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CaDerange
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2 décembre 2009

Europe, ton raffinage fout le camp!!

L'industrie du raffinage européen est actuellement en detresse.AA_019La faute à la concommitence entre l'ouverture de nouvelles capacités de raffinage dans le monde et ...la crise qui brutalement a  fait décroitre la demande mondiale. Le résultat d'à la fois des surcapacités de production et d'une baisse de la demande est parfaitement connue des économistes ou des praticiens du négoce, c'est la chute des marges unitaires qui peut être très forte. Comme dirait l'humoriste,"on perd sur chaque baril traité mais on se rattrape sur la quantité". Dans la réalité concrête, il n'en est  malheureusement pas ainsi.

Dans ces conditions les charges d'exploitation sont supérieures aux marges sur les produits vendus et on perd donc de l'argent tous les jours à chaque baril traité.Ca ne peut évidemment pas durer toujours. En attendant donc que le marché se rétablisse, c'est à dire qu'un meilleur équilibre demande/production se produise, on essaye de poursuivre l'exploitation de l'outil de production au mieux, en essayant de vendre ou d'exporter au mieux, de serrer les frais d'exploitation au maximum. On fait le gros dos en espérant que ce sera le voisin qui jettera l'éponge le premier, en clair dans ce cas qu'il fermera sa raffinerie avant le vôtre.On a déjà connu ça en France dans les années 80 quand fermèrent les unes après les autres la raffinerie de Vernon, celle de Frontignan, celle d'Ambès et d'autres.

La crise intervient malheureusement dans ce processus en diminuant la demande et en rendant durable pour quelque temps ce déséquilibre.Pour combien de temps, nul ne sait. mais on estime à plusieurs années( 5,7?) sa persistance en fonction de l'ouverture déjà engagée de nouvelles raffineries dans le monde. Car le marché des produits pétroliers est depuis longtemps déjà mondial et l'ouverture d'une raffinerie en Inde ou la baisse de la demande aux Etat Unis a un impact immédiat sur le raffinage européen.

Or il se trouve que, par dessus le marché, les pouvoirs publics européens et français en particulier ont favorisé le développement des moteurs diesel au détriment de ceux à essence. Et comme dans un baril de brut, les quantités de gazole et d'essence ne peuvent varier que dans d'etroites limites, nous nous trouvions en souscapacité de production de gazole et en surcapacité de production d'essence.Comme, heureusement le marché américain etait lui en sous capacité de production d'essence, depuis des années, nos raffineries exportent vers les Etats Unis et nous comblons notre déficit de gazole en en important de ...Russie.

Pas de chance, le marché américain a été très fortement impacté par la crise et nos débouchés d'essence ont considérablement diminués.Les raffineurs font marcher leurs raffineries au minimum technique voire parfois arrètent la production d'une raffinerie comme c'est le cas pour celle de Total à Dunkerque.C'est dire qu'à court terme la sitiuation de notre raffinage est très difficile. Quant au moyen terme, entre des couts de production élevés(salaires et charges, raffineries anciennes) et une taxe carbone qui s'approche à l'horizon, il y a peu de chance de pouvoir être compétitif un jour.

Les raffineries européennes sont donc à vendre. Certains pétroliers dont Shell ont su anticiper et d'autres risquent de rester "collés" avec leurs raffineries invendables.Quelques rares chalands pour les racheter dont le Russe Loukoil mais à des prix de détresse. D'autres en cours de démontage pour les réinstaller sous des cieux plus cléments, là où il y a des marchés en développement, proche des champs pétroliers et sans la necessité de devoir acheter son CO2 à court terme. Dans les pays du Golfe( où Total vient de lancer la construction d'une nouvelle raffinerie) , en Inde ou en Chine.

Et c'est ainsi que dans dix ans nous risquons de nous trouver avec un raffinage minimum, s'il en reste, et des importations de produits finis. Le personnel de ces raffineries se retrouvera vraisemblablement dans sa très grande majorité sur le carreau sans avoir rien compris. Et c'est ainsi que, pour le plaisir d'être en pointe dans la lutte contre les émissions de CO2, nous allons jeter à la rue le personnel de cet outil de raffinage.

Merci, messieurs les politiques. Pour vous il n'y a pas de problème. 

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CaDerange
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