Energies renouvelables: la domestication des forces marines....
Même si nous ne les avons pas encore totalement apprivoisées, nous savons désormais bien profiter du vent et du soleil. Il est par contre une énergie que nous maîtrisons moins bien, celle des vagues, de la houle et des courants marins, plus globalement celle de la mer.J'ai eu l'occasion dans ce blog de faire le point de temps en temps sur l'évolution de ces techniques dont une dernière fois dans un article du 28 juillet 2008 que je vous invite à relire si vous êtes intéressés par ce sujet.
Nous étions un temps en France des précurseurs dans l'exploitation de l'énergie des marées avec l'usine marémotrice de la Rance qui exploitait une des hauteurs de marées les plus fortes du monde, encore renforcée par l'étroitesse de l'embouchure de cette rivière.L'usine est toujours exploitée mais l'expérience n'a pas été renouvelées du fait de différents inconvénients répértoriés sur ce site, l'abrasivité du sable très couteuse pour les aubes de turbines et l'impact écologique sur la faune en amont de l'installation.
De nos jours les grands experts en domestication des forces marines sont les américains et les britanniques du fait d'une mer tout au nord de l'Ecosse particulièrement agitée, de la disponibilité d'une structure d'essais en vrai grandeur, the European Marine Energy Center, EMEC, de nombre de sociétés qui se sont lancées dans le développement de tels systèmes comme Pelamis, Ocean Power ou OpenHydro et de l'intérêt traditionnel des autorités britanniques pour tout ce qui concerne la mer.
En ce qui concerne la domestication de la houle, l'aventure de Pelamis et de ses "serpents" flottants continue.A l'étude pour la ferme à vague d'Aguçadoura au large de la cote portugaise au nord du pays, une expansion jusqu'à 20GW en plusieurs phases en passant aux machines Pelamis 2 en cours d'essai au iles Orkney.
Deux autres projets de fermes nouvelles sont en cours, celui de Bermera et celui de Farr avec des capacités de production de 10 à 20MW en plusieurs phases d'installation.L'important c'est l'intérêt d'acteurs majeurs pour ces machines Pelamis comme les compagnies allemandes E.ON et Vattenfall et la Scottish Power Renewable.
Deux machines commes celle çi sont en essai à l'Emec l'un pour E.ON et l'autre pour la Scottish Power Renewable. Au terme de ces essais et s'ils sont concluants, ce matériel devrait être celui utilisé pour l'expansion d'Aguçadoura et ceux des deux champs ci dessus.Scottish Power a un plan d'installation de 66 de ces machines
Un autre projet est en cours avec Aegir, une joint venture avec Vattenfall pour une ferme expérimentale aux Iles Shetland pour 10MW de capacité et 14 machines.
Autre technique avec les installations de bouées autonome de production d'énergie de 150 KW de capacité avec la technique d'Ocean Power. Installé dans le cadre d'un programme de la marine américaine baptisé Leap dans un premier temps à la base de Marines de Hawai, une seconde bouée du type PB150 ci contre à été installé en août 2011 au large du New Jersey. Elle a eu l'occasion de subir les assauts de l'ouragan Irene et de résister à ses vagues de 15 m de haut sans interruption de son fonctionnement et de sa production d'électricité
La Marine américaine a un engagement de produire au moins 50pct de son électricité sur ses bases à partir d'energies renouvelables
Un autre projet visant à installer plusieurs bouées de ce type au large de la cote cantabrique en Esqagne est en cours avec Iberdrola, l'énergéticien espagnol le plus impliqué dans les énergies renouvelables.
Autre technique enfin, celle des Hydroliennes, ces unités de génération d'électricité à partir des courants sous marins. Plusieurs concepts de générateurs s'affrontent développés par différentes sociétés dans le monde dont OpenHydro qui est la société irlandaise choisie par EDF pour son premier et important projet de production d'électricité hydrolienne.La photo ci contre vous donne une idée de à quoi ressemble une hydrolienne.
C'est une gigantesque turbine de ce type 16 mètres de diamétre et pesant 700 tonnes qui va être immergée au large de l'Ile Bréhat, le site choisi dans les Côtes d'Armor pour la force de ses courants sous marins, par 35 m de fond.L'héritière en quelque sorte de celles de l'usine marémotrice de la Rance.
Elle a été monté à Brest par la DCNS, les chantiers de construction navale nationaux, qui a pris une participation dans OpenHydro, et est la première de quatre machines de ce type qui seront installées entre Paimpol et Bréhat.
Dans un premier temps il s'agit d'essayer la turbine pour définir ses conditions de fonctionnement en fonction de la vitesse des courants,son rendement et ses 'petits defauts' à améliorer pour les modèles suivants. elle est prévue avoir une puissance de 500W et pouvoir à terme produire de l'electricité à un cout comparable à celui des éoliennes de haute mer.
A plus long terme, et sous réserve que les inconvénients rencontrés à la Rance, corrosion et usure rapide des pales, soient surmontées, l'ambition est de créer éventuellement une filière énergétique sous marine.
Comme traditionnellement en France, où sévit plus particulièrement le complexe NYMBY, Not in my Backyard, Pas dans mon jardin, il a fallu négocier avec les pêcheurs et les associations de défense de l'environnement. C'est parti en tous cas et nous souhaitons en tous cas toute réussite à ce projet unique au monde qui nous rappelle le temps où nos sociétés faisaient feu de tous bois pour demontrer au monde la technicité française, même si, parfois, ce fut avec des fortunes diverses(cf Concorde).
Un grand Bravo à EDF Energie Nouvelles et la DCNS pour cette première mondiale.
A suivre