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CaDerange
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5 février 2010

Réduction des dépenses: Info ou intox?

Enfin voila que nos gouvernants s'intéressent subitement à l'équilibre de nos finances publiques !! Non seulement aux déficits budgétaires annuels que nos hommes politiques ont régulièrement votés tous les ans depuis trente ans, que l'activité économique soit délicate ou florissante, mais aussi à la dette accumulée de ce fait tout au long de ces années et enfin aux mesures à prendre pour ramener et les uns et l'autre dans les clous de Maastricht qui, rappellons le, sont d'un déficit budgétaire maximum et d'une dette ne dépassant pas respectivement les 3pct et les 66pct du Produit Intérieur Brut du Pays( de l'ordre de 1850 milliards d'euros).

Le Président Sarkozy vient de convoquer à ce sujet une Conférence nationale sur le déficit à laquelle il aurait souhaité la participation de tous, tellement il lui semble essentiel de disposer d'un consensus de tous les partis pour que ce gigantesque effort se poursuive pour toute la durée des 15 à 20 ans nécessaires pour y arriver, et ce quels que soient les partis au gouvernement. Une approche consensuelle à l'allemande en quelque sorte. Làs! Les élus régionaux de gauche ont aussitot refusé d'y participer de peur d'y être stigmatisée comme trop dépensièrs au titre de la composante "régions" de ces déficits.

Pourquoi cet intérêt soudain alors que depuis des années personne ne s'y est intéressé sauf anecdotiquement? Pour plusieurs raison. D'abord Bruxelles a sifflé le fin de la récréation après deux années de crise qui a laissé les gouvernants des pays membres faire tout et importe quoi pour stimuler l'économie au détriment de l'orthodoxie budgétaire. Il fallait le faire,c'est sur, et les différents gouvernements l'ont fait, mais il faut désormais en revenir à des méthodes plus classiques et aux fondamentaux du traité de Maastricht si l'on veut "sauver" l'euro et conserver une crédibilité vis à vis des investisseurs et banquiers qui vont maintenant devoir nous prêter massivement pour que nous nous en sortions. Ce sont pas moins de 2200 milliards d'euros soit 19 ct du PIB européen que les différents pays vont devoir trouver à emprunter cette année, dont 450 milliards  pour la France.Bruxelles a donc demandé au pays membres de lui fournir leur tableau de marche pour revenir aux critères de Maastricht

Or on entend déjà des craquements dans certains de ces pays. La Grèce et le Portugal ont ainsi vu leur qualité d'émetteur dégradée par les agences de notation de AAA à BBB+ pour la Grèce (=proche de la faillite).On désigne les  5 pays les plus endéttés dans le monde anglosaxon par l'acronyme Piigs( cochons) pour Portugal, Irlande, Italie, Grèce,et Espagne.Sans compter la Grande Bretagne, hors zone euro, très endettée désormais. Seule l'Allemagne a su bien gérer sa situation par une rigueur budgétaire permanente depuis des décennies mais elle s'inquiète pour la stabilité de l'Euro dont elle est le principal supporter et quasiment le seul supporter crédible crédible. Elle a mis en place constitutionnellement une limite maximale de 0.35 pct de déficit budgétaire en 2016 et s'est engagéé à forcer ses länder, l'équivalent de nos régions, à l'équilibre budgétaire à partir de 2020. C'est dire qu'ils sont largement plus en avance que n'importe quel autre pays membre dans le retour à l'équilibre budgétaire.

La France n'est pas en très bonne situation du fait des dettes accumulées en trente ans et de l'absence d'action gouvernementale pour redresser cette situation qui ne rendent pas très crédibles ses velléités de redressement. Il est clair que si nous n'étions pas en zone Euro, l'ensemble des pays ci dessus aurait du dévaluer et que seule l'Allemagne et son mark aurait résisté à la crise.De ce fait là, l'Euro est désormais sous pression et a chuté de plus de 10pct par rapport au dollar ce qui va augmenter mécaniquement le cout de nos approvisionnements( pétrole et matières premières) et déséquilibrer la balance des paiements mais nous permettra d'exporter plus facilement face à l'industrie américaine en particulier.

Autre raison de l'intérêt porté désormais à l'équilibre budgétaire, c'est que les français qui savent qu'en fin de compte ce sont eux qui devront payer la note sur leurs impots et leur train de vie, y sont désormais plus attentif. Un sondage à montrer que 75 pct d'entre eux en sont inquiets et que 92 pct sont favorables à la réduction des dépenses de l'Etat.

Il faut donc montrer que l'on agit. Voici un florilège des actions annoncées:

  • La France a transmis à Bruxelles son "programme de stabilité" AA_045 ci contre pour rentrer dans les clous. Nous reviendrons, promis juré, aux 3 pct du Produit intérieur brut de déficit budgétaire maximal en 2013 alors que nous en sommes pour 2010 à 8.2 pct et 150 milliards. La dette publique pendant ce temps monterait à 87 pct du PIB et montrerait un premier infléchissement à la baisse en 2013. Comment alors que nous en serons encore à 3pct de PIB de déficit soit une Soixantaine de milliards sur l'exercice 2003? Mystere. Et encore à condition, avons nous dit à Bruxelles,de parvenir à porter la croissance à 2.5 pct par an dès 2011. Or la croissance, comme chacun sait, ne se décrète pas
  • La Convention Nationale du déficit s'est terminée par la mise en place de groupe de travail sur différents thèmes de réduction des dépenses. Ces groupes de travail sont censés revenir avec des propositions en avril pour une autre Convention Nationale. Nous verrons ce que ca donnera....
  • Eric Woerth dans le budget 2010 a tenu compte, pour les dépenses de fonctionnement des ministères, de l'impact de l'inflation à 1.2pct, ce qui représente une augmentation du budget de dépense de 4.4 milliards d'euros.Alors qu'on nous présente cet effort,-minimal à mon sens-, comme une baisse autoritaire de 2pct des budgets de fonctionnement de l'Etat! Encore nous prévient on déjà de ce que ces budgets seront très difficiles de respecter ce qui est déjà une autorisation à ne pas les respecter!
  • On remet en avant le principe de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux. J'ai déjà eu l'occasion de rappeller que le remplacement de deux fonctionnaires à 4000 euros charges comprises par deux retraités à 75 pct de leur dernier salaire soit 3000 euros plus un jeune embauché à 2000 euros se traduit par: 4000x2= 8000 euros mensuels de dépenses remplacées par 3000x2=6000 euros mensuels de retraites + 2000 euros pour le jeune embauché = ZERO économie. Les chiffres sont tétus, c'est exactement ce que dit le budget 2010 qui constate une hausse du budget retraites de 2 milliards  et une baisse du budget salaire de 500 millions. Rajoutez la dessus le transfert de différentes fonctions de l'Etat vers les collectivités locales ou différentes "agences" semi étatiques et vous verrez qu'il ne se passera rien et que globalement on constatera fin 2010 une augmentation globale des dépenses de l'Etat et des collectivités locales. Nous sommes dans une partie de bonneteau où l'on transfère les dépenses d'un poste à l'autre pour pouvoir montrer que l'on fait un "gros "effort sur tel poste alors que globalement on continue à augmenter.
  • Francois Fillon, notre Premier ministre s'est solennellement engagé à n'augmenter les dépenses de l'Etat à partir de 2011 que de 1 pct par an, en plus de l'inflation bien sur. En supposant que  l'inflation atteigne les 2pct en 2011 ca fait donc 3pct de hausse des dépenses tous les ans. Comment peut on croire que nous arriverons à seulement ramener le déficit du budget à 3pct du PIB(Soit 60 milliards environ) avec ces mesurettes. Comme dirait les anglo saxons, tout ceci c'est "bullshit", en français "de la merde"
  • Dans les idées qui circulent, il y a  la possibilité, comme les allemands l'ont fait, d'introduire dans la Constitution l'obligation de respecter un déficit budgétaire maximum( 0.35 pct du PIB en Allemagne).François Fillon a déjà annoncé qu'une révision constitutionnelle était très lourde et qu'il pensait que nous pourrions maitriser les dépenses sans être obliger d'aller à de telles extrémités. On l'a pourtant fait sur des sujets de moindre importance comme le principe de précaution, ,les allemands ont eux réussi à la faire, et la situation est suffisamment grave pour que l'on agisse de cette manière. Je prends les paris, nous ne le ferons pas
  • Reste la limitation des dépenses des collectivités locales en forte hausse.Or on a créé par la décentralisation, 22 petits royaumes sans comptes à rendre car les électeurs ne se sont pas encore rendu compte, sauf quelques dépenses somptuaires style hotels de régions, de l'impact inflationniste en dépense de ces nouvelles structures. Ils en ont même vu quelques bénéfices visibles par des investissements dans des infrastructures nouvelles. Le gouvernement a sa réponse toute prête: la réforme administrative qui va réduire un peu les échelons administratif...si les députés et sénateurs ne la réduisent pas à pas grand chose? La aussi je prends les paris, tout continuera comme avant et les budgets de dépenses des collectivités locales continueront à augmenter parce que ...nous la valons bien( merci l'Oréal de cette puissante invention)

Tout ceci pour dire que derrière les rodomontades officielles, il ne se passera rien que des petites choses ici et là et que nous ne comptons finalement que sur...le retour de la croissance.Si vous vous referrez à mon titre, vous ne serez pas surpris que je conclue en vous disant que nous sommes malheureusement dans de l'intox...               

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Commentaires
I
Des dettes qui menancent l'equilibre de l'union europeenne compte tenu des disparités des etats membres de l'euro zone. Les marchés financiers vont rester plutot tendus durant de nombreux mois.
CaDerange
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