Syndicats:Les cadres bientot plus représentés?
La grande bagarre pour être reconnu comme un syndicat réprésentatif tel que défini dans la nouvelle loi du 20 aout 2008 est en cours de mise en place. Une boite de Pandore que nos dirigeants ont cru bon d'ouvrir sans trop savoir où cela allait les mener.
Jusqu'à cette loi, il existait 5 syndicats reconnus qui avaient seul le droit de négocier et signer des accords interprofessionnels sous le vocable obscur de leur " présomption irréfragable de représentativité". Il s'agissait de la CGT, de la CFDT, de la CFTC,de FO et de la CFE-CGC, le syndicat catégoriel des cadres. Un accord était considéré valable s'il était signé par un seul syndicat ce qui finalement arrangeait tout le monde dans un système où la CGT par principe ne signait jamais rien et où les salariés pouvaient de ce fait bénéficier des avancées obtenu dans la négociation même si son syndicat n'avait pas été d'accord pour le signer!
Depuis la loi du 20 aôut 2008, il faut que chaque syndicat fasse la preuve de sa representativité, établie à 10 pct minimum des droits de vôtes dans les élections professionnelles ou 8pct des élections interprofessionnelles, pour avoir le droit de négocier et de signer des accords d'entreprise ou interprofessionnels. Une prime aux gros syndicats et un problème sérieux pour les petits. En plus un accord ne sera valable que s'il est signé par un ou plusieurs syndicats représentants 30pct des salariés votants. Un ou plusieurs autres syndicats, pourvu qu'ils représentent 50 pct des votants peuvent, par ailleurs,faire annuler un tel accord en allant en justice. Cas qui s'est d'ailleurs déjà produit lorsque la CGT a fait annuler un accord d'entrerprise à la SNCF qui accordait aux salariés de l'intéressement aux résultats, au grand dam des salariés.
Il y a des aspects positifs dans ce changement de système, comme de faire établir la vrai représentativité des syndicats, de prendre en compte les nouveaux syndicats crées depuis 1966 ou de forcer certains syndicats et la CGT en particulier à prendre leurs responsabilités face aux salariés lorsqu'ils ne veulent pas signer ou encore attaquent certains accords. Par contre tout syndicat qui n'obtient pas ses 10pct aux élections est, à terme, éliminé du jeu.Avec sans doute, mais je n'en connais pas le détail, quelques conséquences financières pour les dit syndicats et quelques postes de représentations dans tels ou tels organismes pour leurs représentants qui leur seront supprimés.
Or il existait un syndicat catégoriel, celui des cadres, CFE-CGC, qui de toutes évidences, aura beaucoup de peine à atteindre les 10 pct de représentativité. Autre inconvénient, les syndicats sont infiniment plus représentés dans le secteur public que dans le privé, là où l'on est obligé de tenir compte de la situation économique et de la concurrence. C'est donc une prime également pour les syndicats fortement représentés dans le public et dans les catégories non cadres.
La solution pour les petits syndicats, s'allier à d'autres petits syndicats pour passer la barre fatidique des 10pct. C'est la position que défendait le Président de la CGC, Bernard Van Creynest, qui souhaitait s'allier au syndicat Unsa, Union Nationale des Syndicats Autonomes, une centrale plutôt implantée chez les ouvrièrs et employés et sutout beaucuop plius implantée dans le public que dans le privé. C'est dire que le dialogue entre gens de mondes différents serait de toute façon difficile à établir.
Or la politique de Bernard Van Creynest vient de subir un revers sérieux avec la "suspension" du mandat qui lui avait été donné par la CGC de négocier ce rapprochement avec l'Unsa.Pour l'instant il ne s'agit que de suspendre ces discussions jusqu'à ce que le sécrétaire général donne toutes informations sur les divers points d'accord et de désaccord dans les discussions avec l'Unsa qui seront rediscuté lors du comité directeur du 10 fevrier. Mais cela traduit néanmoins des réticences sérieuses à marier des cultures tout à fait différentes.
A suivre pour le 10 février. Mais dans la mesure où cet essai de rapprochement deviendrait caduc cela risquerait de se traduire par le fait que la catégorie des cadres,- dont certains peuvent considérer qu'elle a un poids très lourd dans la performance économique du secteur privé( et de la France toute entière car c'est le privé qui fait vivre le public) -, risquerait de ne plus être représentés au niveau national et interprofessionnel et confinée au collège cadre dans les entreprises.
Un vrai désastre...