La montée des protectionismes

Le principe de base de l'économie de marché est que la croissance des marchés et de la consommation permettent à toutes les économies individuelles de se dévélopper globalement et de compenser par des créations nouvelles d'emplois les disparitions d'emplois qui résultent de l'émergence des nouveaux concurrents, de la croissance de certains et de la disparition d'autres et de l'apparition de nouvelles techniques. Ca a marché comme cela depuis plus de 50ans, au profit des plus dynamiques sans doute, mais de manière socialement acceptable néanmoins par ceux qui l'étaient moins. Ca a même permis d'admettre dans le cercle des grands pays développés, le Japon et la Corée du Sud et de conforter par la même cette économie de marché comme le moins mauvais système économique. Le tout sur fond d'écroulement du seul système concurrent, celui des économies communistes administrées.

Depuis quelque temps, ce bel enthousiasme pour l'économie de marché craque un peu de çi de là sous les coups de boutoir des industries émergentes de la Chine, de l'Inde et de quelques autres pays moins importants. La raison en est l'importance considérable en taille de ces nouvelles économies, leur avantage compétitif considérable en terme de prix de revient du fait de leur faible niveau de vie, la rapidité avec laquelle ces économies se sont eveillées brutalement et l'exhaustivité des domaines dans lesquells elles ont su s'implanter. On s'est ainsi aperçu que "l'usine du monde" comme on designait la Chine, tendait maintenant à rajouter à ses compétences de fabriquant low cost, celle de spécialiste de R&D de plus en plus exhaustive et mondialisée.

Bref, l'expérience montre qu'absorber un nouveau venu de taille moyenne dans un laps de temps raisonable dans le jeu économique des grands pays industrialisés comme ce fut le cas du Japon,c'etait possible. Par contre, en absorber deux ou trois qui représentent 20 pct de la population mondiale en un temps record, avec une gamme très étendue des produits commercialisés et en plus en gardant le controle des taux de change faisait craquer le système.Au point que partout dans les pays industrialisés on voir émerger la peur de la concurrence et les inquiétudes des populations pour leur emploi et celui de leurs enfants.

Les tenants de la mondialisation font ressortir que l'effet positif de cette mondialisation a été de faire sortir de la pauvreté en Chine, en Inde, au Brésil ou ailleurs de l'ordre de 700 ou 800 millions de personnes, ce qui est effectivement un résultat remarquable. Alors que les systèmes d'assistance humanitaire que les pays industrialisés pratiquaient n'ont jamais réussi a produire des résultats comparables.

Ce résultat, hélas, n'arrivera pas à convaincre ceux qui en subissent les conséquences dans les pays industrialisés de la performance de l'économie de marché en terme de richesse globale du monde. C'est ainsi que petit à petit le protectionisme fait son grand retour. Sous des vocables différents,comme la patriotisme économique en France, et sous des formes multiples d'ordre régulatoire et législatifs pour tenter de maitriser les effets de la mondialisation.

Même les Etats Unis qui ont toujours été les grands supporters de libéralisme le plus débridé, prennent des positions en pointe pour s'assurer que les règles dans cette dure compétition industrielle sont les même pour tous, avec l'absence de Dumping, de subventions ou encore de manipulation du cours de la monnaie. L'Europe à l'image du Commissaire Peter Mandelson est du genre mollasson, les tentatives de régulation de la concurrence des pays émergents étant plutôt au niveau des pays membres individuels.

Il se trouve que nous sommes en précampagne électorale aux Etats Unis et d'ores et déjà, le thème du protectionisme s'annonce comme celui de ses prochaines élections.Les deux candidats démocrates, Hillary Clinton et Barack Obama, se sont déjà prononcés en faveur de sanctions économiques contre les pays suspectés de "manipuler leur monnaie". et demandent l'institution de sutaxes antidumping.Des mesures de ce type ont d'ailleurs déjà été prise par le Département du Commerce contre le papier glacé chinois pour cause de subventions trop importantes et le Congrès va soumettre à la signature de GWBush un texte de loi pour sévériser les conditions de prise de controle par des étrangers de sociétés américaines.

Les Etats Unis ont également saisi l'OMC pour tenter de maitriser le piratage de film et de DVD. Enfin les scandales suscités par des produits alimentaires d'importation chinois suscitent un phénomène de rejet des produits chinois.

Les républicains sont en situation plus difficile dans cett situation du fait qu'ils sont les " sortants" et donc considérés comme responsables de la situation. Force donc est pour eux de soutenir que les effets négatifs qu'auraient une poussée de protectionnisme sont bien supérieurs aux effets positifs de la croissance économique  et qu'il vaut mieux compter sur le dialogue pour corriger la situation.

Une chose est sure, les populations, en Europe et en France en particulier, seraient favorables à une plus grande maitrise de la concurrence débridée à laquelle nous assistons.

Un thème qui risque d'être central dans la campagne américaine

Comments

[Gerboise]

Les Etats Unis, s'ils ont officiellement toujours été les grands supporters du libéralisme le plus débridé, l'ont, dans les faits, été dans - et uniquement dans - les secteurs où leur domination était certaine et où l'application du libéralisme ne pouvait que conforter leur position dominante, au détriment des autres pays du globe.
En revanche, dans les secteurs où leur propre économie pouvait être menacée, ils ont toujours fait preuve de protectionnisme déguisé, inventant ici des règles particulières, imposant là des spécifications dont le but n'était autre qu de ralentir, voir d'interdire l'accès des produits concurrents à leur marché intérieur.

En somme, la position "nouvelle" des candidats démocrates ne fait que lever l'hypocrisie règnante en officialisant ce que fait leur pays , depuis toujours, sous le manteau...