Le Japon sauvegarde ses Sushis.

Le Japon était sous la menace constante de perdre ce qui est l’un des fleurons de sa culture culinaire, les sushis, et leur matière première principale, le thon rouge, dont il consomme 80 pct des prises mondiales. Or le thon rouge, victime de ce fait de la surpêche, est une espèce menacée de disparition.

En quoi cela nous concerne t il, nous, français, me direz vous? C’est que nous sommes un des fournisseurs en thon rouge du Japon grâce à notre flotte de bateaux de pêche dit senneurs, d’énormes thoniers basés dans le port de Sète qui pèchent le thon rouge en méditerranée lorsque celui ci vient y frayer. Depuis longtemps déjà  des quotas de pêche avaient été fixés par l’ICCAT, la Commission Internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique, un organisme composé de représentants des pécheurs aux décisions forcement biaisées, mais personne ne les faisaient respecter en mer.

Face aux informations scientifiques inquiétantes sur la survie de l’espèce  dont la capacité de reproduction est tombée en vingt ans de 200 000 à 60 000 tonnes, aux abus des pêcheurs  qui dépassent largement leurs quotas sans vergogne et à l’incapacité des Etats à les faire respecter, les pays soucieux de préserver les thonidés avaient décidé de porter la question devant un organisme des Nations Unies chargé de réguler le commerce des espèces sauvages, le Cites( Convention sur le commerce international des espèces sauvages) qui se réunit tous les trois ans. Le Cites ne s’occupe pas  de décompter les espèces menacées de survie qui est du ressort des états, mais il a le redoutable pouvoir d’interdire la commercialisation internationale totalement (espèces dites annexe 1) ou sous strict contrôle de quotas(espéces dites annexe 2).C’est ainsi qu’il a interdit le commerce de 530 espèces d’animaux et de 300 plantes et mis  32 000 autres espèces sous contrôle draconien. De plus, s’il est très difficile de contrôler en mer les prises des thoniers, il est relativement plus facile de trouver trace des transactions commerciales entre pays.

C’est la principauté de Monaco au passé maritime et écologique connu( Souvenez vous du Cdt Cousteau) qui a mené la charge à la Convention du Cites qui vient de se tenir à Doha au Qatar. L’Union Européenne en entier s’était prononcé pour l’interdiction du commerce du thon rouge ainsi que les Etats Unis . Que croyez vous qu’il arriva ? Ce fut le Japon qui gagna la bataille par 68 voix contre l’interdiction du commerce du thon, 20 pour et trente abstentions. Ouf ! Les sushis étaient sauvés.

Je vous laisse deviner l’intensité du lobbying du Japon dans les couloirs pour gagner à leur cause les 67 autres pays qui ont votés avec lui. On peut imaginer aussi le désastre national qu’aurait été une telle interdiction sur l’archipel Nippon dans lequel la culture des sushis est tout aussi emblématique que celles…des Sumos.

Curieusement, les comptages récents effectués en Méditerranée durant l’automne 2009 ont donné des résultats inattendus avec d’importantes concentrations de thons sexuellement matures (20 à 30kg) repérés dans le golfe du Lion. Au point que la densité observée en 2009 était double de celle observée dans les campagnes 2000/2003. Certains chercheurs ont de ce fait remis en cause la méthodologie de ces comptages et des mesures des stocks de poisson. Info ou Intox, nul ne sait. En tous cas cette annonce juste avant la conférence de Doha arrivait à point nommé pour soutenir le Japon et ses sushis.

A suivre, donc…