AbuDhabi, Satellites, Rafales : arrogance, communication ou inadaptation des produits au marché…
Voila trois grandes claques que notre industrie vient de prendre, ou risque de prendre, ces dernières semaines alors que l’annonce médiatique de leur quasi obtention avait déjà été faite depuis longtemps au bénéfice du chef de l’Etat.
Il y a longtemps que je vous avais prévenu que les sessions de signature de contrat que nos médias nous montrent complaisamment à chaque visite du chef de l’Etat ou du Premier Ministre dans un pays étranger étaient « bidon » car les seuls habilités à signer de tels accords commerciaux sont les parties prenantes, c'est-à-dire les sociétés qui fabriquent et fournissent les produits ou équipements concernés et celles qui les achètent.
Ca ne veut pas dire que ces visites et ces discussions semi commerciales sont inutiles, loin de là, mais elles ne sont que le début d’un long processus au terme duquel, et à ce terme seulement, se signera le vrai contrat de fourniture entre client et fournisseur. Dans les cas mentionnés en rubrique, nous avons cru que ces marchés nous étaient acquis de droit, du fait de notre avance technologique, ou de nos bonnes relations avec le pays concerné. Et nous nous sommes fait battre, pour les centrales nucléaires par un outsider regardé de haut et avec un réacteur d’un modèle ancien. Pour les satellites c’est une PMI allemande de 250 personnes, bien moins expérimentée que Astrium, la branche satellites de EADS, qui nous a taillé une croupière. Quand au Rafale, on a ainsi appris qu’il coutait deux fois plus cher en prix d’achat et quatre fois plus cher en frais de maintenance que l’avion suédois mono réacteur concurrent !La messe n’est pas encore dite sur ce marché mais le coup est passé pas très loin et nous y laisserons dans tous les cas des plumes quand il faudra discuter du prix final par matériel.
Chaque fois, c’est le prix qui a fait la décision en faveur du moins disant et au détriment du matériel le plus avancé technologiquement.
Il semble bien que dans le monde d’aujourd’hui et dans les pays du tiers monde, même riches, les produits les plus avancés techniquement ne correspondent plus aux attentes des marchés et que pour être dans le coup il faille pouvoir proposer des produits de technologie récente mais pas ultime et vendu à un prix raisonnable. Quel coup pour notre industrie nucléaire ou spatiale qui avait fait son crédo de sa quête technologique! Quel coup de s’apercevoir également que notre industrie spatiale pouvait être concurrencée par une PMI qui peut produire à moindre coup que nos mastodontes intégrés à fort pourcentage de personnel support!
Incidemment, cela traduit également que l‘état d’esprit de nos décideurs gouvernementaux reste à la haute performance technologique sans soucis réel du prix de revient que devra payer cet éternel oublié, le contribuable.Peut être finalement aurions nous pu faire avec des centrales moins sophistiquées que lmes EPR ou avec des avions au cout d'exploitation moins dispendieux que le Rafale?
Il semble qu'un des effets de la crise financière que nous venons de vivre aura été de réorienter les etats du monde vers des produits, infrastructures ou matériels moins sophistiqués et moins couteux. Nous voiçi apparemment entrés dans l’ère du low cost. L'inconvénient c'est que certains de nos produits industriels les plus prestigieux ne correspondent pâs à ce concept.Il faudra sans doute que notre industrie réadapte ses offres à cette nouvelle tendance.Il ne serait pas non plus inutile que notre état dispendieux et en quasi faillite se repose la question du niveau de sophistication des infrastructures et des matériels dont il s'équipe...