Areva où tu vas?(suite) La préparation du combustible.

Premier metier d'Areva, l'extraction du minerai du nucléaire, l'Uranium, que les grands de l'industrie minière, les Rio Tinto,Vale, Xstrata ou BHP Billiton ont plus ou moins laissé à des sociétés spécialisées après l'accident de Three Miles Island.L'uranium est un minerai relativement abonnant à la surface du globe comme on le voit sur la carte ci contre. Les grands pays producteurs sont l'Australie, le Kazakstan, le Canada, le Niger, l'Afrique Australe et à un degré moindre la Russie et le Brésil.L'Europe et l'a France ,hélas, n'en ont pas ou plus.

Les réserves mondiales se montent à 2.6 millions de tonnes et la production annuelle à 41 000 tonnes, ce qui donne 60 ans devant nous de consommation mondiale. Sans compter qu'il existe de nombreuses mines identifiées et non exploitées, dont la plus grande au monde, et que l'exploration minière dans ce domaine est loin d'avoir été exhaustive.

Le premier producteur mondial est le canadien Cameco suivi de la société kazahk Kazatomprom. Quand à Areva,en troisième position mondiale,  elle exploite des gisements au Canada avec Cameco, au Niger et au Kazakstan et a racheté la Canadien UraMin qui lui donne accès à d'autres gisements importants en Afrique Australe. Elle vient enfin d'opérer un retournement en sa faveur au Niger où après des difficultés récentes avec les autorités du fait de ses gisements du Nord du pays,elle a réussi à signer une convention avec le gouvernement nigérien pour mettre en production le gisement d'Imouraren, deuxième plus importante mine d'uranium au monde et première d'Afrique ce qui devrait permettre à ce pays de doubler sa production à 5000 tonnes/an à l'horizon 2012.Areva elle même envisage de porter sa production de 6000 tonnes/an actuellement à 12 000 tonnes en 2012 et ultérieurement 19 000 tonnes/an avec l'intégration d'UraMin.

L'uranium, par contre est un minerai qui offre la particularité qu'une toute petite proportion du minerai extrait est utilisable. C'est de l'Uranium 235 qui constitue 99 pct du minerai alors que c'est l'Uranium 238, ce que l'on appelle un isotope de l'Uranium 235, qui dispose d'une structure atomique légèrement différente et instable qui est utilisée dans l'industrie nucléaire, dans laquelle on exploite justement cette instabilité. Il est donc necessaire de procéder à ce que l'on appelle l'enrichissement du minerai pour le porter à une teneur de 5 pct en U238 pour le rendre utilisable dans les coeurs des réacteurs nucléaires.Une opération industrielle pour laquelle d'autres acteurs que les compagnies minières apparaissent, Areva étant le seul acteur dans les deux techniques

Or il s'agit la d'une opération techniquement sophistiquée, longue et couteuse, et pour la technique de laquelle on vient d'assister à un basculement de la technique dite de la diffusion gazeuse à celle de l'ultracentrifugation technique qui vous est peut être devenu familière à l'occasion des débats sur son utilisation en Iran. Une technique plus facilement maitrisable ( hélas?) par des pays peu avancés techniquement et surtout qui nécessite 50 fois moins d'énergie pour arriver au même résultat. Cela veux dire que l'usine Eurodif de diffusion gazeuse installée au Tricastin est devenue obsolète.

Areva  termine donc l'installation d'une nouvelle usine à ultracentrifugation cette fois, sur le même site sous le nom d'Usine Georges Besse, exploitée par la SET Société d'Enrichissement du Tricastin, dans laquelle GDF Suez et à court terme le japonais Kansai on pris des participations.Devant la forte demande, Areva vient de décider de doubler cette usine d'une Usine Georges Besse II, toujours sur le même site qui devrait être opérationnelle pour 2016. Ensemble, ces deux usines devraient remplacer l'usine à diffusion gazeuse pour un cout de 3 milliards d'investissement et conforter la place d'Areva sur le marché du combustible enrichi.

Mais ce n'est pas tout. Areva vient de décider en effet d'entrer sur le marché du combustible japonais dans le cadre d'une joint venture avec son partenaire et néanmoins concurrent au Japon Mitsubishi.Ils viennent de constituer ensemble une société commune dont Areva détient 30pct et diverses entités juridiques du groupe Mitsubishi les 70pct restant, ppur développer,produire et commercialiser des combustibles nucléaires. Le groupe sera basé à Tokai Mura, le siège de la compagnie japonaise, et integrera dans ses actifs l'usine existante de fabrication de combustible de Mitsubishi.

Enfin, Areva souhaite également développer ses activités de ventes de combustibles aux Etats Unis.Les Etats Unis qui disposent de plus de 100 centrales atomiques et qui viennent de relancer l'implantation de nouvelles centrales, ne sont par contre pas très en avance sur le plan de la production de combustibles avec un opérateur historique, USEC, qui utilise la technique de diffusion gazeuse et dispose d'une seule usine dans le Kentucky à Paducah. Et des capacités de production locales très inférieures aux besoins du pays avec 6 millions de doses UTS seulement pour un marché de 13/14 millions

Les projets pour remplacer cette usine peu compétitive et répondre à la demande par des productions locales fleurissent actuellement aux Etats Unis. Un d'Usec avec un projet d'usine à Piketon dans l'Ohio à 3.5 milliards de dollars pour 3.8 millions de doses UTS.Un du consortium européen Urenco qui en est déjà à la construction de l'usine à Eunice au Nouveau Mexique pour 3 millions de doses et vient de décider d'en porter la capacité  5.9 millions de doses UTS soit la moitié du marché US. Et une d'Areva dans l'Idaho à Bonneville pour 3 millions de doses et 2 milliards de dollars.Sans compter le consortium General Electric/Hitachi qui développe,lui, sur le site de Wilmington une technique nouvelle d'enrichissement au laser;

Beaucoup donc de projets et de lourds investissements en vu pour Areva dans le domaine du minier et de l'enrichissement.

A suivre