Télé :Et si la suppression de la redevance devenait un avantage ?

Ca y est. Nous voici entré dans l’ère de la télévision publique sans publicité. Un psychodrame qui a agité le microcosme politico médiatique comme si la terre allait s’arrêter de tourner par ce que d’un coup, il fallait que nos journalistes réfléchissent à d’autres manières de fonctionner. En son temps j’avais posé moi-même dans ce blog la question de la légitimité de nos chaînes de télévision à nous fournir exactement le même brouet télévisuel avec les mêmes publicités que leurs collègues de la télévision privée mais en nous faisant payer la redevance en plus.

Levée de bouclier médiatique immédiate donc qui s’est poursuivie jusqu’au risible débat parlementaire. Heureusement le temps de la réflexion aidant, il est apparu à nos journalistes publics que la suppression des minutes accordées à la publicité allait forcément décaler les horaires des programmes avec un début de soirée plus tôt sur les chaînes publiques que sur les chaînes privées. 20h35 immédiatement après le journal, ce qu’on appelle le prime time, au lieu de 20H50 sur les chaînes privées après les 15 minutes de publicité. Idem avant le journal. Et idem pour ce qu’on appelle la deuxième partie de soirée vers 22h15 au lieu de 22h30.Et ainsi de suite.

Annulé donc pour la télévision publique, ce glissement permanent vers une fin de soirée plus tardive, initié il y a longtemps pour cause de besoin de financement sans cesse en augmentation  (pour de meilleures émissions ou au profit des personnels et présentateurs ?). Et création ainsi d’un espace de liberté  télévisuel  nouveau, à remplir par des émissions supplémentaires,ce qui ne manquerait pas d’ennuyer la concurrence. Les cartes du jeu télévisuel allaient donc être complètement rebattues et plutôt à l’avantage du service public dont la soirée commencerait désormais plus tôt, au moment de la publicité sur les chaînes privées.

Une menace prise très au sérieux chez ces dernières, car elle pourrait ainsi diminuer l’audience des publicités, et donc leur prix, et également capturer les spectateurs pour les amener sur la télévision publique pour toute la soirée .Chaque chaîne privée mis donc en place des équipes de réflexion, aidées de consultants nombreux, pour réfléchir à l‘impact de ces changements d’horaires, définir des scénarii d’évolution de l’audience et préparer des ripostes éventuelles à ces évolutions d’habitudes des français..

Nous voici maintenant, depuis le 5 janvier au soir, dans le monde réel de la différenciation chaînes publiques /chaînes privées et nos responsables de chaînes, publiques et privées sont bien entendu anxieux de savoir comment le public y réagit.

Tout d’abord et avant même le 5 janvier, les français exprimaient à 83pct  leur satisfaction de cette soirée télé commencée plus tôt et raccourcie. Et 57pct d’entre eux pensaient même que cela les inciterait à aller sur le service public. Au delà du 5 janvier, par contre, pas de bouleversement des habitudes. TFI conserve la tête en part d’audience, suivi de France 2 mais aidé par un mouvement de grève de FR3 ce jour là( !!) .Un sondage réalisé à ce moment là explique que la raison majeure du choix de tel ou tel programme reste le contenu et son attractivité pour 80 pct des sondés .L’heure de début n’est un critère que pour 9 pct des sondés tandis que la présence ou non de coupure publicitaire ou la durée du programme ne sont que des éléments accessoires de choix..

Pas de chance donc pour la télévision publique. Mais il ne s’agit que de tendances préliminaires immédiatement après le lancement de la télévision sans publicité. Il faut donc attendre les semaines, voire les mois à venir, pour mieux appréhénder la réponse du public à cette opposition public/privé. Souvenons nous de l'introduction de la TNT dont on ne voit le vrai succès qu'après un an de recul.

Un élément intéressant toutefois. Le journal télévisé de 20hrs de Daniel Pujadas sur France 2 a réalisé Mercredi 7 janvier la meilleure audience de la chaine depuis Novembre 2007 avec 6.5 millions de spectateurs soit 23.7 pct de part d'audience. Bien sur depuis PPDA est parti mais quand même...

A suivre