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CaDerange
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22 décembre 2007

Consommation des voitures: Ca matraque partout...

Décidement, il ne fait pas bon être dans l'industrie automobile de nos jours. La traque aux grosses voitures, les plus rentables, s'intensifie partout dans le monde via la baisse des consommations et/ou des émissions de CO2.

Les Etats Unis, dont nous jugeons de manière sans doute un peu simpliste qu'ils ne font rien contre le réchauffement climatique parce qu'ils n'ont pas voulu signer Kyoto(ils persistent et signent encore à Bali), viennent de voter néanmoins au congrès une loi qui fixe des normes sur la consommation automobile moyenne, la CAFE ou Corporate Average Fuel Economy, que les constructeurs devront respecter pour la gamme des véhicules qu'ils commercialiseront dans l'avenir. Et cette norme prevoit que les consommations moyennes devront baisser de 40pct d'içi à 2020 avec un objectif de 6.7l/100km contre 8.6 actuellement. Ce qui, admettons le, constitue un défit difficile à atteindre pour la gamme de véhicules qu'aiment les consommateurs américains.

En plus la loi fixe un objectif de consommation de biocarburants de 136 millions de M3 d'içi à 2022 alors qu'actuellement, et tout en étant en avance par rapport à l'Europe, ils n'en utilisent que 22 millions.Soit multiplier l'utilisation des biocarburants par 6 en 15 ans. Par contre pour éviter l'explosion des surfaces cultivées et des prix des céréales pour l'alimentation,il est prevu que les 2/3 de ces volumes(90 millions de M3) proviennent de végétaux non alimentaires, déchets agricoles, biomasse et cellulose.

Coté européen, la guerre sourde se poursuit depuis des mois entre constructeurs allemands, producteurs de grosses voitures et émetteurs en moyenne de 173 g de CO2 et les constructeurs latins( français et italiens) producteurs de petites voitures avec 145 g de CO2 en moyenne. Au point que Manuel Barrosso avait lui même repris le dossier en main. Le verdict vient de tomber.Des réductions ambitieuses mais à mi chemin des souhaits de l'industrie allemande qui voulait des réductions par grande classe de voitures pour protéger leurs productions haut de gamme et de ceux de l'industrie latine qui voulait les mêmes consommations moyennes par constructeurs quel que soit la gamme de véhicules de ces constructeurs.La variable utilisée pour distinguer les types de voitures redevables de telle ou telle consommation minimum sera le poids de ces voitures pour inciter les constructeurs soit à descendre en taille et poids soit à alléger leurs véhicules par utilisation d'alliages spéciaux par exemple, de plus de plastiques ou de moins de verre très lourd, soit encore à lancer des gammes de voitures plus petites pour les constructeurs de grosses berlines et 4X4.. Une voiture qui émet 185 g de CO2 devra descendre à 140 grammes alors qu'une petite voiture qui émet 145 grammes devra descendre à 130. Lequel de ces deux challenges sera le plus difficile à satisfaire, je ne sais.

Globalement, tous les constructeurs devront respecter sur toute leur gamme les 130g/km dès 2012. 

On peut se demander néanmoins s'il n'y aura pas des effets pervers à ce type de règlementation, comme ceux qui avaient suivi l'impot célèbre sur les fénètres, du genre carrosserie tout aluminium, un métal qui exige beaucoup plus d'énergie pour le fabriquer, ou tout plastique, ou encore une dégradation de la visibilité du fait de vitres réduites en taille.A suivre dans la pratique.

Enfin il est prévu pour la première fois que les constructurs qui ne pourront pas satisfaire leurs obligations seront pénalisés financièrement. Ils devront ainsi payer 20 euros par voiture immatriculée pour chaque gramme de CO2par km émis au dessus de la norme en 2012, 60 en 2014 et 95 en 2015.Un exemple: si vous immatriculez en Europe 250 000 voitures qui émettent 140g de CO2 par kilomètre alors que la norme pour ce type de véhicule n'est que de 130g/km vous devrez payer( à qui?) en 2012, 50 millions d'euros et en 2015, 240 millions d'euros.Pour toute l'industrie on parle de plusieurs milliards d'euros! Autant dire que cela aura un impact considérable sur leurs résultats.

L'association des constructeurs européens(ACEA) a déjà réagie en attaquant violemment le projet dont ils estiment les avantages environnementaux tout à fait disproportionnés par rapport au surcout occasionné.Pour réduire les emissions d'une tonne de CO2, il en coutera dans l'industrie automobile 500 euros alors que pour une réduction équivalente dans le batiments ancien il suffirait en effet de 10 euros! Il parait peu vraisemblable par ailleurs qu'ils puissent transférer ces surcouts ,que la Commission européenne estime à  1300 euros par véhicule en moyenne, au client final, même si ce dernier est censé s'y retrouver  et au delà en consommation de carburant. Comme certains véhicules, les plus petits, sont vendus à marge faibles, de l'ordre de 200 euros par voiture, ils ne pourront s'y retrouver que s'ils diminuent drastiquement leurs couts de fabrication. Vous avez compris la menace, cela risque d'entrainer une délocalisation massive des productions de petites voitures vers les pays à bas cout de main d'oeuvre Roumanie, Tchéquie etc.

Angela Merkel, qui defend son industrie, s'est également déclaré violemment opposée à cette règlementation," jugeant le texte totalement inapproprié, déséquilibré, menaçant les emplois et empéchant l'innovation sans être pour autant efficace pour la protection du climat ". Cest dire que la bataille ne fait que commencer et qu'elle sera violente.

Il est vrai que tant qu'il s'agit de parler doctement de mesures théoriques, on peut trouver des accords de circonstances entre les divers protagonistes de la saga du réchauffement climatique. Par contre, dès que l'on rentre dans des mesures qui impactent directement la vie de tous les jours des gens et surtout leur emploi et leur niveau de vie, nos politiques deviennent - et c'est heureux- plus prudents...

A suivre

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CaDerange
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