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CaDerange
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12 juin 2009

La Turquie et nous: fin et conclusions

Le début de 20 ème siècle se traduisit pour l'empire Ottoman par le renversement des alliances que je vous ai déjà mentionné, de la France vers l'Allemagne à laquelle il s'allia pendant la première guerre mondiale. Ce qui lui couta tout simplement son existence alors que l'immense empire que controlait son sultan s'écroulait en morceaux. La fin en fut le traité de Moudros qui consacrait la défaite de l'empire Ottoman le 30 octobre 1818 et son démantèlement au profit des alliés franco britanniques puis le traité de Sevres du 10 aout 1920 qui consacrait ce démantèlement avec la perte des parties arméniennes de la Turquie,l'autonomie du Kurdistan, le rattachement à la grèce de la facade égéenne(Smyrne) et le passage sous administration des alliés des zones turques du pays.

Kemal Ataturk qui était un militaire de haut rang ayant participé glorieusement à la 1ere guerre mondiale et à celles qui suivirent dans la région, fut de ceux qui refusèrent la chute et le dépècement de l'empire Ottoman et menèrent la marche du pays vers sa reconstruction et sa transformation en République.Comme souvent dans de telles circonstances, cette transformation se fit à l'occasion d'une guerre, en l'occurence contre la Grèce, qu'Ataturk et ses troupes gagna avant de devenir Président de l'Assemblée Nationale et de la Turquie en 1920. La France fut la première des grandes puissances occidentales à reconnaitre le gouvernement d'Ankara en signant avec la jeune république turque un traité dès 1921 qui consacrait le retournement de la reconnaissance de la souveraineté sur le pays, du Sultan Mehmet VI au profit de la République et annulait le traité de Sevres.

Kemal Ataturk était imprégné de culture française, en particulier de Voltaire, Rousseau et des philosophes du siècle des lumière et était un admirateur de la révolution française. Ce fut sur les principes de la République française qu'il établit le République Turque en 1923. En particulier il inscrivit dans la constitution turque la séparation de l'Eglise ( le Califat dans l'empire Ottoman) et de l'Etat. De nos jours encore la Turquie est un des seuls quatre ou cinq pays au monde qui ont inscrit la laïcité dans leur constitution. Et cette laïcité n'est pas un vain mot puisque l'armée et la Justice se sont levées plusieurs fois dans l'histoire récente turque pour la défendre. La dernière fois étant l'année dernière quand le parti islamiste au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, Premier Ministre et Abdullah Gül, Président, faillit bien être interdit par la justice pour la question du foulard islamique;

La création de la République Turque se traduisit par un tournant considérable et brutal. Car, un peu comme Napoléon qu'il admirait, Kemal Ataturk n'était pas qu'un militaire et avait des idées dans le domaine de l'organisation civile et politique de son pays. C'est ainsi qu'il établit la démocratie dans une partie du monde où elle était inconnue, qu'il donna le droit de vote aux femmes dès 1934(!) bien avant nous mêmes et reconnut l'égalité hommes/femmes,interdit la polygamie, rendit l'école obligatoire pour tous,fit passer son pays du calendrier musulman au calendrier grégorien et de l'alphabet arabe à l'alphabet latin et developa économiquement le pays! Il fit la paix avec l'ennemi ancestral, la Grèce, pour s'opposer au Nazisme, et fut même proposé par le premier ministre grec au Prix Nobel de la Paix en 1930.Il basa le code commercial turc sur le modèle allemand, le code pénal sur le modèle italien et le code civil sur le modèle suisse.

Bien sur, ce bouleversement du pays du modèle traditionnel vers le modèle occidental ne s'est pas produit sans quelques resistances et bavures diverses. Il n'en reste pas moins qu'encore aujourd'hui, Ataturk reste l'homme emblématique de la Turquie.

Que dire en conclusion? Que je suis parti visiter ce pays avec l'idée qu'il était situé en dehors des frontières naturelles de l'Europe et n'avait pas d'affinités culturelles et politiques avec le monde occidental.J'en suis revenu avec le sentiment qu'il avait finalement quantités d'affinités avec notre monde en en particulier avec la France.... Ca ne change rien aux incontournables questions que pose son adhésion à l'Union Européenne,de l'importance de sa population et des droits de représentation dans les institutions que cela lui donnerait, de son implantation géographique en "petite" Asie( et pas Asie mineure) et bien sur de la tentation de revenir sur le principe de laïcité que semble avoir le parti islamique qui la gouverne. Ca merite en tous cas que l'on se pose la question sérieusement d'une adhésion éventuelle.

A vous de juger   

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Commentaires
G
Disons le sans détour: si la turquie n'était pas musulmane, son adhésion à l'UE poserait sans doute moins de problèmes ... Seulement voilà : faire entrer dans l'UE quelque 100 millions, ou presque, de musulmans dont les dirigeants montrent , et c'est peu dire, des vélléités de retour à la loi islamique rendrait réticent le plus libéral des européens ...<br /> Les européens que nous sommes, de culture occidentale basée sur les principes moraux judéo-chrétiens ne prendront jamais le risque de voir, un jour, par le poids que lui donneraient les règles liées à la démographie, un pays musulman leur imposer ses choix et ses lois !<br /> Si l'UE ne peut se renier totalement après avoir accepté d'ouvrir des négociations avec la Turquie en vue de son adhésion, elle devra trouver un moyen terme qui soit acceptable à la fois pour les peuples qui la composent et pour la Turquie; ce moyen terme pourrait être ce statut de partenariat privilégié proposé par la France...
CaDerange
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