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CaDerange
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6 février 2008

Climat: Bruxelles distribue les peines.

Ca y est. Après les engagements euphoriques de Lisbonne ou de mars dernier sur les réductions d'émissions de gaz à effet de serre, nous voici cette fois dans le vif du sujet, la repartition des efforts aux divers pays membres. Le moment où ça fait mal.

Un peu comme si nous en étions après un banquet et que la note finale tourne autour de la table en attendant que quelqu'un se décide à la prendre.Et comme la note est salée....Canalblog324

Voici ci contre le résultat final des tractations entre la Commission de Bruxelles et les différents pays de l'union Européenne pour arriver au résultat final qui est de diminuer les émissions de GES globales de l'ensemble des pays de l'Union de 20pct par rapport aux émissions de 1990, d'içi 2020 et de porter notre part d'énergie renouvelables dans la consommation d'énergie globale de l'Union à 20pct par rapport aux 8.5pct actuels.

Il a donc fallu répartir entre les différents pays l'effort global à accomplir en utilisant une logique de repartition acceptée par tous.Car dans une Union aux situations économiques et énergétiques très diverses, chaque pays a essayé de faire valoir ses spécificités pour...supporter le moins possible du fardeau global. La France a voulu que soit considéré dans son cas l'acquis, c'est à dire le fait que nous sommes le pays européen le moins émetteur de CO2 pour cause de notre structure de production d'electricité à 80 pct nucléaire.La Suède a argué du fait qu'elle en était déjà à 40 pct d'énergie renouvelable.L'Allemagne a voulu faire prendre en compte l'importance de son industrie chimique, Malte le fait qu'étant une petite île, elle ne pouvait couvrir ses cotes d'éoliennes, la Pologne qu'elle était en phase de rattrapage économique.

Décision finale prise par la Commission: la répartition des efforts se fera sur la base du Produit Intérieur Brut de chaque pays ajusté à la marge dans quelques cas particuliers. Le résultat en est çi dessus par rapport aux émissions de 2005.Vous voyez immédiatement, en comparant les objectifs de la France et de l'Allemagne, que notre acquis nucléaire ne nous a servi à rien. Malgré des émissions en valeur absolue très inférieures à celle de l'Allemagne, l'effort en pourcentage est identique pour les deux pays. En valeur absolue, il est néanmoins inférieur puisque nous émettions nettement moins.Vous noterez également que l'argument Polonais d'un pays en rattrapage économique à été accepté pour la Pologne elle même et la Bulgarie qui sont autorisées à augmenter leurs émissions. Mais bien sur ce sont les autres qui devront compenser pour cette autorisation à polluer accordée à ces deux pays.

Pour la part des énergies renouvelables à laquelle nous devons arriver pour notre consommation totale d'énergie, la France reçoit la part la plus élevée dans la distribution. La faute au fait que nous sommes en retard sur la mise en place des énergies éoliennes, du photovoltaïque ou des biocarburants et que nous n'avons la aussi pas réussi à faire prendre en compte le rôle des "énergies non carbonées" ( en clair le nucléaire) dans notre bouquet énergétique. Et ce malgré la montée au creneau de Notre Président sur le sujet.

Ces efforts devront être approuvés par les pays membres, leurs ministres et votés par le Parlement Européen ce qui laisse des possibilités de modification. mais ne nous leurrons pas dans une négociation aussi délicate entre 27 pays aux intérets très différents, la proposition de la Commission représente un compromis moyen qu'il sera difficile de faire bouger autrement qu'à la marge. Autre élement important dans le processus d'approbation définitif de ce plan, ce sera la France qui, en assurant la Présidence de l'Union fin 2008, sera chargé de faire voter et accepter ces recommendations. Enfin toujours sur le timing,il est prévu une conférence internationale à Poznan en Pologne en 2008 puis au Danemark en 2009  sur la définition d'un Kyoto II éventuel.Les Nations Unies ont pour objectif de boucler les négociations pour fin 2009 alors que nous aurons des élections européennes également en juin 2009. La "fenêtre de tir", comme on dit  est donc très limité ce qui laissera d'autant moins de temps à des modifications éventuelles.

Enfin le cout total de ces mesures, qui viendra peser sur la compétitivité de nos industries, est estimé à 60 milliards d'euros(!) que le Président Barroso traduit d'une manière médiatiquement plus attractive par 3 euros par personne.

Comme vous le savez, ces chiffres globaux se déclinent en un grand nombre de mesures et de conséquences. Rendez vous dans des messages ultérieurs pour entrer plus dans le détail.

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Commentaires
R
60 milliards divisés par 400 millions d'habitants à peu près, même étalés sur 15 ans, ça ferait plutôt quelque chose comme 10€ par habitant et par an. Peut-être Baroso actualise?
CaDerange
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