Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CaDerange
Archives
15 juin 2008

Voyager sans camions: Le rève!

Grace à la grève des routiers, j'ai pu traverser l'Espagne de la frontière française au fin fond de l'Andalousie sans rencontrer un  seul camion sur les routes espagnoles. Bien sur il a fallu un peu ruser pour éviter les deux bouchons au Nord et au Sud de Madrid mais à part ce petit blocage que l'on pouvait contourner en prenant l'autoroute ( avis préalable sur les panneaux pour le conseiller), le reste de la route a été un vrai plaisir sur le plan de l'intensité du traffic.

C'est dans une occasion comme celle là que l'on se rend compte de l'importance qu'a pris le transport routier dans l'approvisionnement de nos villes,usines et de toute la vie économique des pays. Rien de bien différent en France où il suffit de prendre l'autoroute A1 vers la Belgique et le nord de l'Europe pour se rendre compte que deux voies sur les trois disponibles sont  occupées par les camions. En gros donc la moitié du traffic autoroutier est du au transport de marchandises.

A noter les conséquences à longue distance d'un tel blocage de la vie économique. L'usine Peugeot de Mulhouse bloquée faute de transporteurs en provenance d'Espagne et une usine automobile allemande toute proche de l'être. Autre blocage, la zone la plus importante de production de primeurs et fruits d'Europe, les environs d'Alméria a du jeter une partie de sa production à la poubelle faute de camions pour l'évacuer. Et comme le train n'a ni la souplesse ni le cout pour remplacer le camionage, c'est à se demander comment nous ferons lorsque nous en serons arrivés au stade pas si éloigné de la pénurie de carburant. Sans compter qu'il n'y a guère qu'en France et grace au nucléaire que le transport ferroviaire peut se prévaloir d'être à base d'énergie renouvelable, (n'est ce pas Greenpeace?).

Autre question que cette grève pose. Dans un monde où j'avais cru que le transport routier s'était industrialisé avec de très gros transporteurs à 2/4000 camions chacun comme les Norbert d'Entressangle, Giraud et autres comment se fait ils que nous ayions autant de chauffeurs grévistes sur les routes? Car si les chauffeurs sont devenus des salariés de ces grands groupes, quel intérêt ont ils à se mettre en grève et bloquer les routes? Aurions nous par hasard comme cela semble être le cas chez les pécheurs, inventé cet hybride de salarié et de patron qui touche une paye de son patron mais paye une partie de son carburant sans avoir pouvoir pour négocier le prix de vente de ses transports? Il me semble en effet me souvenir d'un vocable pour les désigner, les tractionnaires.

Toute autre explication est plausible bien sur, manipulation par les gros transporteurs pour faire défendre leur cause, occasion trop belle pour les syndicats de faire augmenter les salaires des chauffeurs salariés, ou prédominance encore effective du petit transporteur/chauffeur. Le problème des chauffeurs de camions citerne de la Shell en Angleterre semble différent puisqu'il semble que, dans ce cas, nous parlions bien de salariés de Shell qui continuerait à posséder sa propre flotte de camions, une pratique abandonnée depuis longtemps par l'industrie pétrolière.

Si un lecteur à une explication sur l'organisation du transport routier, il est bienvenu à commenter.   

Publicité
Commentaires
R
Le sujet est inépuisable, quelques éléments :<br /> Ça dépend des axes évidemment et du moment dans la semaine, mais on considère généralement qu'en moyenne, les camions, c'est 10 à 15% du trafic autoroutier.<br /> Globalement, la très grande partie des entreprises sont très petites (75% d'entreprises de moins de 6 salariés, pour 20% des effectifs, chiffres 2006) avec pas mal d'entreprises sans salarié. Dans ces entreprises, le patron conduit aussi. Bref la distinction patron\salarié n'est pas toujours aussi tranchée que dans les autres secteurs.<br /> La sous-traitance (parfois en cascade) est également très développée, notamment du fait des grands groupes que vous citez. Cela permet notamment de réduire les trajets à vide, et ainsi de réduire les charges. De plus les petits n'ont en général pas les moyens d'avoir une politique commerciale propre, et dépendent des gros pour trouver de l'activité. Le problème, selon beaucoup d'observateurs, c'est que les petits (notamment s'ils sont leur propres patrons) ne respectent pas forcément la législation sociale, vu la pression sur les coûts à laquelle ils sont soumis.<br /> En France, c'est un petit syndicat de transporteurs du sud ouest, l'OTRE, qui a suscité pour l'instant l'essentiel des actions de blocage, avant la journée nationale de grève demain.<br /> Ainsi, les conflits entre organisations patronales (FNTR, UNOSTRA, TLF, OTRE...) doivent expliquer une partie des mouvement de blocages, la concurrence entre organisations pouvant pousser à multiplier les actions sur le terrain.<br /> Sur les oppositions entre les organisations, voir mon post : <br /> http://ecotransport.blog4ever.com/blog/lirarticle-142072-675222.html<br />
Z
Je ne parlerai que du cas que j'ai connu, GEFCO.<br /> J'ai été moi-même transporteur mais en véhicule léger, et j'ai été tenté à un moment, d'entrer dans le circuit de GEFCO. En fait, on est à la limite de la franchise.<br /> Pour pouvoir profiter des réseaux de transport de GEFCO en messagerie express, j'aurais du habiller mes camions aux logos de GEFCO, ainsi que respecter le cahier des charges en terme de délais d'acheminement, mise en souffrance, et en termes d'image. Mon entreprise restait bien entendu indépendante juridiquement, mais de l'extérieur elle aurait eu toutes les apparences de GEFCO.<br /> Sans doute y a-t-il dans les grands transporteurs routiers internationaux comme DENTRESSANGLE ou GIRAUD des franchisés.
CaDerange
Publicité
Publicité