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CaDerange
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17 janvier 2010

Quotas ou compétences?

C'est reparti ,la polémique dans le plus pur style médiatique sur l'imposition de quotas d'étudiants d'origine modeste dans les grandes écoles. Un quota fixé autoritairement à 30pct par notre Ministre de l'Enseignement Supérieur, Valérie Pécresse, également candidate tête de liste aux régionales d'Ile de France lors d'un entretien avec Richard Descoings, Directeur de Science Po et auteur à la demande de notre Président d'une étude sur l'enseignement en France.Pourquoi 30 pct plutôt que 35 ou 40 voire 50, mystère?

Une déclaration qui rappelle celle de Laurent Fabius, alors Premier Ministre, pour fixer le pourcentage d'admis au baccalauréat à 80 pct à l'époque. Ceux qui ont l'occasion de cotoyer les étudiants des grandes et moyennes écoles peuvent témoigner de l'effet d'un tel quota sur la qualité d'expression écrite ou orale des étudiants d'aujourd'hui.Espérons que le "quota" de réussite aux examens du permis de conduire que l'on envisage de passer de 52 à 65 pct(+20 pct) dans le but d'en réduire le cout ne se traduira pas par une baisse équivalente de la qualité de la formation des candidats...

De la même manière que je m'étais interrogé sur la manière d'appliquer dans la pratique le fameux CV anonyme, je me demande comment appliquer en pratique les quotas d'étudiants boursiers puisque c'est ainsi que l'on distingue les étudiants d'origine modeste?

Car pour entrer dans un école d'ingénieur ou de management, il faut réussir un concours difficile avec différentes épreuves dans différentes matières avec, en principe, une correction à l'aveugle qui interdit aux correcteurs d'être influencés par la connaissance de telle ou telle caractéristique de l'étudiant corrigé, dont le patronyme. L'équivalent du CV anonyme en quelque sorte, si prisé par ailleurs.En plus le concours comporte des épreuves écrites à l'issue de laquelle on publie une liste "d'admissibles" suivi d'une épreuve orale à l'issue de laquelle on publie les "admis" définitifs avec une liste d'admis supplémentaires. Chaque candidats présentant plusieurs concours en même temps, ce sont en fin de compte les candidats admis qui décident d'aller dans telle ou telle école en fonction de leur préférences personnelles, de la localisation de l'école, des possibilités de logement etc. 

Or si l'on veut atteindre les fameux quotas, il va falloir "influencer" la correction en fonction de la connaissance qu'il faudra bien donner au correcteur du fait que tel elève est boursier ou non. Lorsque l'on fera la moyenne des différentes épreuves, faudra t il également augmenter la note des boursiers par rapport aux non boursiers si on n'atteint pas le quota? Même topo aux épreuves orales dans lesquelles la Ministre de l'Enseignement Supérieur, Valérie Pécresse,voit la voie la meilleure pour mesurer " l'intensité et la valeur du parcours" des étudiants de milieux défavorisés, faudra t il donner l'information boursier/non boursier aux examinateurs pour qu'ils adaptent leur notation à cette caractéristique? Et si oui, comment être sur qu'il ne va pas au contraire sous noter la dite copie?

Attention quand je parle d'adaptation de notation,il ne s'agit pas d'élucubration théorique de ma part. Demandez donc aux correcteurs des épreuves du bac, comment ils arrivent aux 80pct d'admis si ce n'est en réhaussant les nôtes autoritairement.

Bref, la gestion des concours d'admissions aux écoles risque de tourner très vite au cauchemar pour les organisateurs. Il serait d'ailleurs intéressant que Monsieur Richard Descoings, dise à ses collègues comment il arrive pour l'école qu'il dirige, Sciences Politiques, à respecter lui même le quota de 30 pct.

Bref tout ce ramdam me semble plus ressembler à une campagne médiatique pré-électorale qu'à un objectif pratique à atteindre sans dégrader la qualité des diplomés de nos grandes écoles. Si l'on veut développer à qualité égale, - et c'est tout à fait louable-, le pourcentage d'étudiants de classes modestes dans les écoles sans "magouillage", c'est en donnant à ces élèves en classes préparatoires mais probablement même avant en terminale les possibilités financières de poursuivre de telles études, en rétablissant éventuellement les possibilités d'accueil comme pensionnaire dans les établissements dans lesquels ces classes préparatoires sont localisées.

A signaler également l'existence comme au Lycée Henry IV de classes d'adaptation qui permettent aux élèves issus de terminales et ayant le potentiel d'entrer de plein droit en classes préparatoires, de combler l'écart avec les elèves des classes aisées, écart qui est essentiellement d'ordre culturel.Voila une autre forme d'action pour faciliter l'accès à nos grandes écoles qui me parait mieux à même d'y accroitre la présence d'étudiants de classes peu favorisées à compétences égales qu'un quota difficile à appliquer.

Le problème est sans doute plus compliqué qu'il n'y parait et il ne suffit vraisemblablement pas d'imposer un quota sorti d'un chapeau pour raison électorale pour que ca marche...A suivre.

NB Dans le cas du permis de conduire, il est prévu pour parvenir à cette croissance du taux de réussite, comme dans le cas du baccalauréat, de " donner des consignes nouvelles aux inspecteurs".....La Conférence des Grandes Ecoles qui a exprimé ses doutes sur la quota de 30 pct d'élèves boursiers dans les grandes écoles n'a peut être pas tort de se méfier!    

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Commentaires
G
Les quotas sont à la mode ! Quotas d'élèves "boursiers" - notion à définir - dans les grandes Ecoles, quotas de femmes sur les listes électorales,dans les Conseils d'Administration des Entreprises, quotas de "représentants de la diversité" ( ...!) dans les médias, etc... etc... Aujourd'hui, la notion de compétence est relèguée au second plan, on lui préfère le favoritisme que l'on appelle pudiquement "discrimination positive" ...<br /> L'imposition de quotas dans les Grandes Ecoles signifiera, pour celles et ceux qui en bénéficieront, place acquise au rabais, donc diplôme "à deux vitesses" ou, plus probablement, diplôme dévalué. L'exemple du baccalauréat est, à ce sujet, frappant : 80 % de taux de réussite, oui, mais à quel prix ... Aujourd'hui, le baccalauréat n'a quasiment plus de valeur !<br /> Hélas, ici comme dans bien d'autres domaines, le nivellement par le bas est en marche ...<br /> NB : - quand, dans ce débat, on parle pudiquement de boursiers, on parle en réalité de ceux que l'on n'ose pas nommer : les jeunes des quartiers défavorisés dont le déficit de culture générale est patent.<br /> - quand on parle, pudiquement la aussi, de "représentants de la diversité", on masque, en réalité,des termes que l'on n'ose plus employer : personnes de couleur, maghrebins ou enfants d'immigrés ...tant le politiquement correct est devenu puissant et menaçant!
CaDerange
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