Géorgie:la force gagne et la naïvété perd...

Les  jeux olympiques, la campagne électorale, le piège afghan et les catastrophes aériennes ont fait largement passer au second plan l'invasion de la Géorgie par les troupes russes. Comme si le sujet n'avait pas d'intéret ou comme si l'avenir de la démocratie et de l'équilibre du monde ne s'y jouait pas au même titre qu'en Irak ou en Afghanistan.

Comme il était prévisible dès le début, les Russes ont joué la montre et, contrairement à leurs promesses, ont continué à occuper une bonne partie de la Géorgie en se trouvant une nouvelle excuse tous les jours pour y demeurer. Pendant ce temps une Union Européenne sans consistance ni conviction a fait semblant de croire aux promesses de Medvedev et a joué les utilités en mettant au point un accord de cessez le feu qui laissait de larges incertitudes pour permettre aux Russes de faire ce qu'ils avaient envie de faire sur le territoire géorgien. Les Etats Unis ont pris le relai d'une manière plus sévère mais ils ne pouvaient rien faire de plus non plus.

Dans le manque d'intéret occidental le plus total, les Russes ont ainsi pu signer avec les dirigeants de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie une reconnaissance de fait.Même le fait que notre ambassadeur à Tbilissi ait été retenu de force par les troupes russes à Gori est passé complètement inaperçu dans l'actualité française.  Quant à Saakachvili, il avait eu beau prevenir avant que les Russes préparaient l'invasion de leur pays, qu'ils avaient massé des troupes à la frontière et qu'ils avaient donné des passeports russes aux ressortissants Ossetes du Sud pour justifier leur intervention ultérieure, personne n'a voulu le croire et on lui a dit qu'il exagérait la situation.

Aujourd'hui que la Douma a reconnu l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie, l'Europe se reveille et hurle contre cette reconnaissance. Elle a mauvaise grace à le faire car elle a elle même utilisé le droit des peuples à disposer d'eux mêmes pour admettre l'indépendance du Kosovo il y a quelque temps dans une situation tout à fait similaire et au grand dam des serbes et des russes.

Autre difficulté pour l'Europe, en l'absence de la ratification du traité de Lisbonne, il n'y a pas de gestion européenne de notre diplomatie et il n'y a pas non plus de puissance militaire commune.J'ai cru comprendre que Nicolas Sarkozy a même du violer les règles de l'Union Européenne pour négocier l'accord de cessez le feu. C'est dire notre faiblesse vis à vis de notre grand voisin qui, en plus, nous tient par l'énergie.

Désolé Monsieur Saakachvili, mais les carottes sont cuites. L'Ossetie du Sud et l'Abkhazie seront indépendantes et estimez vous heureux si en fin de compte les troupes russes quittent complètement votre territoire.