Hulot et le Titanic: quelques commentaires...
Le film de Nicolas Hulot, le Syndrome du Titanic, sort en ce moment. Je n’ai pas encore eu le temps d’aller le voir mais je n’ai aucun doute qu’il soit bien fait et frappant pour montrer la dégradation de notre planète qui résulte de sa surexploitation par l’homme. J’ai lu dans un journal gratuit une interview de l’intéressé, intéressante certes mais qui me parait infiniment simplificatrice et mérite quelques commentaires comme suit :
· J’ai bien aimé l’explication du titre du film qui fait référence au naufrage du Titanic à sa première traversée de l’Atlantique et le rapproche de la situation de notre planète face au changement climatique : 1/A sa mise à l‘eau, les « esprits chagrins », nous dit il, avaient doutés de l’invulnérabilité du bateau. Il se classe sans doute dans cette catégorie 2/ Quand, du bateau, on a aperçu l’Iceberg, il était déjà trop tard pour changer de trajectoire ce qui semble dire qu’il est déjà tard pour changer celle de notre monde. Pas rassurant pour l’avenir proche, n’est ce pas ?
3/ Quand le Titanic a commencé à prendre l’eau, on a demandé à l’orchestre de jouer plus fort. C’est moins vrai cette fois, car ce sont les alarmistes ou les esprits chagrins, qui ont accès libre aux médias et martèlent leurs messages
· Quelques vrais vérités nous sont utilement rappelées : 1/Les choses vont changer de gré ou de force. C’est vrai mais c’est le cas depuis la naissance de l’humanité et ça n’a pas toujours été en mal. 2/ Il n’y a pas besoin d’être Prix Nobel de physique pour constater le changement climatique. C’est évident mais c’est sur l’analyse du phénomène et sur les remèdes à lui apporter que les prix Nobel de Physique pourraient néanmoins être utiles. Il est un peu facile de balayer d’une formule les doutes de quelques grands scientifiques, très minoritaires, alors qu’ils restent des phénomènes non expliqués majeurs comme les précédents réchauffements ou refroidissements de la planète, ou des constatations de bon sens comme le fait que la température peut baisser , à concentration en CO2 constante, du jour au lendemain ou d’une heure à l’autre de dix degrés du fait de la couverture nuageuse. Ne faisons nous pas du simplisme facile en mettant la responsabilité totale du phénomène sur le CO2/GES et sur l’homme (gros péché d’orgueil ?) alors que face à lui se dresse un soleil infiniment plus puissant et plus complexe de fonctionnement que notre planète. Peut être les milliers de scientifiques du GIEC, dont on ne nous donne qu’une vue très monolithique des opinions pourraient ils s’intéresser scientifiquement au phénomène ?
· Quelques prises de positions simplistes et manichéennes et quelques recettes faciles sur les OGM ou le nucléaire. Monsieur Hulot, tout en reconnaissant quelques qualités aux OGM, leur est farouchement opposés, dit il, parce que cela rendrait les paysans dépendants de quelques fournisseurs de semences. Pensent il que les céréaliers font encore pousser leur propres semences? Il y a belle lurette que les producteurs de quelques produits agricoles que ce soient achètent tous les ans leurs semences à une autre industrie, celle des semenciers qui se font une concurrence farouche comme dans d’autres industries. Comme dans la pharmacie, il y a dans l’industrie des semences, des avancées techniques qui sont couvertes par des brevets qui tomberont un jour dans le domaine public et génèreront à leur tour des génériques On peut se demander d’ailleurs, si c’était aussi démocratiquement inadmissible que le dit Monsieur Hulot, pourquoi la recherche publique n’a pas développé ses propres médicaments ou semences et ne s’en est pas réservé la fabrication ?
Sur le nucléaire, même pragmatisme manichéen, « c’est pas propre et puis c’est tout » comme dirait la marionnette d’un certain entraineur de natation et tant qu’il y aura des risques et des déchets….Dans ce cas il faudrait arrêter tout de suite l’extraction et l’utilisation du charbon infiniment plus dangereux et polluant et qui, lui non plus, ne peut résoudre, pas plus que le nucléaire ou l’éolien les besoins quantitatifs de la planète et des humains qui vivent dessus
· Avec de tels fondamentaux les recettes sont également un peu simplistes. Il faut réduire notre consommation énergétique. Très bien, mais Monsieur Hulot ne nous dit pas comment ! Et l’avenir c’est la domestication de l’énergie solaire. C’est exact et j’y crois aussi personnellement beaucoup. Sur le premier point je suis infiniment plus dubitatif car je ne vois pas comment nous, représentants de pays riches, voire repus, pourront imposer une telle autolimitation, à la vaste majorité de l’humanité qui n’a qu’un rêve, atteindre le même niveau de développement d et de confort que nous-mêmes !
· Enfin deux ou trois choses qui manquent à ce plaidoyer écologiste. La notion du timing, dans la disparition des ressources fossiles (ma prévision personnelle du Peak Oil pour 2040) et dans celle du développement de ressources énergétiques alternatives( 15/20 ans la centrale nucléaire !) qui conditionne largement les choix en train de se faire. L’absence de quantification de ces besoins et des possibilités des énergies de substitution qui expliquent les vogues de telle ou telle énergie (l’éolien en particulier mais aussi le photovoltaique). La notion d’interdépendance entre développement des ressources énergétiques et développement des ressources alimentaires car toute utilisation de surfaces agraires pour des utilisations énergétiques va à l’encontre de la satisfaction des besoins alimentaires de l’humanité. Une centrale photovoltaïque consomme des hectares de terres agraires dont nous aurons bientôt besoin.
Enfin l’absence et la non prise en compte de la cause majeure de nos problèmes actuels mais surtout à venir qui est l’augmentation sans fin de la population mondiale
Conclusion : Bon devoir qui a l’avantage de faire émerger le grand problème de l’humanité, la consommation de la planète qui nous nourrit. Mais comme disait Cyrano de Bergerac dans sa célèbre tirade du nez : Et quoi ? C’est tout ? C’est un peu court jeune homme ! Vous auriez pu dire, bien des choses en somme ….etc…etc
Malgré tout, j’irais voir le film.