Partenariat EDF/Areva: Encore un mariage de carpe et de lapin?

Nous avons déjà eu dans le paysage industriel français un mariage de carpe et de lapin avec la fusion de la Snecma, producteur de moteur d'avion, et de la Sagem producteur de matériels electronique militaires et de téléphones portables. Il avait été initié à l'époque dans les années 2004/2005 par ...Nicolas Sarkozy alors Ministre des Finances et de l'Economie. Qu'en est il advenu? Rien, Safran, la société résultante, a fini par se débarrasser péniblement de l'activité téléphone portables et a conservé les activités électroniques qui se rapprochaient de son activité.

J'ai l'impression que le partenariat EDF/Areva, initié par l'Elysée, risque fort d'être du même tonneau car il porte en lui les mêmes défauts. Il découle de la claque prise lors du contrat perdu pour le marché des centrales nucléaires d'Abu Dhabi face aux Sud Coréens. Les raisons en étaient certes des questions de personnes et sans doute d'une certaine suffisance "à la française" bien connue mais surtout d'une offre de matériel inadapté avec l'EPR, trop gros, trop cher,et pas vraiment prouvé en utilisation. D'ailleurs, quand vous lisez dans la presse les retards accumulés et les dépassements de budget des EPR en construction, si vous étiez un responsable d'Abu Dhabi, regretteriez vous votre choix pour le materiel simple et prouvé des Sud Coérens?

Depuis la situation a empîré avec la nomination d'un Henri Proglio à fort égo à la Direction d'EDF qui ne jure que par SA stratégie,qui passe par l'absorption d'Areva et le leadership d'EDF sur toute la filière nucléaire française. Sa mésentente avec Anne Lauvergeon est de notoriété publique, une Anne Lauvergeon qui cherche sa voie avec l'autre électricien Français GDF Suez et avec Mitsubishi avec lesquels elle développe un modèle de réacteur de plus faible puissance et mieux adapté à certains marchés l'ATMEA.

Cerise sur le gateau, on a confié à l'ex Président d'EDF, Monsieur Roussely, le soin de faire l'étude stratégique de l'avenir de la filière. Un Président dont on peut dire qu'il n'a pas été vraiment performant en stratégie si l'on se réfère aux engagements malheureux d'Edf en Amérique latine, voire en Italie. Il paraissait évident qu'en tant qu'ancien d'EDF, il allait être fortement biaisé en faveur de son ancienne société.

Le résultat? Un "partenariat" EDF/Areva annoncé à grand renfort de trompes médiatiques. Un "chiffon de papier" pour l'instant pour faire travailler ensemble les deux ennemis intimes et leurs équipes...Mais qui doit se traduire ultérieurement par une prise de participation au capital d'Areva de 15pct par l'intermédiaire d'une augmentation de capital de ce dernier. Car Areva manque d'argent pour financer son développement et son actionnaire principal, l'Etat, n'en a plus.On a donc fait en sorte qu'Areva revende son secteur T&D Transport d'électricité à son ancien propriétaires, Alstom. Ce n'etait pas idiot.

Malgré cela il en manque encore au pot! On aurait pu faire appel au FSI ou encore faire entrer Areva dans le cadre du grand Emprunt. On a préféré faire appel à un surendetté, EDF, lourdement chargé par son achat de  British Energy . Qu'en penseront les agences de notation? On verra bien.Que devient GDF Suez dans cette bataille, sacrifié sans doute sur l'autel d'EDF mais il a heureusement choisi d'autre voies plus internationales et moins influencées par les franchouillardises. Ce n'est peut être pas plus mal pour lui. 

Je crains quant à moi, que ce méccano forcé sous haute influence gouvrnementale ne se termine comme celui de Safran par une bataille entre dirigeants des soi disant partenaires. A moins que Sakozy ne se décide finalement à sacrifier Anne Lauvergeon sur l'autel Proglio.

Enfin que devient un laissé pour compte pourtant important, Mitsubishi, auquel le premier Ministre en voyage officiel au Japon promettait publiquement une entrée chez Areva et qui développe avec lui un réacteur apparemment plus adapté au marché que notre EPR? Pas vraiment un partenaire?