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CaDerange
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28 décembre 2010

Astrid :le retour de l’énergie sans limite ?

J’ai eu l’occasion dans un message du 5 mai 2007 de faire le point pour vous sur le programme international de développement des réacteurs nucléaires  de quatrième génération, appellé Forum Génération 4, un programme international fondamental qui vise à  définir le type de réacteur le plus approprié pour remplacer les réacteurs nucléaires existants dans le monde qui sont du type à neutrons lent et à eau pressurisée pour en assurer le refroidissement. La France  a choisi, dans le partage du travail à effectuer sur les différents types de réacteurs, celui qu’elle connaissait le mieux pour avoir travaillé dessus du temps de Super Phenix , le réacteur à neutrons rapides et refroidissement au Sodium.

Les techniciens, qui travaillent dans l’ombre quand les autres défilent, semblent avoir fait de grand pas en avant et avoir réussi à montrer que les neutrons rapides sont exactement ce qu’il nous faut puisqu’on en parle maintenant comme du premier exemple de filière nucléaire « durable ».Pourquoi ? Parce que ce type de réacteur permettra d’éliminer des déchets radioactifs à durée de vie très longue que l’on ne savait jusqu’à présent pas éliminer sauf à attendre qu’ils disparaissent d’eux mêmes après des dizaines de milliers d’année.

Je veux parler des actinides qui sont des résidus  de la réaction de fission produits en très faibles quantités au coeur d’un réacteur. Ils ont nom Neptunium, Curium ou Américium. Or des expériences ont montré que, soumis à un environnement de neutron rapide, l’Américium, l’actinide à durée de vie la plus longue, se transmutait rapidement en composés à radioactivité faible et durée de vie courte. Un réacteur à neutrons rapides permettrait donc d’éliminer à terme ces déchets actinides et ne produirait plus que des déchets « gérables » par stockage sous terre, c’est à dire pas plus radioactifs que l’Uranium naturel et d’une durée de vie limitée à 300 ans.

Autre avantage de ce nouveau type de réacteur, il permettrait de multiplier par 100 le combustible disponible à la surface du globe en rendant possible l’utilisation de l’Uranium 238 qui constitue 99 pct du minerai d’uranium naturel. En d’autres termes, la date de 2050 à partir de laquelle commencerait à se poser des problèmes de disponibilité de combustible pour le parc de centrales existant serait repoussée considérablement. La France avec son parc de centrales converties aux neutrons rapides aurait ainsi devant elle 5000 ans de fonctionnement au régime de production actuel.

C’est dire que l’enjeu du développement de la quatrième génération de centrales nucléaires est  très spectaculaire. De l’énergie peu couteuse pour 5000 ans et quasiment plus de déchets très actifs et à longue durée de vie ! Dans ces conditions, on peut même se demander s’il l’option de l’étude de la domestication de la fusion nucléaire dans Iter , très couteuse et très difficile techniquement, ne devait pas être repoussée à des temps plus favorables.

Il reste néanmoins à passer de la théorie à la faisabilité industrielle et ce sera le rôle d’Astrid, pour Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration, le réacteur de démonstration qui doit prouver la faisabilité industrielle du réacteur à neutrons rapides. Pour ce faire le CEA et Areva viennent de signer l’accord qui permettra à 350 chercheurs de travailler jusqu’en 2017 sur ce concept, en parallèle avec les équipes de recherches qui, dans d’autres pays du monde, travailleront sur d’autres versions du réacteur de quatrième génération.

L’espoir de l’énergie sans limite qui depuis quelque temps avait pris du plomb dans l’aile, est de retour. Souhaitons donc pleine réussite à ces chercheurs modestes et à leurs travaux, car s’ils réussissent nous aurons peut être la réponse que tous les écologistes du monde ne nous ont pas donnés au problème de savoir comment nourrir les 9 milliards d’habitants de la planète en 2050 et accessoirement de maitriser le réchauffement climatique.

A suivre absolument

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CaDerange
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