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CaDerange
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17 décembre 2007

Livret A/Jeux: On arrête les batailles perdues d'avance?

Régulièrement, je vous informe des batailles à la Don Quichotte que les gouvernements français engagent contre la Commission Européenne au mepris des traités qu'eux mêmes ou leurs prédécesseurs ont signés. C'est ce qu'on appelle l'exception française qui, dans l'esprit de nos politiques, doit avoir un aspect positif au yeux du peuple français(Positif=suceptible de vous apporter des vôtes aux élections) et qui généralement agace nos partenaires car leur résolution est très consommatrice de temps pour un résultat parfois dérisoire. C'est ce qu'on appelle le "gallic spirit", l'esprit gaulois, encore magnifié par le personnage d'Asterix.

Si vous suivez ce blog vous en connaissez deux exemples qui agitent les services de l'Etat depuis des mois, celui du fameux Livret A, le livret de Caisse d'Epargne qu'on offrait à la naissance à un nouveau né et qui le suivait jusqu'à sa mort et le monopole des jeux, cher à la Fançaise des Jeux, au PMU et à l'Etat qui en engrange les confortables bénéfices. Les deux ne cadrent pas avec la "concurrence non biaisée" des traités européens, encore réaffirmée dans le minitraité de Lisbonne. Comment en effet dans un espace économique à 27 avec totale liberté de circulation penser que sur une petite partie du territoire de l'Europe pourrait subsister un monopole anti concurrentiel? Nos dirigeants l'ont pensé possible puisque nous nous battons à grand frais contre la Commission européenne depuis 2 à 4 ans suivants les cas .

Sur le livret A vous connaissez l'histoire. Ce monopole de la Poste et de la Caisse d'Epargne,permet d'attirer la clientèle et de la fidéliser dans les établissements de la Poste et des Caisses d'Epargne. Pour pouvoir maintenir des bureaux de postes dont le trafic courrier ne le justifierait pas, dans des petites villes et villages, le gouvernement d'alors a décidé de créer la Banque Postale ce qui, en soit, est une bonne idée mais qui par contre rentre en confrontation commerciale frontale avec les autres banques.Dans ce contexte, l'avantage de cet outil de fidélisation extraordinaire qu'est le livret A, fausse, bien entendu, la concurrence.

D'où plaintes des banques devant la Commission Européenne suivie d'une défense forçenée du gouvernement français pour éviter l'inévitable. Le tout se termina par une condamnation en mai de la France par la Commission Européenne  et une obligation à permettre la commercialisation du Livret A par toutes les banques.Obstinément la France a fait appel de cette condamnation tout en confiant néanmoins une mission à Monsieur Camdessus, ex Directeur de la Banque de France et de la Banque Mondiale(je crois), pour voir si et comment nous pourrions nous en accommoder quand même. Lequel a finalement trouvé quelques avantages à la généralisation du livret A en terme de diminution des frais de collectes de cet outil financier et même d'amélioration du financement du logement social auquel les fonds du livret A étaient destinés !

Finalemement la messe est dite. Nicolas Sarkozy,intelligemment face aux évidences, vient de se prononcer pour la banalisation du Livret A. La Banque Postale et les Caisses d'Epargne vont y laisser quelques plumes puisqu'elles recevront moins d'argent pour la gestion du livret et de sa collecte. Le logement social y gagnera un peu plus d'argent et vous,contribuables, arreterez de gaspiller en frais d'avocats, de mission,et de temps de notre haute administration...

Autre exemple, le fameux monopole des jeux qui, à l'époque d'Internet,est battu en brêche par des sociétés de paris implantées à Malte, en Autriche ou en Grande Bretagne. Branle bas de combat chez la Française des Jeux et le PMU avec actions en justice multiples contre ces sociétés et leur présidents qui sont allés jusqu'à la commission rogatoire internationale et la saisie physique du PDG d'une de ces sociétés à Amsterdam par la police hollandaise à l'occasion d'un voyage de ce dernier dans cette ville.

Dans une de ces affaires, la Cour d'Appel de Versailles vient de trancher en décidant de suspendre les poursuites contre le patron du site mrbookmaker.com en recommendant de questionner la Cour de Justice des Communautés Européennes. La Cour d'Appel, par un tel jugement, reconnait la primauté du droit européen sur le droit français,- ce qui n'est pas nouveau-,et constate surtout que notre droit n'est pas en ligne avec le droit européen. Ce qui n'est guère étonnant quand on sait la réputation que nous avons pour notre lenteur à transcrire en droit français les directives européennes.

Entre temps, bien sur, la France a été rappellée à l'ordre par la Commission Européenne pour "entrave à la libre prestation des services de paris sportifs " et avait du envoyer une équipe de hauts fonctionnaires et le Ministre du Budget lui même pour se justifier et surtout discuter de l'évolution de notre législation. Une sorte de capitalisation en rase camapgne que cette convocation à Bruxelles.

L'avenir dira ce qu'il adviendra de ce monopole. Si je vous signale ces deux exemples,c'est pour vous montrer l'incroyable gaspillage de temps et d'argent que suscite cette attitude assez systématiquement négative à la nouveauté qui existe en France. J'ai été moi même comme cela dans ma vie professionnelle face à des interlocuteurs d'autres nationalités jusqu'à ce que je constate les effets négatifs de cette atitude dans la perception que les autres nations ont des français. La première attitude des français dans une réunion où on leur présente des méthodes, des orientations ou des manières de faire nouvelles est de se mettre en valeur en trouvant la faille dans la proposition ou méthode qui leur est présentée. L'attitude anglosaxonne ,- tout a fait semblable néanmoins sur le fond-, est au contraire de reconnaitre les mérites de cette méthode ou approche nouvelle avant de passer( le fameux However) à une critique toujours "douce" du projet. Le résultat en est souvent moins efficace que l'approche à la hussarde française mais beaucoup plus facilement acceptée par les autres.

Cette attitude est culturelle et plonge ses racines dans la glorieuse histoire de la France et la période où elle a dominé le monde ainsi que dans notre religion du cartésianisme.Les choses ont changé, hélas, et nous ne sommes plus dans la position de pouvoir dicter notre manière de pensée à un monde économiquement aussi, voire plus, fort que nous. Espérons que nous saurons évoluer dans le sens d'une plus grande compréhension des autres. Notre acceptation par eux ne pourra qu'en sortir renforçée.

Incidemment, notre président, dans sa personalité, est tout à fait représentatif de cette attitude " à la Astérix" bien qu'issu de l'immigration. On peut aimer ou ne pas aimer, en tous cas, c'est un exemple d'intégration réussie!!

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Commentaires
D
Le livret A ne sert pas qu'à financer les actions sociales et territoriales de certains réseaux bancaires... Il sert aussi et surtout à financer le logement social ! Sa remise en cause peut déstabiliser la construction et la gestion Hlm...<br /> <br /> Signez la pétition pour la défense du livret A :<br /> <br /> http://www.defendonslelogementsocial.fr
CaDerange
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