Rémunérations variables: les entreprises ont des doutes?

Les bonus des traders sont la partie émergente des systèmes de rémunérations variables qui se sont popularisés depuis 50 ans pour rémunérer les personnels des entreprises, cadres en particulier.Ce sont les forces de ventes qui ont été les premières à en bénéficier pour la bonne raison que l'instrument de mesure du dynamisme d'un commercial était facilement disponible, son chiffre d'affaire, et irréfutable.

On est passé de systèmes simples, comme la rémunération à la commission, à des systèmes de plus en plus compliqués avec part de salaire fixe et part de salaire variable à différents niveaux, puis à l'extension des performances mesurées à des élements plus subjectifs au fur et à mesure que l'on étendait le disposiitf à des fonctions non commerciales, techniques comptable juridiques etc, voire à des élements de performance collectifs.

Les systèmes les plus courant portent sur trois élements de performances, le chiffre d'affaire dans 70pct des cas,les volumes de ventes, la marge brute réalisée, la satisfaction de la clientèle ou toute combinaison à des taux divers de ces indicateurs de performances.Le malheur c'est qu'il  est devenu de plus en plus difficile de mesurer l'impact réel sur les ventes et les résultats au fur et à mesure de la complexification du système et de son extension à toute formes de fonctions.

Un enquète récente faite par le spécialiste international des rémunérations, Hewitt Associates, sous le titre Européan Sales Compensations 2009, vient de montrer que sur 138 entreprises interrogées dans l'Union Européenne, 41pct doutaient de l'efficacité de leurs systèmes de rémunération variable, voire les jugeaient carrément inefficaces!

La tendance est justement à la vérification de la viabilité de ces systemes, à celle de la pertinence des indicateurs de performances choisis, à la clarification  et à la simplification des processus de fixation des objectifs et des objectifs eux mêmes. Bref à une certaine rémise en cause de ces systèmes.

Transmis à notre Ministre du Budget au moment où notre administration s'engage, avec trente ans de retard, dans la mise en place de tels systèmes incitatifs, pour qu'il soit extrèmement prudent vis à vis d'un système qui a généré autant d'effets pervers que de satisfaction. Car sinon, cette mise en place dans un domaine où il est quasiment impossible d'établir des objectifs qui ne soient pas subjectifs, pourrait bien se transformer en une simple augmentation supplémentaire. Nos syndicats et la hiérarchie administrative étant très habile à saisir toute possibilité de rémunération supplémentaire, comme le prouve la pratique du "coup de pouce" aux salaires quelques mois avant retraite, très répandue dans l'administration.