanente....
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)