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CaDerange
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12 juin 2008

Recherche Publique/privée: des modes de fonctionnement différents...

Il se trouve que je participe à titre personnel à animer un groupe de recherche dans le cadre d'un pôle de compétitivité. Rappellons que le but de la création de ces pôles par le gouvernement De Villepin était de mettre en contact la recherche publique et les entreprises privées, en particulier les PME, pour que le savoir de la recherche fondamentale trouve des applications dans le privé. Et se rapprocher ainsi du modèle américain dont tout le monde reconnait l'efficacité pour transformer rapidement en un produit vendable, une idée de recherche.

Le groupe auquel je participe réunit des participants de la recherche fondamentale et quatre industriels de type PME bien équipés et dynamiques qui tout en travaillant dans le même domaine industriel, opérent dans des secteurs sans concurrence entre eux. Une condition sine qua non pour qu'un groupe de travail de ce type puisse fonctionner sans arrière pensées.

Le groupe fonctionne très bien en ce sens que les représentants de la Recherche "officielle" sont très bons et que les industriels sont performant et intéressés par le sujet de recherche.Il a donc été défini en un an et demi un programme de développement, des applications potentielles pratiques et des possibilités de mise au point de produits qui correspondent à des attentes du marché. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. YAPUKA!

C'est là que le bât commence à blesser. Première différence dans les méthodes de travail de la recherche fondamentale et du privé, la notion de "timing". Pour le privé, l'idée était que ce programme initié fin 2007 devait se traduire par un produit ou une amélioration de procédé concret fin 2008. Pour la recherche fondamentale le rythme moyen est au minimum bi annuel, une année pour définir le programme de recherche, une autre année pour faire les dossiers de financement, six mois pour attendre le résultat de l'examen de ces propositions, l'embauche des doctorants et post doctorants, etc. Au minimum donc  et dans une équipe dynamique et motivée, pas le moindre début de commencement de recherche avant deux ans au mieux. A condition bien sur que votre programme soit retenu sans coup férir a la première soumission.

Car les pôles de competitivité dont on aurait pu se douter qu'ils allaient immédiatement buter sur le problème de financement des programmes de recherche, ont été lancés par notre Etat impécunieux sans grand budget ni financement public. Vous me direz, pourquoi est ce au public de financer le privé. Sans doute mais c'était quand même l'initiative de l'Etat de vouloir valoriser le savoir de la recherche fondamentale publique et de vouloir dynamiser les PME plutôt que les grands groupes. S'il ne doit rien avoir au bout que projets avortés et perte de temps, ce n'est pas le meilleur moyen de rendre ces pôles de competitivité attractifs. C'est même assurer leur mort à terme ou devoir en réserver les faveurs aux grands groupes...

Le premier moyen de financer la dite recherche, c'est de présenter un dossier à l'ANR, Agence nationale de la Recherche. Un dossier relativement compliqué à fournir, un processus et des mots clés à connaitre pour que le projet puisse intéresser le jury, un seul examen par an(!!!) et un jugement sur l'intéret du programme par un expert en recherche fondamentale sur la base de l'originalité du dossier et de l'intéret fondamental des découvertes éventuelles.

Dans notre cas il s'agissait de l'adaptation d'un procédé de fabrication connu et utilisé dans d'autres applications à de nouveaux matériaux et applications.Un  développement susceptible effectivement de se traduire par des produits nouveaux et des marché nouveaux mais rien qui ne va révolutionner la manière dont les electrons tournent autour de l'atome.Le projet et la demande de budget a été déposé. On attend une réponse pour cet été

Deuxième source de financement Oseo, l'ex Anvar qui est bien censé lui financer l'innovation privé. le dossier est infiniment plus complexe à monter, le financement est sous forme d'avance remboursable et on aura une réponse relativement rapide.Bref ca prendra quand même 3/4 mois après quoi il faudra trouver le doctorant et le technicien de laboratoire qui ont été jugé nécessaire pour conduire le programme...

Quand on demande aux participants de la recherche comment ils font pour financer leur travaux, ils vous disent qu'ils passent leur temps à faire des dossiers pour trouver des budgets, qu'il fonctionnent avec des financements multiples ,ANR ,Région Département et qu'effectivement il n'y a pas d'autorité globale qui ait le pouvoir décisionnel en matière financière...

Après ce tour de table décourageant, il a été demandé aux quatre industriels présent si, en fonction de l'intéret du programme pour eux, ils étaient prêt à donner leur OK immédiat à la Recherche pour qu'elle entame la recherche du doctorant et du technicien pour pouvoir démarrer le programme de recherche à la rentrée de septembre.L'implication etant qu'en cas de refus des financeurs éventuels dans l'année à venir, ce serait leurs sociétés qui prendrait en charge en totalité le financement du programme. Réponse immédiate et unanime:On y va. Dommage que l'expert fondamentaliste de l'ANR n'ait pas pu voir ce bel enthousiasme qui l'aurait conforté sur l'intérêt( en recherche appliquée) de ce programme

A suivre donc. Mais ce n'est pas à ce rythme que nous battrons les américains.

NB Un Grand Bravo à tous ceux qui participent à ce groupe de travail, Chercheurs et Industriels, dont l'efficacité, le respect de dates et la bonne entente suscitent l'admiration.Oui on peut valoriser notre recherche fondamentale et trouver des passerelles Recherche/Industrie.! Mais il faut absolument qu'il y ait des systêmes de financement rapides et efficaces. Sinon le soufflet retombera

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CaDerange
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