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CaDerange
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20 décembre 2008

Retraite par capitalisation et par répartition.

Vous savez sans doute que nos systèmes de retraites sont essentiellement en France basés sur un système de repartition, c'est à dire que ce sont les cotisations des travailleurs actifs qui payent les pensions des travailleurs retraités. Depuis quelques années, du fait de l'évolution démographique, de l'allongement de la durée de vie et de la contraction de la population active,le déséquilibre entre les cotisants et les retraités s'est accentué. La suite vous la connaissez, des négociations quasiment sans fin pour rééquilibrer les recettes et les dépenses soit en baissant les retraites, en augmentant les cotisations ou en reculant l'age de la retraite. Négocations qui devront se reproduire à intervalle de temps régulier au fur et à mesure de l'allongement de la durée de vie.

Dans d'autres pays, dont les Etats Unis, ou pour la partie de retraites complementaires, c'est le système de retraites par capitalisation qui prévaut. L'argent de vos cotisations est placé et géré avec celles de vos collègues dans de gigantesque fonds de placement. C'est le cas du fond dit Calpers pour Personnel de Californie, plus gros fond de pension américain qui collecte les contributions des fonctionnaires californiens et les investissent pour servir leurs pensions aux 1.6 millions de retraités de la fonction publique californienne.Ces fonds sont essentiellement investis en bourse avec des politiques d'investissement très sages et à long terme puisque ils ont l'avantage de disposer de fonds considérables et de connaitre précisement leurs besoins de paiement de pensions.

Néanmoins,dans les circonstances actuelles où les bourses mondiales ont toutes plongées de manière considérable, tous ont vu la valeur de leurs actifs se déprécier considérablement et certains commencent à avoir des difficultés non pas à servir les pensions mais à respecter les ratio prudentiels qui leurs sont imposés.Il est dommage, par ailleurs, pour ces fonds de long terme de devoir brader des valeurs à des prix très inférieurs à la valeur réelle des entreprises tout ne contribuant ce faisant à la chute de la bourse.Pour donner un exemple, la valeur du fond Calpers est tombé de 260.6 milliards de dollars à fin octobre 2007 à 179.2 la semaine dernière. Une baisse de 31 pct tout de même! Or comme les retraites des fonctionnaires américains sont garanties par l'Etat californien,Calpers en proifite pour tendre la sébille à l'Etat californien, lui même en quasi faillite.

Autre exemple plus prèt de nous, les fonds de pensions néerlandais(600 tout de même) voient leurs valeurs atteindre des taux de couverture de leurs engagements minimaux, 85pct par exemple là où ils étaient à 105 pct avant la crise.Certains représentent des actifs de 90 milliards d'euros( fond des professions de santé) ou 32 milliards pour le fond du secterur des métaux.Dans la pratique,cela veut dire que le service des retraites ne va pas s'interrompre mais au rythme où vont les paiements et où baissent les valorisations, cela veut dire que ce sont les retraites des plus jeunes, cotisants ou retraités, qui risquent de souffrir à terme.Pour protéger les générations à venir, la Banque Centrale néerlandaise vient de signifier aux fonds qu'ils devaient respecter les taux de couverture de leurs engagements et pour ceux qui sont en défaut ou en approchent, de lui proposer des plans de redressements.

Que peuvent ils faire dans ces circonstances? Augmenter les cotisations patronales et stabiliser les retraites versées plus quelques mesures de réduction des frais, entendez des effectifs. Le fond de la métallurgie viend de donner le la en annoncant une hausse de 1pct des cotisations et l'absence de revalorisation des retraites. Il faudra peut être même en arriver à une baisse des retraites versées.

Dans le même temps, Contribuables Associés, l'association de défense des contribuables bien connue qui publie le Cri Du Contribuable, édite un livre pour promouvoir les retraites par capitalisation, les présentant comme LA solution sur le long terme au problème des retraites et organisant une tournée de conférences pour le promouvoir! Je crains que ce ne soit pas vraiment le meilleur moment pour essayer de convaincre les français des beautés des systèmes par capitalisation. D'ailleurs le débat sur le sujet dans nos instances politiques a subitement disparu des sujets de débats et des médias et il faudra sans doute attendre une période plus propice et une meilleure éducation économique des français pour remettre ce sujet à l'ordre du jour!

Quand on nous a parlé d'économie virtuelle, donc apparemment sans réalité physique, ou quand on nous dit que la chute de la bourse n'intéresse que les "boursicoteurs", on oublie qu'un chute dramatique comme celle des bourses mondiales à laquelle nous assistons concerne tot ou tard le français moyen, soit lorsqu'il veut réaliser ses SICAV pour faire un achat ou comme içi par l'intermédiaire de ses retraites. L'évaporation en fumée de milliards d'euros de richesses mondiales ne se matérialise simplement que lorsque qu'il faut réaliser ses biens mobiliers....

A suivre hélas.   

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Commentaires
Z
Hélas, trois fois hélas ! Dans un pays où le système capitaliste est tant décrié comment faire admettre que la retraite par capitalisation a un meilleur avenir que le système par répartition qui conduit à ce que le montant des retraites est déterminé par le conjoncture économique du présent sans considérer le contexte et le salaire des retraités lors de leur cotisation. Nous sommes dans un système qui nous attache à notre situation économique actuelle et freine nos activités en raison de taux de cotisation tellement élevés qu'ils baissent la compétitivité de nos entreprises.<br /> Or le système par capitalisation, même s'il s'expose à des risques tels que nous connaissons de nos jours présente plus de justice puisque les retraites versées sont plus directement liées à l'activité du retraité lorsqu'il travaillait qu'à la situation économique du moment. On peut même envisager que les fonds de retraite les plus avisés vont profiter de la crise pour faire levier, les cours actuels ne reflétant plus les valeurs réelles des entreprises. Lorsque la situation sera redevenue normale de bien belles plus-values seront réalisées par ces mêmes fonds.<br /> D'un point de vue économie intérieure, pendant que nos entreprises restent soumises aux exigences de ces fonds étrangers et qui rétribuent les retraités étrangers, nos propres entreprises peinent à payer nos retraités et par ricochet, leurs propres salariés. Une gabegie ! Mais nous préférons continuer de payer les retraites des américains tout en restant persuadés que nous sommes dans la "justice sociale", au lieu de créer des structures qui permettraient à des fonds français de financer nos propres entreprises au profit de nos propres retraités...<br /> En France, on a peur de perdre de l'argent, alors on ne sait pas en gagner non plus!
CaDerange
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