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CaDerange
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9 août 2008

Droit d'Opposition,Goodyear à Amiens et nouveau positionnement syndical

Le système classique du droit du travail sur la validité d'accords sociaux entre patronat et syndicats prévoyait qu'une signature d'un syndicat représentatif suffisait pour que l'accord négocié soit valable et puisse être mis en oeuvre. Aussi singulier que paraisse un tel système dans lequel une minorité pouvait rendre effectif un accord, il a servi sans contestation majeures pendant des décennies à la satisfaction de tous. Chacun en effet pouvait ne pas signer l'accord pour des causes idéologiques,- et la CGT en particulier -, et les employés bénéficier néanmoins de cet accord. Quitte à ce que chaque syndicat explique le pourquoi du comment de leur position par la suite aux employés. La dialectique étant ce qu'elle est et les syndicats y étant particulièrement rodés, tout allait pour le mieux sauf cas particulier ( la CFDT et les retraites) dans le landerneaux des négociations syndicales.

C'est pourquoi l'invention par Monsieur Fillon du droit d'opposition qui permet au(x) syndicat(s) majoritaire(s) en voix de faire opposition en justice contre un accord signé par des syndicats minoritaires m'était apparu comme une avancée(?) à tout le moins aventureuse. Premier exemple de cet effet, la signature d'un accord d'intéressement à la SNCF par des syndicats minoritaires qui a été attaqué et annulé en justice par la CGT, au grand dam du personnel qui, de mémoire, le lui a fait sentir aux élections suivantes. L'année suivante d'ailleurs l'accord d'intéressement fut finalement mis en place.Dans ce cas il ne s'agissait que d'un problème d'argent.

Par contre, là où ça me parait devenir plus grave c'est quand on parle de postes supprimés et de licenciement comme cela va se terminer malheureusement,- sans que nos médias ne s'en émeuvent vraiment-, dans l'usine de pneu de Goodyear à Amiens. Car la CGT, dans ce cas particulier, a fait jouer en justice son droit d'opposition pour s'opposer à l'accord d'établissement pour passer l'usine Goodyear en 4 X 8 ce qui permettait d'amortir les installations sur davantage de production et donc de rendre les productions de cette usine plus compétitives.

Malgré des négociations très longues et un accord par un vote favorable à 72pct, de 54 pct des salariés malgré des appels au boycott de la consultation par la CGT et SUD, la CGT a cru bon de faire valoir en justice son droit d'opposition. Le résultat en sera dès septembre le licenciement de 402 employés dans ce bras de fer dont on se demande à qui il peut bien profiter.Même en travaillant en 4X8, les pneus produits à Amiens restaient plus cher que ceux produits en Allemagne mais l'écart de compétitivité en était fortement réduit. Alors, sans ce changement d'organisation c'est l'avenir du site même, à terme, qui reste menacé

Les modifications à venir sur la représentativité des syndicats favoriseront les "gros "syndicats, c'est à dire la CGT d'abord, CFDT et FO au détriment des petits,CFTC,CGC et d'autres qui vont devoir se regrouper, ou disparaitre, pour résister à la CGT. Pourquoi cet intérêt à booster les "gros" syndicats ? Je crains que ce ne soit pour la raison idéologique que nos dirigeants et en particulier le Président de la Réublique, pensent que nous manquons de syndiqués etr de synbdiucats puissants pour assurer l'avançée économique du pays dans la paix sociale! D'où l'idée de pousser au syndicalisme d'une part en rendant représentatifs les nouveaux syndicats( et cest une bonne chose) et d'autre part de "financer" le dialogue social par des taxes supplémentaires qui viendront inévitablement gréver le prix de revient des produits français.

Pour avoir pratiqué ce dialogue social dans le privé et au niveau de l'usine ou de l'entreprise, je ne suis pas personnellement convaincu que nous manquions de dialogue social. Nous manquons peut être de dirigeants qui veulent dialoguer ou de syndicats qui comprennent mieux l'économie, mais je n'ai jamais vu de revendication sérieuse et fondée ne pas être mise en temps voulu sur la table quel que soit le nombre de salariés syndiqués.

Notre Président et son Ministre du travail devraient se souvenir qu'ils ne voient et ne discutent qu'avec les hauts dirigeants nationaux des syndicats, essentiellement avec des représentants des syndicats de la fonction publique qui n'ont rien à voir avec ceux de la base des entreprises privées. Monsieur Sarkozy pense peut être qu'il saura et pourra maitriser ses interlocuteurs actuels. Je doute que la maitrise de centaines de négociations à la base dans les établissements du secteur privé puisse se faire aussi facilement, une fois qu'il aura "fait bouger les lignes" de la manière dont il l'envisage. 

Ce qui, à mon sens, manque au syndicalisme Cégétiste et donc au syndicalisme français, c'est d'avoir fait son "coming out" politique et d'avoir accepté l'économie de marché comme l'ont toujours fait les syndicats allemands. Les évolutions en cours ne nous en rapprochent pas...

Utopie ou réalisme à l'allemande, l'avenir nous dira ce qu'il adviendra réellement du syndicalisme sarkozien

A suivre

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CaDerange
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