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CaDerange
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25 septembre 2009

Bonheur Intérieur Brut: et maintenant qu'est ce qu'on en fait?

Notre Président avait mis en place un dès le début de son mandat une Commission pour la Mesure de la Performance Economique et du Progrès Social,la CMPEPS, parce qu'il considérait que les Français ne se retrouvaient pas dans des statistiques nationales qui leur montraient une croissance du Produit Intérieur Brut par rapport à leur propre ressenti de l'évolution de notre économie.

Il est vrai qu'il est difficile de relier le PIB, qui mesure l'évolution de la production de tous les types d'industrie y compris les productions exportées alors que le ressenti des français est infiniment plus lié à la consommation et à l'inflation. Je ne sais où d'ailleurs, notre Président a trouvé que les français faisaient un lien entre ces deux indices puisqu'il n'y en a pas! Le PIB reflétant la production industrielle globale, la comparaison des PIB de différents pays quantifie la puissance industrielle de ces pays, y compris leur performance à l'exportation, mais sans considération de leurs populations. Le PIB par habitant ramène cette puissance industrielle au nombre d'habitants et mesure en quelque sorte la productivité de ce pays.Vous voyez que ca se complique déjà!

Pour donner un exemple, si on classe les pays en fonction de leur PIB global on trouve en tête les Etats Unis suivis du Japon, de la Chine de l'Allemagne, de la France et de la Grande Bretagne. Si par contre on compare les pays en PIB par habitant, c'est le Luxembourg qui passe en tête suivi des Etats Unis, de la Norvège, de l'Irlande et de la Suisse. Dans ce type de classement nous, français, ne sommes que 18ème !

Or le chiffre du PIB, s'il a l'énorme avantage d'être un chiffre objectif et comptable qui représente  bien le fonctionnement de l'économie, ne saurait en aucune sorte traduire le ressenti des français sur le niveau de bien être dont eux même ou leur ménage bénéficie. Il s'agit là d'une notion subjective et difficile à définir. D'ailleurs depuis des décennies, les économistes de la planète, se sont attachés à définir d'autre indicateurs qu'ils estimaient plus proche du bien être ressenti par les familles.

Nous eûmes ainsi l'Indice de développement humain, IDH, défini en 1990 par les Nations Unies et par Amartya Sen, l'un des prix Nobel participant à la Commission du Président,qui prend en compte le PIB par habitant matiné de données sur la Santé et l'Education. dans ce classement IDH la France remonte de la 18 ème place en PIB par habitant à la 10ème en IDH alors que les Etats Unis tombent de la seconde à la 12 ème place ( eh oui! derrière nous). Les grands gagnants dans le classment IDH sont l'Islande( en 2005 avant la crise),devant la Norvège, l'Australie, le Canada et l'Irlande.

Encore plus compliqué, nous arrivons à l'IBED,qui rajoute à l'IDH des indicateurs additonnels comme le taux de participation des femmes  à la vie économique,les niveaux de pauvreté et d'exclusion et enfin les couts des dommages environnementaux.Sans compter les indices spécialisés sur tel ou tel paramètre social sur lesquels les chercheurs se battaient depuis des années pour les définir et qui ont le gros défaut d'être fortement subjectifs

Tout ceci, je suppose, pour demontrer aux populations de plus en plus deboussolées par l'économie, qu'elles sont beaucoup plus heureuses qu'elles n'en ont l'air!! Et pour que les politiques, qui se sont aperçus qu'ils n'avaient plus beaucoup de marge de manoeuvre sur l'economie dans notre monde mondialisé, puisse reprendre la main en offrant aux populations assoiffées de bonheur, de la santé, de l'espérance de vie, de la protection sociale, de la retraite et désormais de l'environnement. Tous élements de bien être qui coutent fort cher mais que les populations n'apprécient pas à leur juste prix alors que ,hélas, ils plombent la compétitivité de nos produits.

Vous avez compris maintenant pourquoi notre Président veut "sortir de la religion du chiffre" et a créé pour ce faire la Commission Stiglitz." Je ne peux plus vous donner du pouvoir d'achat, je vais m'efforcer de mieux valoriser tous ces biens être dont vous bénéficiez sans vous rendre compte de leur valeur: espérance de vie, couverture santé, indemnisation du chomage, retraites, qualité de vie etc etc". Et en un sens il n'a pas tort, car c'est ce qui fait une telle différence avec les chinois sans retraite, les africains qui peuvent mourir d'une rage de dents, les russes qui vivent dans un environnement sinistré, voire les italiens du sud qui vivent dans les ordures et sous l'emprise de la mafia!!

Que sortira t il de tous des indices et de tous ces travaux de chercheurs fort couteux? Le PIB demeurera car il est le seul chiffre objectif et le seul qui mesure la manne à distribuer. Au dela le risque est que chaque roitelet dans son royaume essaye de définir son propre indice de bonheur en pondérant à son choix les indicateurs( subjectifs) à sa disposition pour nous sortir l'indice unique du Bonheur Intérieur Brut, le BIB ( merci Michelin)ou celui du bien être.

A partir de là, nos hommes politiques auront retrouvé l'indicateur miracle, ajustable à leur guise, qui leur permettra d'apparaittre à nouveau comme les maitres du jeu ou les dispensateurs de bonheur...Bien joué Monsieur Stiglitz!

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CaDerange
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