Voyager sans camions: Le rève!
Grace à la grève des routiers, j'ai pu traverser l'Espagne de la frontière française au fin fond de l'Andalousie sans rencontrer un seul camion sur les routes espagnoles. Bien sur il a fallu un peu ruser pour éviter les deux bouchons au Nord et au Sud de Madrid mais à part ce petit blocage que l'on pouvait contourner en prenant l'autoroute ( avis préalable sur les panneaux pour le conseiller), le reste de la route a été un vrai plaisir sur le plan de l'intensité du traffic.
C'est dans une occasion comme celle là que l'on se rend compte de l'importance qu'a pris le transport routier dans l'approvisionnement de nos villes,usines et de toute la vie économique des pays. Rien de bien différent en France où il suffit de prendre l'autoroute A1 vers la Belgique et le nord de l'Europe pour se rendre compte que deux voies sur les trois disponibles sont occupées par les camions. En gros donc la moitié du traffic autoroutier est du au transport de marchandises.
A noter les conséquences à longue distance d'un tel blocage de la vie économique. L'usine Peugeot de Mulhouse bloquée faute de transporteurs en provenance d'Espagne et une usine automobile allemande toute proche de l'être. Autre blocage, la zone la plus importante de production de primeurs et fruits d'Europe, les environs d'Alméria a du jeter une partie de sa production à la poubelle faute de camions pour l'évacuer. Et comme le train n'a ni la souplesse ni le cout pour remplacer le camionage, c'est à se demander comment nous ferons lorsque nous en serons arrivés au stade pas si éloigné de la pénurie de carburant. Sans compter qu'il n'y a guère qu'en France et grace au nucléaire que le transport ferroviaire peut se prévaloir d'être à base d'énergie renouvelable, (n'est ce pas Greenpeace?).
Autre question que cette grève pose. Dans un monde où j'avais cru que le transport routier s'était industrialisé avec de très gros transporteurs à 2/4000 camions chacun comme les Norbert d'Entressangle, Giraud et autres comment se fait ils que nous ayions autant de chauffeurs grévistes sur les routes? Car si les chauffeurs sont devenus des salariés de ces grands groupes, quel intérêt ont ils à se mettre en grève et bloquer les routes? Aurions nous par hasard comme cela semble être le cas chez les pécheurs, inventé cet hybride de salarié et de patron qui touche une paye de son patron mais paye une partie de son carburant sans avoir pouvoir pour négocier le prix de vente de ses transports? Il me semble en effet me souvenir d'un vocable pour les désigner, les tractionnaires.
Toute autre explication est plausible bien sur, manipulation par les gros transporteurs pour faire défendre leur cause, occasion trop belle pour les syndicats de faire augmenter les salaires des chauffeurs salariés, ou prédominance encore effective du petit transporteur/chauffeur. Le problème des chauffeurs de camions citerne de la Shell en Angleterre semble différent puisqu'il semble que, dans ce cas, nous parlions bien de salariés de Shell qui continuerait à posséder sa propre flotte de camions, une pratique abandonnée depuis longtemps par l'industrie pétrolière.
Si un lecteur à une explication sur l'organisation du transport routier, il est bienvenu à commenter.