Des recherches sur l'efficacité des enseignants ?

Effectivement, il y a dans le monde des recherches en cours pour évaluer, mesurer donc, et améliorer en fin de compte, l'efficacité des enseignants. Ce n'est pas en France où l'évaluation des professeurs est "réservé" à leurs pairs du corps des inspecteurs et où c'est un acquis culturel que les enseignants sont les seuls à posséder le "savoir enseigner", la fameuse pédagogie. Pourtant, la première question que posent des parents à leur fils ou filles au retour de sa journée de rentrée, c'est de connaitre les noms de ses professeurs pour juger s'il/elle est dans une "bonne" classe ou non et si ses professeurs sont des bons.

Tellement la qualité de l'enseignement est importante de nos jours pour l'avenir de nos enfants et donc pour leurs parents.

L'équivalent le plus proche de la pédagogie dans le privé, c'est la qualité du management, le "savoir diriger" les hommes au lieu du savoir enseigner que je mentionnais plus haut. En a t on fait des études et des recherches sur la science du management et en a t on reçu des formations à la gestion des hommes, à la transmission de l'information, aux différents types de captation des savoirs par les êtres humains. Et par contre nous n'en ferions pas dans ce secteur tout aussi important pour les êtres humains que la captation du savoir académique?

C'est le progarmme américain "Measure of Effective teaching Project", qui a été lancé en 2009, est soutenu par des institutions prestigieuses là bas dont Harvard et Stanford et est financé par la fondation de Bill et Melinda Gates.En quoi cela consiste t il?A enregistrer des milliers de  cours et de professeurs pour identifier la "valeur ajoutée" apportée par l'enseignant qui fait que son cours est mieux ressenti par les élèves que celui tel ou tel de ses collègues. Identifier également le type de pédagogie qui convient le mieux à telle ou telle population d'élèves, à telle ou telle matière aussi et essayer d'apparier les unes aux autres.

La méthode consiste à faire remplir des grilles de notation pour chaque enregistrement par différents observateurs, professeurs chercheurs et même élèves.Grilles de notation qui doivent être particulièrement étudiées, discutées et corrigées pour s'assurer de l'objectivité des conclusions qui en seront tirées. Moyennant quoi on espère découvrir ce qui fait l'excellence de telle ou telle pratique et les transmettre aux futurs enseignants.

Ce qu'il en ressort pour l'instant c'est que la qualité majeure d'un enseignant d'excellence, c'est sa capacité à animer un cours, à le rendre aussi intéractif que possible. Ce sont plus la personnalité et les méthodes d'enseignement du professeur que l'excellence de son savoir qui ferait la différence. La structuration des cours, la répétition des concepts,l'affichage des objectifs, la manipulation des nouveaux concepts dans des exercices immédiats et l'interactivité des cours sont des élements essentiels. La formation initiale,et l'ancienneté sont relativement moins importants, l'inné et le subjectif plus important que la savoir académique. Redoutables conclusions, n'est ce pas?

En France où les syndicats sont opposés violemment à la seule évaluation des professeurs il y a bien eu un rapport Pochard en 2008 sur le sujet mais il a été rangé de suite dans un tiroir. Aujourd'hui c'est le CAS, Centre d'Analyse Stratégique, qui reporte directement au Premier Ministre, qui s'y intéresse et vient de sortir une note d'analyse sur l'influence des professeurs sur l'acquisition des connaissances.Il en conclut qu'il existe bien un effet enseignant mais qu'il ne joue que sur 10 à 15 pct des écarts de résultats observés en fin d"année.

On ne conteste plus l'importance de ce paramètre et c'est l'intéraction entre élèves et profresseurs qui semble être la clé de cet "effet enseignant" qui, d'après le rapport, est plus important que l'effet établissement. Reste donc à développer les capacités des enseignants dans ce domaine, dans leur cursus d'étude et tout au long de leur carrière et peut être en tenir compte dans l'évaluation et la notation des professeurs. Car un licencié ou maitre avec de très bonnes capacité d'animation est peut être globalement plus efficace qu'un agrégé qui n'en dispose pas.

Le CAS suggère même que l'augmentation de cette efficacité pédagogique serait potentiellement supérieure à la diminutioin des effectifs par classe( ou pourrait compenser leur accroissement). Le "more through less","faire plus avec moins" qui a été un des credo du secteur privé dans leur recherche de l'accroissement de la productivité.

Une note d'analyse assez provocatrice donc et qui a donc le risque de terminer également dans un tiroir, mais qui a le mérite d'exister et de soulever des questions qui ne sont pas anecdotiques sur la qualité par rapport à la quantité, sur la manière de développer le "talent d'enseigner" et sur l'évaluation des professeurs...     

Comments

[Sceptique]

L'efficience des enseignants, à tous les niveaux, est un problème aussi ancien que la fonction (qui n'a pas commencé avec l'Éducation Nationale).
Il y a une valeur sûre, la conscience professionnelle, se traduisant par une bonne préparation des cours. Un supplément aléatoire, le talent, le charisme, qui font qu'un professeur subjugue sa classe, est écouté avec respect.
Ce que sait de la classe le professeur qui va la prendre en charge est très important. Expérimentalement, on a constaté qu'une classe annoncée comme constituée de bons éléments avait de meilleurs résultats que si elle était présentée comme majoritairement médiocre.
Qu'en est-il de la transmission spontanée de ces informations déterminantes entre professeurs qui se succèdent? Ne sont-ils pas enclins à se transmettre les "galères" qu'ils ont vécues?
Même si les évaluations des professeurs ne peuvent être probantes, en raison de leur subjectivité, elles restent un droit de la République, leur employeur. Ce qui serait à discuter, ce serait la méthode.

[Gerboise]

A mon humble avis, cette note risque de soulever ,certes, des questions mais aussi et surtout, des foules d'enseignants dont on connait le caractère particulièrement et farouchement rétif à tout ce qui touche, de près ou de loin, à leurs prérogatives, leur statut et ... leurs avantages acquis !